Gueule de con, voix de merde, rimes lamentables, qu’il est aisé de détester Benjamin BIOLAY. C’est que ça fait du bien, de détester, plus que d’aimer peut-être.

Sur ce, commençons le caillassage du cru 2009.

Encore plus facile de le détruire cet album, vu qu’il a été récompensé aux Victoires de la Musique (haha), que c’est un double (hoho), et que Benjamin BIOLAY est devenu « people » (hihi), depuis sa relation avec Laura SMET (là ok ça calme). Et je ne vous parle même pas de la polémique liée au sommet de la pyramide de France.

Sauf que, bande de petits malins, la première chose que vous avez regardée en cliquant sur la chronique, ce sont les cinq étoiles rouge écarlate. Ce double mériterait alors le détour ? Mais oui mais oui il vaut le détour. Tout d'abord, comme à son habitude, le chevelu débonnaire (rires) nous gratifie d’un recueil de chansons variées et recherchées. Cet homme a de l’ambition et quand on a dit ça on a tout dit : voilà bien une qualité qui fait défaut à 90% de la production affiliée « chansons françaises » actuelle. Une petite pensée pour Renan LUCE et BENABAR.

BIOLAY coupe l’herbe sous les pieds de ses détracteurs en se donnant volontairement le bâton pour se faire battre. Il intitule son album avec un trait de caractère qu’on lui reproche souvent. Titre d’album pédant, en plus. Et puis les double albums, ça renifle forcément la prétention. L’entrée en matière (« La Superbe ») se veut effectivement grandiosiloquente. Des cordes clament déjà la victoire de Benji sur l’auditeur au bout de trois secondes, ce disque il va tout tuer mon grand.

Comme à son habitude BIOLAY varie énormément ses ambiances, naviguant entre titres presque jazz (l’ennuyeux « La Toxicomanie »), pop franglaise (« Si Tu suis Mon Regard », « L'Espoir fait vivre », « Prenons Le Large », check my refrain), bossa nova (« Tu Es Mon Amour », « Raté »), hip hop (l’ascensionnel « Miss Catastrophe ») ou encore new wave (« Assez Parlé De Moi »). Tous les instruments y passent ! La dernière chanson du disque 1 est, elle, non pas chantée, mais lue en duo avec Jeanne CHERHAL. Une lecture alternée de post it posés sur le frigo Brandt, chroniqueurs d’une histoire d’amour racontée de sa genèse à sa conclusion. Un des titres les plus marquants, génialement écrit, touchant fatalement tous ceux qui ont été amoureux un jour. Quand je vous parlais d’ambition…

Il est dommage que certaines oreilles se détournent de Benjamin BIOLAY uniquement à cause de cette voix sourde, probablement peu technique, en tout cas atypique. Surtout que la voix a élargi son spectre en 2009. De toute façon, il faut envisager l’artiste plus comme un interprète que comme un chanteur. Interprète mais aussi formidable compositeur et auteur. S’il reste globalement mélancolique, comme en témoigne le superbe « Mélancolique » (Mélancolique et ailleurs/ Mélancolique et alors ?), La Superbe est un album à la poésie plus lumineuse que les sombres Trash Yéyé et A L’Origine, avec au moins deux morceaux qui ne finissent pas mal… Ce n’est pas un album concept, mais certains liens sont tissés entre des chansons : « La Superbe » commence par les mêmes paroles qui closent « 15 Septembre » (boucle bouclée) lui-même faisant écho à « 15 août ». On retrouve aussi un diptyque urbain « Buenos Aires » et « Lyon Presqu’île ». Ces liens rendent l’œuvre d’autant plus aboutie.

Un excellent choix pour attaquer la discographie méritante de l’homme à la tête de chou. Ah non c’est pas lui. Peu importe, BIOLAY c’est du bon, mangez-en.