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2002 P.H. Test/Two
2009 Tilt
 

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Le PEUPLE DE L'HERBE - Tilt (2009)
Par DARK PANDA le 2 Septembre 2010          Consultée 3102 fois

Le PEUPLE DE L'HERBE est de nouveau - presque - joyeux ! Une information d'ampleur, lorsqu'on sait qu'il nous avait gratifié en 2007 d'un concept album, Radio Blood Money, à la musique et aux paroles noires comme de l'encre, sorte de bande-son apocalyptique tirée d'un monde post-nucléaire. Cette nouvelle galette, pour le coup, est bien plus lumineuse : si plusieurs morceaux poursuivent la veine "dark" annoncée par Radio Blood Money, la majorité des titres revient à l'optimisme des précédents opus et affiche la richesse sonore qu'a toujours su préserver Le Peuple. Des airs de trompettes omniprésents, donc, de belles nappes de synthétiseurs, des paroles rapées et un tapis de musique électronique qui recouvre tout, dans tous les sens.

Abstract hip-hop, acid jazz, rock, dub, drum'n bass, jungle, Le PEUPLE DE L'HERBE est tout ça à la fois. Depuis la révélation P.H. Test/two et son mélange des genres aussi subtil que jouissif, la bande originaire de Lyon n'a jamais quitté son éclectisme musical et continue à ravir les oreilles de sa folie créatrice, visiblement sans bornes. Pour autant, Tilt paraît plus épais qu'un P.H. test/two ou qu'un Cube. Moins aéré car dépositaire d'un son plus lourd, et plus solide car la volonté de cohérence voulue sur la galette détruit le dépaysement que provoquaient les précédents opus : ici, les morceaux ne sont plus aussi diversifiés les uns par rapport aux autres et jouissent d'une unité musicale toujours innovante, mais plus maîtrisée et donc moins surprenante. L'effet de surprise en moins, Tilt reste cependant brillant.

Rappelons-le, LE PEUPLE DE L'HERBE est traditionnellement très fort pour ses introductions : "Heart and Soul", première pièce, ne change pas la donne et séduit immédiatement : une mélodie électronique enivrante pour commencer, rejointe par une batterie percutante qui s'ébroue dans un bruitisme jazzy avant de poser un rythme férocement accrocheur. Duquel émerge sur le champ un air entêtant de trompette, celle du génial et virtuose N'Zeng. La suite du morceau illustre l'une des principales forces du groupe, à savoir sa capacité à réinventer sans cesse ce qu'il génère : pendant deux minutes, les instrumentistes explorent la musique qu'ils viennent d'installer, y déposant quelques notes de synthétiseur ou un bœuf inspiré de trompette. Propulsé qu'on est au sein de cette explosion captivante, la fin du titre arrive naturellement trop tôt. Déboule à sa suite "Brick by Brick", plus lourd et plus sombre, porté par le rap vénéneux de JC 001. La voix du chanteur et d'assourdissantes basses hantent le morceau, cette fois dépourvu de cuivre. Mais la trompette revient rapidement sur le titre suivant, "L'esprit d'une époque". L'absence de chant et sa légèreté rappellent l'introduction, mais la pièce va plus loin : sa trompette mélancolique, ses nappes de synthé épiques et sa construction bigarrée en font l'un des bijoux de l'album. Et comme LE PEUPLE DE L'HERBE n'est jamais rassasié, il fait encore mieux sur "Look up!" : tout y est, des paroles rageuses et véloces de JC 001 et de Sir Jean aux mélodies de cuivres discrètes mais jouissives, en passant par le traditionnel manteau électronique, au rythme dansant et envoûté. Le refrain, lui, est à classer au top 10 des meilleures créations du groupe : sa frénésie pousse immanquablement l'auditeur vers le déhanchement, voire la folie pure et simple.

Mais comme Le Peuple est, aussi, toujours là où on ne l'attend pas, il fait succéder à cet hymne énervé le premier morceau véritablement "dark" de l'album : "Pretty bad Drug", au nom d'ailleurs évocateur, ressemble à un bad trip abyssal, mélange de drum'n bass et de jungle, rapide et maladif, où seule la trompette - encore elle - semble apporter un tant soit peu de lumière. "Match Box", nouvelle instrumentale, reste ancrée dans cet univers obscur, ajoutant à la torpeur électronique d'éphémères airs de violons et, au milieu du morceau, une mélodie au clavier qui termine finalement le titre d'une manière plutôt savoureuse. "Supabreakin'", la pièce suivante, revient à un style plus éclairé à travers les nombreux crescendo de la trompette, la voix certes gutturale mais fluide de JC 001 et les sonorités délicieusement nonchalantes d'une guitare basse. Mais Le Peuple tient décidément à ses excursions musicales teintées de ténèbres : "Swamp", titre le plus noir de la galette, hypnotise ensuite par ses froides nappes électroniques et un rythme presque disco, noyé dans une ardente terreur.

On souffle un peu grâce au morceau suivant, "Get Stronger", sorte de tube rock porté par une guitare électrique virulente et le hip-hop haché de Sir Jean. Dans la veine de "Look Up", la pièce n'égale pas sa consœur mais déploie un rythme tout aussi effréné, chargé d'électronique et entraîné par une batterie joyeusement emballée. Et comme il n'y aurait pas d'albums du Peuple sans interlude, la piste suivante intitulée "Green Card" en offre un très drôle : une réflexion sur la couleur verte, semble-t-il samplée, y est rejointe par un bruissement synthétique envoûtant, avant que l'auditeur ne soit invité à se détendre par la voix presque effrayante d'un genre de steward de film d'horreur. De fait, "Nightmare", l'oeuvre qui succède à l'interlude, jouit d'un double sentiment musical : ses airs de trompette apaisent, au contraire de la mélodie dissonante qu'insuffle à plusieurs reprises un clavier au son cristallin. Il n'empêche, le morceau est d'une beauté certaine et rejoint les autres perles de Tilt, grâce à l'onirisme délicat qu'il propose. "Back against the Wall", avant-dernier morceau du disque, renoue quant à lui avec un abstract hip-hop des plus déchaînés : des claviers au son dénaturé, proches d'un orgue, se déversent en rythme sur les paroles toujours furieuses des deux vocalistes du Peuple, JC 001 et Sir Jean. La pièce prend de l'ampleur durant quelques minutes avant de basculer sur quelques notes profondes et solitaires, celles d'une guitare basse. La musique reprend rapidement ses droits sur le tempo ainsi créé et pousse voix et instruments au bout de la folie. Après la fin soudaine du morceau, l'album se clôt sur l'instrumentale "Catch up", non moins énergique : sa rythmique obsédante n'est que rarement atténuée par les apparitions éclair de la trompette, et fait tournicoter les méninges jusqu'à l'épuisement, avant de s'éteindre sur un improbable "Adios" lâché comme par lassitude. Dans un dernier pied de nez, un amalgame de voix s'adresse directement à l'auditeur, le salue... et l'invite à rejoindre le groupe sur scène. Parce que le voyage que propose Le Peuple n'est, bien sûr, jamais terminé.

Une nouvelle fois, LE PEUPLE DE L'HERBE réussit donc son pari. A travers la création géniale d'ambiances, mystérieuses ("Swamp", "Nightmare") ou joviales ("L'esprit d'une époque", "Look up"), il poursuit sa quête musicale emplie de diversité (de l'instrumentale jazzy "Heart and Soul" au virulent rap électro de "Brick by Brick", en passant par le drum'n bass de "pretty bad drug"). Les instrumentales sont, comme d'habitude, très soignées et les paroles parfois engagées, à l'image du refrain drôle et acerbe de "Look up" : "look up look up, they know where you been, look up look up, they know what you seen, look up look up, they know your routine". Dernier point d'importance, les Français n'ont pas oublié l'humour qui caractérise chacun de leurs albums : la langue de Molière parcoure Tilt à travers des bribes de dialogues délicieusement incohérentes et toujours aussi désopilantes.
Alors quoi, la galette ne mérite pas la note maximale ? Eh bien... non. Parce qu'en vérité, l'unité musicale trouvée par Le Peuple est presque étouffante. Alors que les titres de P.H. Test/Two ou de Cube s'aéraient entre eux, ceux de Tilt, tout comme sur Radio Blood Money, semblent se gorger les uns des autres et forment, au final, un album qui aurait peut-être mérité plus d'espace. Il s'écoute d'un bout à l'autre, mais avec moins de facilité. Ce n'est cependant pas bien grave, car préférer zapper dans Tilt ne veut pas dire zapper des morceaux : cela ne saurait vous arriver, puisqu'ils sont tous gorgés de la même virtuosité.

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P.h. Test/two (2002)
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   DARK PANDA

 
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- N'zeng (trompette, claviers, programmation)
- Pee (scratchs, synthé, programmation)
- Psychostick (batterie, programmation)
- Spagg (basse, programmation)
- Jc 001 (chant)
- Sir Jean (chant)


1. Heart And Soul
2. Brick By Brick
3. L'esprit D'une Epoque
4. Look Up !
5. Pretty Bad Drug
6. Matchbox
7. Supabreakin'
8. Swamp
9. Get Stronger
10. Green Card
11. Nightmare
12. Back Against The Wall
13. Catch Up



             



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