James MURPHY ? LCD SOUNDSYSTEM ? N’y a-t-il pas des groupes plus urgents à chroniquer ? Il faut croire que non. A mon grand étonnement, notre ami James arrive à réjouir encore pas mal de monde avec ce très attendu 3ème album.

Pourtant LCD s’est toujours contenté de remettre au goût du jour une vieille formule apparue au début des années 80. Mais si ce phénomène du revival est facilement critiquable, il semble difficile de trop taper sur un groupe qui nous aura pondu un premier album de folie. La rencontre du disco, du post punk, du garage rock et de la house music. GANG OF FOUR ressuscité avec les technologies modernes de notre époque. Une implacable usine à tube bourrée à craquer d’hymnes imparables. Je peux vous assurer sans la moindre hésitation que le buzz était justifié en 2005.

Mais qu’en est-il du reste de la discographique du new-yorkais ? James MURPHY a commis une grossière erreur. Celle de donner un successeur à ce premier album éponyme, ou devrais-je dire, d’être resté sur ses anciennes idées et de nous offrir qu’un simple clone.

The Sound of Silver n’était pas un mauvais disque, loin de là, mais la fraîcheur des débuts y était complètement absente. Mais surtout le mélange des genres qui avait fait le succès du groupe s’était évaporé pour une mixture électronique vaguement rock, vaguement pop. Quelque chose de plus identifiable et qui rentre dans le moule.

Les déçus de cette nouvelle orientation seront indifférents à cette nouvelle sortie, car This Is Happening n’est qu’un ersatz du précédent disque… Qui était lui-même une mauvaise copie du premier album. Il y a tout de même des réussites insolentes et quelques nouvelles idées. Comme ce premier morceau « Dance Yrself Clean » dont les inimitables vocaux hystériques de MURPHY nous mettent en transe. C’est la même chose pour « Pow Pow » avec une fin hallucinante grâce à ses chœurs disco possédés. Le reste n’est pas aussi bon. Pas vraiment mauvais, ni moyen, mais ce n’est en vérité que du revu, du rabâché et à moins d’être un néophyte de cette bande de rigolos, il est difficile de ne pas s’ennuyer. Voilà quelque chose d’ironique pour un album qui se voulait surtout dansant. Malheureusement, les titres s’allongent de manière indécente et le peu d’idées nouvelles dans chaque morceau rend l’écoute souvent pénible. Les sonorités restent aussi les mêmes, ce bon vieux son de clochette entendu mille fois (« You Wanted A Hit »), les claviers grandiloquents et je vous parlerais même pas des emprunts aux TALKING HEADS.

Et le post punk dans tout ça ? Il faut croire qu’il s’est perdu en route. Il y a bien le morceau rock « Drunk Girls », le premier single paru, qui s'en rapproche. Mais ce dernier se retrouve noyé parmi les morceaux les plus longs et apparaît comme une exception dans ce gros capharnaüm.

Si cette information est à prendre avec des pincettes, James MURPHY aurait déclaré que ce disque serait le dernier du groupe. Voilà un geste lucide qui nous épargnera d’autres disques aussi peu intéressants que celui-là. Chose étrange, l’album est assez peu privilégié dans les concerts de la troupe, ce qui explique peut-être pourquoi il paraît bien terne par rapport aux précédents.

Donc si vous souhaitez vraiment vous penchez sur LCD SOUNDSYSTEM, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Contentez-vous du premier double album qui occupera vos longues soirées d’hiver, le reste n’étant que très anecdotique.