L'aventure s'achève pour CAMBERWELL NOW, alors que Charles HAYWARD et Trefor GORONWY ne sont plus depuis quelque temps sur la même longueur d'ondes. Cela se ressent d'ailleurs à l'écoute de cet ultime EP, assez peu cohérent, où chacun semble vouloir prendre ses distances avec l'autre, tout en s'éloignant aussi des chemins trop sinueux de The Ghost Trade. Mais Greenfingers n'en est pas moins un disque intéressant, toujours aussi riche, où le groupe britannique continue d'expérimenter post-punk, rock et pop, dans un esprit pas forcément très différent de celui de l'école de Canterbury, que Charles HAYWARD a d'ailleurs fréquenté dans sa jeunesse avec QUIET SUN.

Greenfingers, c'est déjà un excellent morceau-titre, l'un des meilleurs peut-être dans la maigre discographie de CAMBERWELL NOW. Après un réveil intrigant et brumeux, le voici qui démarre au quart de tour, porté d'un bout à l'autre par une rythmique véloce, un duo basse/batterie terrible, robotique, et une instrumentation superbe, mêlant notamment guimbardes et saxophones. Quant aux paroles, difficile d'y voir clair. Doit-on y entendre un plaidoyer en faveur de l'écologie, un réquisitoire contre la faim dans le monde ? Ou simplement une ode au jardinage dominicale ? Mystère. Charles, si tu nous lis … En ce qui concerne les lyrics d'« Know How » en revanche, on parierait assez qu'il s'agit d'une plaisanterie, d'un clin d'œil amusé à ces tubes synthétiques d'une pauvreté lyrique édifiante (« And we know what you don't know, and you know we know it too … »), mais reste au demeurant des plus agréables, tout en simplicité, une belle chanson même, pour laquelle Trefor GORONWY passe derrière le micro. La composition se veut minimaliste, du chant et des claviers seulement, pour un morceau assez inhabituel chez Charles HAYWARD qui n'a sans doute pas eu la main cette fois. Le reste est plus anecdotique, avec le bien nommé « Element Unknow », sorte de rituel indien sans grand intérêt, et la new-wave destructurée de « The Mystery of The Fence », pas forcément ratée mais tout aussi peu marquante.

Le trio londonien termine ainsi sa courte carrière - cinq années, de 1982 à 1987 - avec un disque qui, à défaut de réellement compter dans sa discographie, fera le lien entre The Ghost Trade et Survive The Gesture, première œuvre de Charles HAYWARD, qui prend enfin son envol en solo après une ultime tournée européenne. Une séparation qui engendra quelques frustrations, notamment celle d'un certain John PEEL, qui les programmait assez régulièrement. On s'étonne d'ailleurs qu'aucune « session » ne fut organisée, c'est bien dommage !

À retenir : Greenfingers