Il existe, au sein de l'archipel des Iles Shetland (au nord de l'Écosse) une jeune micro-nation auto-proclamée par son seul et unique habitant saisonnier. Nommé Farvik, ce bout de terre émergé d'une superficie d'un hectare à peine est doté de son drapeau, frappe sa propre monnaie et revendique son indépendance du Royaume-Uni. Si l'artiste britannique Seth LAKEMAN était un pays, il serait sans aucun doute ce fascinant Farvik. L'indépendance est sans doute sa caractéristique principale : Après avoir fait partie du groupe The Lakeman Brothers avec ses deux frères durant le courant des années 90, le chanteur/violoniste/guitariste mène depuis 2002 une carrière solo qui le voit explorer un folk mâtiné de pop et d'influences celtiques.

Comme les Fairport Convention ou Steeleye Span en leurs temps, Seth LAKEMAN fait partie de ces artistes de nationalité anglaise mais d'identité résolument celtique, ne cessant de construire des ponts entre musique moderne et traditionnelle. Il convient de préciser, néanmoins, que ce Hearts & Minds est sans doute l'album de l'artiste qui s'éloigne le plus de ses influences celtiques. Car si le violon est très présent sur chacune des compositions de l'album, il ne constitue plus le moteur de celles-ci, mais apporte ce petit plus qui permet à Seth LAKEMAN de se démarquer et s'établir comme un artiste original.

Énergique et inspiré, l'album débute par l'enjoué « Hearts and Minds » qui pose les bases : une voix puissante et mélodieuse, une guitare acoustique mordante, et un violon en guise de « guitar lead », alignant les solos pour offrir au morceau un groove dantestque. La recette, orientée folk rock, s'avère très séduisante ! Les autres titres dans cette veine up-tempo, « See Them Dance » et « Hard Working Man », peineront malheureusement à tenir la comparaison, la faute à un manque de variété dans les structures et les ambiances distillées.

A la manière d'un Great Big Sea, qui doit sans doute constituer l'une de ses principales inspirations, Seth LAKEMAN n'hésite pas à intégrer dans sa musique des influences pop bienvenues. Ainsi, « The Watchman » s'impose, grâce à des mélodies immédiates et irrésistibles (d'aucun dirait faciles) qui en font un des titres les plus appréciables de l'opus. Œuvrant dans un genre balisé, l'artiste parvient tout de même à surprendre grâce à une intro proposant une ambiance digne des premiers albums de Blue Öyster Cult !

Mais c'est bien lorsqu'il calme le jeu que Seth LAKEMAN se fait le plus intéressant. Laissant aux ambiances calmes et posées le temps de s'installer, l'artiste livre quelques compositions d'une sensibilité et d'une qualité rares. Bien aidé par sa voix pure et originale, il propose avec « Spinning Days » une ballade pleine de sensibilité et s'imposant comme un des meilleurs moments de l'opus, au même titre que la tendre « Stepping Over You » ou le titre final, « The Circle Grows ».

Du coup, on se fiche un peu que LAKEMAN se fasse le défenseur peu naturel des cols bleus et des sans-grades (« Hard Working Man »), car si les paroles offrent effectivement une critique parfois facile de nos sociétés contemporaines, elles ne prennent pas le pas sur le propos musical de l'artiste, qui lui vaut vraiment le coup.

Avec cet opus, Seth LAKEMAN s'éloigne légèrement de ses influences celtiques pour se rapprocher d'un folk insulaire qui devrait lui permettre d'atteindre la première place dans les charts du Farvik ! Le bonhomme semble même pressenti pour en composer l'hymne national...