Halo: Reach a été annoncé comme le dernier volet de la saga du jeu vidéo Halo (en principe, car il faut se méfier avec l’exploitation des franchises), même s’il ne faut pas se fier au scénario puisqu’il s’agit en réalité de ce côté d’une préquelle du 1er opus intitulé Halo Combat Involved. Aux manettes de cette O.S.T on retrouve sans surprise nos deux compositeurs attitrés, Martin O’Donnell et Michael Salvatori, pour là encore un double album, format décidément devenu une habitude depuis Halo 3.

Sur ce nouveau volume, voulu plus sombre par ses compositeurs, l'auditeur devra encore souvent faire une croix sur les grands thèmes ou airs bien connus des premiers opus (l’auditeur déçu devra se replonger pour le coup dans l’O.S.T d’Halo 3) bien qu’on en retrouve certains retravaillés ou dilués parmi d'autres influences (par exemple celui orientalisant sur « Winter Contingency » vers 04:42 ou 08:45, ou le passage ambient réadapté sur « From the Vault » qui pourra rappeler quelques souvenirs - vers 01:30). La plupart des thèmes présentés sont majestueux mais les élans symphoniques savent aussi se présenter d'une manière plus contenue, sans oripeaux trop pompeux ou grandiloquents, voire lourds (ce n’est pas la BO aux envolées épiques forcées de Conan le Barbare ou du Seigneur des Anneaux), car les cuivres sont rarement présents en appui, ou alors sont employés sans excès. Ce sont régulièrement des choeurs légers ou aériens auxquels les compositeurs font appel. Le côté percussions tribales énervées des précédentes O.S.T. a été particulièrement sauvegardé. Et intervenant de concert avec ces percussions, les cuivres peuvent, pour le coup, faire facilement monter la tension dans un registre martial ou militaire (par exemple sur « Winter Contingency » à partir de 08:00, le début de « ONI: Sword Base », « At Any Cost » ou « Walking Away »).

Parmi les nouveautés perceptibles on notera ces mélodies orientales évoquées plus haut (à la Prince of Persia en gros), ou qui empruntent au décor de l'antiquité égyptienne (« Tip of the Spear », « At Any Cost »), se mêlant parfois à des chœurs évanescents et éthérés (« Overture »). Les chants ou choeurs religieux/grégoriens (« Winter Contingency », « New Alexandria », « Epilogue ») nous rappelleront inévitablement la première O.S.T. On saluera d'une manière générale cette volonté de ne pas trop regarder dans le passé (à la différence d'Halo 3 qui en devenait désagréable même si l'O.S.T. était excellente) en nous resservant d'anciens thèmes (seul le passage « Walking Away » est une reprise clairement évidente). On reconnaît toujours la patte des compositeurs, par exemple dans cette écriture souple et ces mouvements amples et plutôt lents des instruments à cordes. D'une manière générale cet opus est très symphonique, même si les parties ambientes ou électriques sont toujours présentes (on en retrouve notamment sur « ONI: Sword Base » ou « Nightfall »). Le piano que l'on retrouvait sur Halo 3 ODST reste également de la partie. Certains passages (surtout sur la première moitié du second cd) paraissent toutefois redondants, s'étaler, et l'ensemble se ressent comme contenant trop de remplissage ou faisant trop simplement musique d'accompagnement du support vidéo, d'autant plus que certaines parties manquent d'imagination. Surtout qu'il n'y a -encore une fois- pas assez de beaux thèmes et de travail sur les mélodies pour garnir tout ceci (on notera toutefois la superbe ouverture de « Exodus », dans une veine très Seigneur des Anneaux - mais déjà entendue, ou plus amusant, ce qui semble être un petit coup de patte à la Joe HISAISHI - Princess Mononoke notamment - sur « Ghosts and Glass »).

Halo: Reach plaira sans aucun doute aux amateurs du jeu. Les deux compositeurs nous servent encore une fois une O.S.T. d'une indéniable qualité, dans le haut du panier de ce qui se fait actuellement en musiques de films ou de jeux. Toutefois, on regrettera, là encore, la trop longue durée de cette oeuvre, durée qui n'était pas vraiment indispensable. Cette O.S.T. aurait pu facilement tenir sur un seul cd sans y perdre fondamentalement en substance. Certes, Halo: Reach est une BO épique, sombre, pleine de tension, mais comparée à Halo 3 ODST, il s'avère que les compositeurs ne nous surprennent pas assez, et au final c'est peut-être cela finalement le plus gros reproche que l'on pourra émettre.

Note réelle : 3.75/5.

NB : attention les titres de la tracklist sont toujours des regroupements de musiques plus courtes et assemblées sous un seul titre. D'où plusieurs sous parties au sein de chaque morceau.