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- Style : Joni Mitchell

Leonard COHEN - Songs Of Leonard Cohen (1967)
Par SUNTORY TIME le 8 Mars 2011          Consultée 6501 fois

Un après midi de 1966, Canada, durant une émission de divertissement populaire (“Take Thirty”), la présentatrice Adrienne Clarkson invite un jeune écrivain et poète qui jouit d’une certaine réputation dans le monde québécois anglophone. Mais le jeune homme prévient la présentatrice qu’il désire pousser la chansonnette pour interpréter un de ses poèmes qu’il a mis en musique. Voilà notre bonhomme qui chante en direct, accompagné d’une guitare classique. Sa voie grave, ses arpèges de guitare entêtants et la force de son texte ne laissent pas le public indifférent. La chanson se nomme "The Stranger Song", l’homme s’appelle Leonard COHEN.*

La même année, une grande dame de la folk, Judy COLLINS, interprète une chanson qui sera un de ses plus grands succès, "Suzanne". Cette chanson d’une écriture fine et d’une élégance sans pareille, est écrite et composée par un certain Leonard COHEN. Une légende est en marche.

Il est difficile d’écrire à propos de Leonard COHEN, tant l’homme a donné à la chanson à texte des lettres de noblesse que peu peuvent se targuer d’atteindre. Leonard COHEN est un géant, un monstre sacré de la musique, une référence pour une multitude d’artistes, en passant par Nick CAVE et GODSPEED YOU ! BLACKE EMPEROR (!). Tout le monde connaît au moins une de ses chansons. Si je vous dis "Halleluya", vous me citez Jeff BUCKLEY ? Eh bien non, c’est une chanson de Leonard COHEN, bande d’incultes ! C’est dire si la musique du Canadien est présente dans la culture populaire, même indirectement.
Leonard COHEN est un homme polyvalent, d’art comme de culture. Issu d’une famille juive traditionaliste, il se tourne ensuite vers le bouddhisme. Et ses chansons sont un concentré des notions qui ont marqué et marquent encore sa vie : la Religion, l’Amour, les Femmes, le Sexe, la Mélancolie, la Solitude, toutes ces choses avec des majuscules s’il vous plaît, tant COHEN leur donne une dimension mythique.

Leonard COHEN est donc déjà une personnalité dans le monde culturel de Montréal. Il a écrit quatre recueils de poèmes, ainsi que deux romans (The Beautiful Losers est une référence). En 1967, décidant de franchir le pas, il enregistre son premier disque eu titre très sobre : [i)Songs of Leonard Cohen. Photo sépia austère, typographie kitsch, la pochette n’a pas vraiment d’atout. Et pourtant, elle reflète bien le climat du disque : des chansons calmes, épurées, dans une veine folk, mais venue d’un autre âge, Avec leurs roulis d’arpège sur une guitare classique, aux cordes en nylon, instrument plus rare dans ce style que sa sœur aux cordes d’acier. Le chant, paisible et grave, permet d’apprécier les paroles à leur juste valeur, dans une construction assez classique couplets/refrain, voire pas de refrain du tout. Si Leonard COHEN ne révolutionne pas la musique folk, il lui donne clairement une nouvelle saveur.

Qu'en est-il des chansons elles-mêmes ? Difficile de détailler une telle multitude de classiques dans ce premier album ! Il y a "Suzanne" bien sûr qui décrit la relation étrange entre un homme et une femme 'à moitié folle' qu’il aime sans aimer. On retrouve cette complexité des relations hommes/femmes dans "Master Song" à la froide élégance, ou dans la relation éclair avec la vagabonde de "Winter Lady".
La Religion pointe le bout de son nez sur "Sister of Mercy", alors que l’Amour résiste aux longues distances sur la sublime "Hey, That’s No Way to Say Goodbye". On pourrait étudier chaque chanson avec précision, tant la richesse des textes en est grande, mais ce n’est pas le but de cette chronique.

Quand je disais que la musique de COHEN réside (du moins au début) dans une musique épurée, ce n’est pas exact car seule la superbe "The Stranger Song" est uniquement chantée à la guitare. Chaque autre titre possède ses arrangements propres, depuis les cordes de "Suzanne", la guitare électrique discrète de "Master Song", le piano léger de "Winter Lady", jusqu'au violon country et à la batterie (fait très rare chez COHEN) de "So Long, Marianne", autre immense classique du Canadien.
Evidemment, les chœurs féminins accompagnant presque toutes les chansons ont souvent été reprochés à COHEN, tant il est vrai qu'ils sont parfois terriblement mièvres. Leonard COHEN est un homme qui aime éperdument les femmes (qui pourrait le lui reprocher ?), un 'Ladie’s Man'. Il ne peut se passer de leur présence, ce sont des muses pour le poète. Mais ici, c’est parfois un peu trop gnangnan (n’y voyez rien de macho de ma part !), comme dans tous ses disques d'ailleurs, à plus ou moins grande échelle. Autre petit défaut : les gémissements particulièrement pénibles accompagnés d’une flûte à bec qui achèvent le dernier morceau, "One of Us Cannot Be Wrong". Dommage pour un morceau dont les arpèges font penser à un futur chef d’œuvre où il est question d’un imperméable bleu.

Il est clair que COHEN maîtrise davantage l’écriture poétique que la musique, mais il n’en est pas moins un bon guitariste et un compositeur de talent. Plus de la moitié des chansons de Songs of Leonard Cohen font désormais partie de sa légende. Pour un premier essai, c’est un coup de maître, malgré les fautes de goûts de certains arrangements. On ne lui en tient pas rigueur, tant la qualité est présente. Songs of Leonard Cohen, une référence du genre, figure toujours parmi ses meilleurs albums.

On a tendance à considérer Leonard COHEN comme un chanteur intello, mou du genoux et ennuyeux. Mais une fois mis de côté cette première impression, on découvre un géant de la poésie et de la musique, à la voix si caractéristique et au style de guitare si personnel. Il est vrai que nous, malheureux francophones, ne pouvons pas être aussi sensibles à ses textes que les anglophones. Mais pour qui s’y attarde, l’émotion est belle et bien présente, même s’il faut je pense une certaine maturité avant d’apprécier cet artiste (heureux ceux qui ont aimé COHEN dés leur prime jeunesse !). Il n’empêche, ce premier album est indispensable à tout amateur de folk et de poésie. Dire que le meilleur est encore à venir.


Note réelle: 4,5/5.

* Le premier paragraphe est documenté d’après un article du Hors Série Collector des Inrockuptibles : "Leonard Cohen, Folk Singer Moderne".

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- Leonard Cohen (chants, guitare)
- Divers Musiciens Non Crédités
- Divers Choristes Non Crédités


1. Suzanne
2. Master Song
3. Winter Lady
4. The Stranger Song
5. Sister Of Mercy
6. So Long, Marianne
7. Hey, That’s No Way To Say Goodbye
8. Stories Of The Street
9. Teachers
10. One Of Us Cannot Be Wrong
- Bonus Réédition 2007
11. Store Room
12. Blessed Is The Memory



             



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