En matière de rock/punk celtique, tout ou presque a été dit. Par les fondateurs du genre tout d'abord, les Pogues en tête, puis par les innombrables suiveurs qui ont tenté d'apporter leur couleur personnelle à cette musique hautement débridée, mais également strictement balisée. Fondé en 1998, BARLEYJUICE appartient à la troisième vague de ces groupes colporteurs d'un genre musical figé et inchangé depuis se naissance. Originaire des Etats-Unis, le sextet propose un cinquième album à prendre comme un hommage à un patrimoine musical irlandais fascinant.

La force de BARLEYJUICE réside dans cette capacité à naviguer aisément entre rock, folk et punk celtique, pouvant tout aussi bien rappeler Jethro Tull que les Real McKenzies. Skulduggery Street constitue donc naturellement un album multi-facettes et riche en variations autant qu'en guitares et en instruments traditionnels (violon, flûte). Et si le groupe a connu quelques succès par le passé grâce à des compositions originales (principalement cette délectable ode au kilt qu'est « What's up yours ? ») ayant servi de bande-son à de nombreuses séries TV américaines (The Office, King of the Hill), il s'échine néanmoins à remettre au goût du jour quelques morceaux traditionnels irlandais plus ou moins connu, au risque de faire moins bien que ses « concurrents ». En se frottant au classique des classiques qu'est « Drunken sailor » BARLEYJUICE tend d'ailleurs le bâton pour se faire battre, son interprétation se révélant bien moins convaincante que celles des Blaggards ou Great Big Sea, malgré un violon et un harmonica se démenant pour faire de leur mieux.

Ce titre est d'ailleurs symptomatique de l'ensemble de l'album. Le groupe maîtrise son propos et nous offre une musique sympathique, mais ne parvient jamais à proposer ce petit plus qui lui permettrait de s'extirper de la masse puis de s'imposer comme un groupe vraiment recommandable. Tous les canons du genre sont respectés (chansons à boire, ballades de marins, chanteur à la voix embrumée) tant et si bien que cet album pourrait constituer le parfait « petit guide du rock celtique pour les nuls ». On prend certes un grand plaisir à l'écoute du sombre et profond « Connemara ground », on peut même avouer prendre son pied sur le country « Get your irish on », le captivant « Molly's girls » ou la ballade finale "Generations" mais restent ces titres « contractuels » à l'intérêt limité et qui tirent l'ensemble vers le bas (« Jock MacGraw », « Scottish Green »).

Malgré tout son savoir-faire, BARLEYJUICE propose donc un cinquième album passe-partout, vite écouté et vite oublié. Si les amateurs du style trouveront sans doute leur compte dans cette collection de titres bariolés et globalement sympathiques, les autres n'y trouveront rien de croustillant et indispensable. Pour les puristes uniquement.