OUTKAST n’est plus. Ou du moins en pause et il y a de quoi être chagriné que ce duo inventif ne soit pas plus présent ces dernières années. Alors que la scène hip hop tourne méchamment en rond. Les prières des fans ont été entendues. Antwan André Patton, alias BIG BOI, débarque avec son premier album solo. De la part d’un autre groupe de rap, il est légitime d’être méfiant quand un de ses membres décide de se lancer dans une carrière solo, tant les déceptions ont été nombreuses. Mais là, on parle de OUTKAST qui n’est pas n’importe quel groupe. A la fois accessible, décalé, funky et recherché, ce dernier a de l’allure, que ce soit pour les esthètes ou pour les néophytes. Mais il ne faudra pas s’attendre à de grosses surprises avec cet album contrairement au groupe précédemment cité. BIG BOI se contente d’assurer avec tout ce qu’il a pu faire avec son groupe. La production est dantesque, les invités sont très nombreux (il y en a un par morceau !) et les idées pleuvent ! Que du classique pour OUTKAST, mais pour le hip hop en général, il s’agit bien d’un disque aventureux.

Le P-Funk apparaît régulièrement sur un morceau comme « Shutterbugg », où voix vocodées et groove se mêlent sans complexe au flow de notre rappeur. Le maître du genre, George CLINTON, vient même donner un coup de main et son approbation sur « Fo Yo Sorrows ». Les guitares de « Tangerine » montrent encore une fois l’ouverture d’esprit qui règne dans l’équipe. Les invités étant nombreux, je ne vais pas m’amuser à tous les énumérer. Mais sachez qu’il s’agit surtout d’artistes récents en grande majorité. Comme Janelle MONáE, qui pousse d’ailleurs la chansonnette sur un des meilleurs titre du disque : l’excellent « Be Still ».

Malgré le fait que BIB BOI se contente de vulgariser l’art de son groupe, il faut reconnaître qu’il y arrive avec brio. L’optique du bonhomme étant le métissage des genres, il reste présent pendant toute la durée de l’album. Ce dernier arrive même à incruster du R&B moderne dans sa musique sans tomber dans les pires clichés que l’on croise régulièrement sur la bande FM (le titre « Follow Us » étant exemplaire à ce sujet).

Les tubes sont donc privilégiés dès le début du disque. Mais l’album souffre de mystérieuses carences, une fois arrivé à sa moitié car des titres se révèlent assez monotones. Certains ne manquent pourtant pas d’idées comme « You Ain't No DJ » avec sa rythmique métallique. Tandis que d’autres sont tout simplement fades (« Hustle Blood »). Il faudra attendre la 10ème piste pour retrouver des tubes qui ont mérité d’un véritable savoir faire, même si le début tonitruant du disque ne sera pas tout le temps égalé.

Qu’importe, le pari de proposer un hip hop à la fois moderne, malicieux et accessible est réussi. BIG BOI se montre sous sa meilleure facette pour séduire le plus grand nombre mais ne succombe à aucun moment aux sirènes de la facilité. Cet album ne souffre d’ailleurs pas de la longueur excessive qui caractérise les disques du genre habituellement. Les interludes (autrement dit : les skits) étant assez brefs et peu nombreux. Les non connaisseurs et réticents au hip hop sont fortement conseillés d’écouter cet album qui pourrait bien les séduire. Et pourquoi pas ensuite, étendre ses investigations vers les albums de OUTKAST. En attendant que BIG BOI et ANDRE 3000 se décident enfin, à sortir leur 8ème album.