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2010 In D

ARANDEL - In D (2010)
Par MR. AMEFORGÉE le 22 Février 2011          Consultée 2275 fois

Un club, au petit jour : des êtres longilignes et dégingandés aux allures mi-elfe mi-vampire dansent sur la piste. Les néons bleus au plafond accentuent leur air morbide d’être défoncé d’insomnie. Certains, assis aux tables, sirotent un verre d’absinthe en citant des sonnets de Shakespeare, tandis que d’autres échangent leurs maladies vénériennes par le mélange des salives chargées d’amertume. La musique crépusculaire qui accompagne la dislocation des corps, c’est In D d’Arandel.

Historiquement, même si l’on ne pouvait prévoir quand, un album comme In D ne pouvait que voir le jour. Une partie de l’électronique s’est développée en empruntant des échantillons de musique, les samples comme on dit, et en les ré-agençant dans une architecture sonore nouvelle. Jeu de mimétisme. Parfois, ces machines semblaient rêver d’un monde acoustique : par exemple, les violons de tel quatuor de Beethoven, le bourdonnement des abeilles enregistré dans un jardin, la section rythmique d’un trio jazz, le tout parfois distordu jusqu’à la perte des identités, le tout lié par des effets de texture que la technologie seule pouvait produire. Il était dans l’ordre des choses qu’à un moment, quelqu’un tente l’expérience de renverser la proposition : faire de la musique électronique avec des instruments acoustiques. Bien sûr, toute technologie n’a pas été éradiquée sur In D, synthés analogiques et rythmes programmés notamment, mais ce sont de vrais instruments, vraiment joués, qui se chargent d’imiter le style électronique. Sur le papier, cette idée peut paraître aussi géniale que vaine.

In D, cela signifie En Ré suivant le système de notes anglais. Information répétée ad nauseam au gré des chroniques dans une rutilante mise en abyme, ce titre fait bien entendu écho au célèbre In C de Terry Riley, l’un des pères de la musique répétitive, même si dans les faits, les deux œuvres ne se ressemblent pas beaucoup ; le morceau « #6 » est celui qui y renvoie peut-être le plus clairement.
Le style prédominant est celui désormais bien connu de l’électro : un ensemble de beats d’une certaine linéarité se charge de définir l’ossature rythmique autour de laquelle les instruments, dans des effets de boucle, ont à donner de la chair, de la couleur, de l’ambiance, de la vie. Certains morceaux dérogent à cette règle toutefois, comme « # 9 » qui par l’adjonction d’une batterie réelle tend à se rapprocher du post-rock.

Un souffle de cuivre nous accueille puis reviendra nous hanter, comme un vent funeste qui prévient de l’arrivée de la guerre puis la rappelle à notre souvenir, des violons balafrent le silence avec une lenteur raffinée jusqu’au mot de la fin, un mélodica pleure sa nostalgie, des notes de piano tombent en grappes déstructurées, un sitar dessine des chinoiseries pourtant lourdes de sens, des voix évanescentes tourbillonnent dans l’air du soir, un marimba vient rehausser le son des beats d’un peu de nacre d’orfèvre… et l’on ne les évoque pas tous… D’une texture riche, les paysages ainsi dépeints n’ont rien de chaleureux. Il est plutôt question d’une apocalypse de velours.

Le rendu a quelque chose de fascinant, télescopage de deux univers qu’on aurait pu croire antagonistes : l’articulation mécanique de l’électro (ou d’un certain type d’électro) et l’amplitude organique qu’une instrumentation réelle confère. Certains discours qui nous précédent laissent entendre qu’In D est un pur chef-d’oeuvre. Nous n’en sommes pas tout à fait convaincu, justement dans la mesure où les codes ne sont pas vraiment réinventés : la roue était en bois, puis en acier, et désormais dans une alliage des deux ; dans tous les cas, elle sert toujours à la même chose. Mais quoi qu’on en dise, à atténuer les ardeurs de quelques-uns, il s’agit tout de même d’un excellent album qui mérite qu’on s’y attarde. Fondu au noir : silence.

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   MR. AMEFORGÉE

 
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1. #1
2. #5
3. #6
4. #7
5. #9
6. #10
7. #8
8. #3 épilogue



             



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