Impossible. Impensable. Incroyable... ! Lorsque la nouvelle tombe, on y croit à peine... MALICORNE va se reformer... Vite, un paquet de Doliprane tant la fièvre monte. Voilà, ça va mieux. Non mais sérieusement, qui l'eut cru ? Contrairement à d'autres groupes pour lesquels j'éprouve la plus grande passion (Genesis, pour ne citer qu'eux), les rumeurs de reformation de MALICORNE n'allaient pas bon train depuis la séparation "définitive" du groupe en 1987. Alors comment espérer le retour de Laurent Vercambre et Hughes De Courson ? Quand on parlait de MALICORNE à Gabriel Yacoub, le membre du groupe le plus médiatisé (façon de parler, et en passant vive la France), "on" l'entretenait plus à ce sujet que sur sa propre carrière solo fabuleuse (vive la France, vous dis-je), et "on" ne manquait surtout pas de lui demander à chaque fois si il comptait le reformer. Nenni ma foi, jusqu'à l'orée de 2010, où l'on apprend que MALICORNE a décidé de se réunir, le temps d'un concert exceptionnel (et rien de plus, c'est dit), aux Francofolies de La Rochelle le 15 juillet de la même année. Ô joie ! Votre humble serviteur ayant reçu la nouvelle comme il se doit, mais ne s'étant nullement préparé à cette occasion, ne peut donc parler que du CD et du DVD (ouais, les deux, je veux) qui en ont découlé quelques mois plus tard.

Voilà donc. Gabriel a appelé chacun des membres de la formation classique, Marie Sauvet (qui n'est plus Yacoub depuis longtemps), Hughes De Courson (installé en Indonésie), Laurent Vercambre et Olivier Kowalski, tous ont répondu présent assez naturellement. Il a bien fallu répéter, et réapprendre à jouer ces morceaux, voire de certains instruments... Mais c'est finalement arrivé. C'est Karl Zéro, aussi étonnant que cela puisse paraître (il est fan du groupe), qui préside et introduit ce concert intitulé "Gabriel Yacoub invite Malicorne", sans doute pour mieux faire ressortir le caractère exceptionnel de l'événement. Il y a eu plus de titres que ce qu'offre le CD, mais les "rencontres" avec les artistes invités pour l'occasion (JP Nataf, Claire Diterzi, Tété...) sont passés à la trappe, réservées pour le DVD.

Le concert démarre en fait avec les trois morceaux placés à la fin du CD. Gabriel, accompagné par Yannick Hardouin au piano et à la basse et Gilles Chabenat à la vielle à roue, ouvre le bal avec deux de ses plus belles chansons et classiques live : "Je Resterai Ici" (qui comme chacun le sait, est sur son véritable deuxième album solo) en duo avec Marie et "Les Choses les Plus Simples" magnifié par l'arrangement du Quatuor incluant Laurent Vercambre. "Carmin" est une pièce contemporaine de Gilles Chabenat.

Puis le grand moment arrive... Le groupe commence comme à la grande époque en choeur avec "Nous Sommes Chanteurs de Sornettes", bien évidemment suivi de "La Gavotte" si rafraîchissante. Quel bonheur de les entendre à nouveau ensemble... Et le concert se poursuit, alternant avec allégresse les danses et morceaux plus particuliers... Le groupe a pioché dans tous les albums qu'il a réalisés sous cette formation (sauf le premier), + Pierre de Grenoble. Quand la chanson-titre de celui-ci arrive, quelle émotion, d'autant plus que là Gabriel ne chante plus avec un timbre nasal... Dans la veine des titres denses, MALICORNE nous régale de "L'Ecolier Assassin", mais aussi et nettement plus inattendu, "Le Luneux", LA chanson de Marie. Celle-ci semble avoir perdu son timbre "pur" de jeunesse, mais elle fait honneur à cette fabuleuse chanson.

Et les polyphonies alors... "Nous Sommes Chanteurs de Sornettes", "Le Prince d'Orange", "Marions les Roses", "Margot", tout y est... Toujours aussi belles, avec un arrangement qui plus de trente ans après fait toujours mouche... Le groupe ajoute "La Conduite", avec Karl Zéro dans les choeurs, mais on ne le remarque pas.

Et les danses... "J'ai Vu le Loup, le Renard et la Belette" en dernier rappel, "Gavotte", "Schiarrazula Marazzula" mené par le cromorne de Hughes, "Voici la Saint-Jean", fiouuu le groupe nous a gâtés. Ce sont les morceaux que les gens veulent entendre c'est sûr, mais là encore, des décennies après cette musique ainsi arrangée semble toujours aussi actuelle. Le meilleur reste à mon sens ce "Bacchu Ber", qui surpasse de loin son arrangement original un peu pataud pour devenir l'un des sommets de ce concert. Les voix y sont très présentes, ce qui renforce le côté "décalé".

Bref, tout pour plaire. Comment remercier ce groupe génial pour ce moment historique et tant de générosité ? On peut juste regretter que le public ne soit pas plus mis à l'avant. On entend bien les applaudissements, mais peu les voix quand Gabriel demande de les accompagner. Enfin ce n'est pas trop grave. A cette chronique suivra celle du DVD, évidemment.