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2011 Irrlicht Tape II
 

- Style : Klaus Schulze

HARAA - Irrlicht Tape Ii (2011)
Par MARCO STIVELL le 30 Juin 2011          Consultée 2855 fois

HARAA est un jeune musicien bordelais et si son MySpace porte le nom de Cosmic Tango (pour rendre hommage à Ash Ra Tempel), c'est bien sous celui d'Irrlicht qu'est publiée sa véritable première oeuvre.

HARAA se démarque surtout de par son goût prononcé pour les musiques qui combinent "étrangeté" et émotion. Par étrangeté j'entends bien sûr des choses qui sortent de l'ordinaire, des musiques qui "apportent" des éléments que l'on n'entend par exemple pas dans la variété ou le pop-rock basique. Et aussi des musiques "riches". Ainsi certaines oeuvres des Beatles ou des groupes comme Dead Can Dance, sans parler de Léo Ferré, le Neil Young "noisiste", ou encore le Talk Talk post-rock n'ont plus de secret pour lui. Mais son chouchou (en dehors de Ash Ra Tempel) reste le musicien, ou devrais-je dire génie allemand Klaus Schulze et son vrai truc, c'est la "kosmiche musik". C'est l'hommage de Klaus que HARAA a intitulé son premier album Irrlicht, qui dans la langue de Goethe signifie "feu follet". Le "Tape II" fait référence au fait que la version présentement chroniquée est celle de la version "neuve", la tape I ayant bien été enregistrée mais restée à l'état de "cassette démo".

Un nom très bien choisi, conformément à certains choix d'orchestrations pour la musique de ce disque. En fait la musique d'HARAA se rapproche parfois de l'indus, et est en liaison directe avec la musique dite "répétitive" ou "minimaliste". Ce ne sont pas forcément des boucles électroniques, car il y a pas mal de guitares sur les premiers morceaux, c'est plutôt l'arrangement et l'ambiance généraux qui sont de cet acabit. Cela est valable aussi bien pour "Radiodrone" que "Post-Valse". Le premier s'ouvre avec un bruitage sombre, très industriel, sur lequel il se base pour toute sa longueur et qui se fait de plus en plus présent à mesure que le morceau avance. So strange... and dark. La station radio, bien évidemment interférée (c'est de rigueur pour l'effet recherché), arrive à trois minutes. "Post-Valse" présente une boîte à rythmes sèche, et des guitares qui ne le sont pas moins. La métrique est ternaire, conformément au titre. Le "post" quant à lui veut que la musique soit répétitive et assez minimaliste. C'est une bien sombre valse, ponctuée par une guitare de plus en plus incisive, et rejointe par une vague qui amorce quelques dissonnances. Une ambiance qui me fait penser à "The Fatal Impact" de Dead Can Dance, en plus dark encore.

Voilà donc sur quoi se base ce Irrlicht. Peu d'ornements orchestraux ou de changements, l'accent est mis sur une idée de rythme ou de nappes, tandis qu'un autre instrument (ou bruitage) joue par-dessus. On pense à cette mort du transistor bien évoqué par le titre sur le troisième morceau, constitué d'une simple vague bourdonnante et qui de manière crissante vient "aspirer" la radio. Autant dire que l'on est dans un monde bien peu haut en couleurs. "Overhodes" et "Sophia by the Rain" se veulent plus proches d'un esprit indus en incorporant quelques guitares, clean ou saturées, qui viennent tisser des ambiances par-dessus ce magma noir. Incisives ou non, elles n'évitent pas le tourbillon de dissonnances qui se crée parfois, dû également aux autres effets. Notons encore un bon choix de son de batterie.

Ce côté brut de décoffrage est encore très présent sur le poids lourd du disque, la fin : "Study for Riley & Rain", long de plus d'un quart d'heure et le "unknown track", disponible uniquement sur la version CD de l'album et qui ajoute douze minutes de plus, ce qui n'est pas rien. Pour "Study for Riley & Rain", la partie "Study" comme "Repeat" développent "allègrement" cette atmosphère sinistre tout en n'oubliant pas de bien "s'habiller" pour des durées aussi conséquentes. Des nappes d'orgue forment le début de "Study", certaines jouent un semblant de gammes et de notes fuyantes, d'où la parenté rapproché avec le nom du disque. Elles deviennent de plus en plus "confondues" à mesure que le morceau avance. HARAA arrive ainsi à bien "peupler" ce minimalisme. A près de dix minutes, le faux orgue se fait plus présent, et on a un peu d'orage et de pluie pour ce qui reste de la pièce. Très beau morceau. Le "unknown track" comporte un rythme marqué par un bruitage, et la nappe reste uniforme, pendant que des effets fuyants jouent une nouvelle fois par-dessus. Un piano lourd plaque des accords en mode I-IV-V-VI, ad-libitum. Si la disparition de l'effet "rythmique" s'était à peine faite sentir, on le retrouve avec bonheur pour le final.

Une première oeuvre assez intéressante donc, qui ravira les amoureux de l'étrange. Le fait est qu'en dépit d'un certain minimalisme dans le fond, HARAA est parvenu à rendre sa musique plutôt riche, et cela reste conforme à ce que l'on pouvait attendre d'un tel style.

Note réelle : 3,5/5 (4 pour le coup de pouce, c'est son premier).

Ecouter l'album : http://www.myspace.com/cosmic_tango/music

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   MARCO STIVELL

 
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- Haraa (guitares, piano, programmations)


1. Radiodrone
2. Overhodes
3. End Of The Radio
4. Post-valse
5. Sophia By The Rain
6. Study For Riley & Rain : A) Study ; B) Repeat
7. Unknown Track



             



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