AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

La saga cinématographique consacrée aux célèbres X-Men, ces superhéros mutants issus des comics de l’éditeur Marvel, a toujours été une saga en dents de scie niveau réalisation. Pas de réalisateur fixe pour tous les films (si on excepte Bryan Singer qui a réalisé les deux premiers), opus inégaux en termes de contenu, et pas de réelle planification dans la sortie des épisodes. En ce qui concerne la bande originale de cette saga, là aussi, aucune unité. Alors qu’une grosse production récente telle que la saga Harry Potter a fait le choix d’un compositeur unique pour l’ensemble de ses épisodes (en l’occurrence, John WILLIAMS), la saga X-Men a vu défiler un compositeur différent pour chaque film. Sont ainsi passés par là : Michael KAMEN (X-Men 1), John OTTMAN (X-Men 2), John POWELL (X-Men 3) et enfin Harry GREGGSON-WILLIAMS (X-Men Origins : Wolverine). En 2011, un nouveau film X-Men sort, et encore une fois, le compositeur change, puisque nous avons ici affaire à un certain Henry JACKMAN, qui n’a au passage aucun lien de parenté avec Hugh Jackman, l’interprète de Wolverine.

Ce Henry JACKMAN n’est visiblement pas un novice, puisqu’il possède une carrière assez riche dans la production, la programmation et la composition. Niveau production, on a pu le voir notamment en compagnie de Mike OLDFIELD sur le single « Women Of Ireland » et sur l’album « Voyager ». Il a également travaillé avec les popstars Elton JOHN et SEAL, et possède trois albums solo à son actif. Quand à la composition, le sieur officie essentiellement à Hollywood, puisqu’on retrouve surtout son nom sur des blockbusters tels que Da Vinci Code, Pirates des Caraïbes II, Hancock ou encore The Dark Knight. En 2011, nous le retrouvons donc sans surprise derrière la bande originale d’un nouveau blockbuster made in Warner Bros, X-Men : First Class (sorti sous le nom de X-Men : Le Commencement en France)

Petit rappel des faits : une fois la trilogie des trois premiers films achevée, Warner Bros s’est lancé à tout va dans plusieurs annonces de projets de nouveaux films centrés sur des personnages spécifiques de l’univers X-Men. Le premier film de ce nouveau cycle, X-Men Origins : Wolverine, était bancal et maladroit, malgré quelques bonnes idées et une bonne fidélité à l’univers. X-Men : First Class était originellement prévu sous le nom X-Men Origins : Magneto et devait retracer essentiellement la genèse de l’ennemi juré des X-Men et principal antagoniste des trois premiers films. Mais en cours de route, le projet évolue et l’histoire du film sera désormais centrée autour de la rencontre entre Xavier et Magneto et, par extension, de la genèse de la première équipe des X-Men durant les années 1960.

D’un point de vue scénaristique, X-Men : First Class est assez réussi puisqu’il transpose l’univers des X-Men dans un contexte historique différent de celui des premiers films, celui de la Guerre Froide et de l’affrontement entre USA et URSS. L’esthétique des décors, des costumes et des personnages s’en ressent donc, et cela contribue très fortement au charme de cet épisode de la série. J’ai personnellement beaucoup aimé cet épisode, alors que X-Men Origins : Wolverine m’avait quelque peu ennuyé. Mais passons sur ces considérations purement cinématographiques et analysons un peu le travail de Henry JACKMAN …

Evidemment, c’est de la bande originale hollywoodienne des années 2010. Dans de nombreux passages, peu de grandes surprises, mais tout cela respire quand même une certaine classe et tout celà se laisse écouter sans trop de difficulté. Si nous avons affaire ici à de la musique classique pour la majeure partie de l’oeuvre, il s’agit d’une partition qui n’a pas énormément d’originalité, les mouvements sont souvent assez répétitifs et beaucoup de motifs reviennent sans cesse. Ce n'est pas réellement étonnant, c'est une tendance assez classique dans la musique de film contemporaine. Mais, ça et là, des notes d'électro ou bien de guitare nous rappellent que nous avons affaire à un film de science-fiction des années 2010. L'effet Tron Legacy (DAFT PUNK) ? Peut-être ...

Comme toute B.O. de blockbuster qui se respecte, nous avons droit à des morceaux répartis à la manière d'un disque de pop, nommés suivant des moments clés du film, et ceux qui l'ont vu retrouverons assez aisément quelles scènes ils illustrent. Les moments de répit sont peu nombreux dans cette partition, puisque c'est un film d'action, et donc l'intensité dramatique ne faiblit jamais, ce qui pourrait être un reproche : les B.O. de la série Star Wars, pionnières en la matière, avaient cette qualité de proposer des moments calmes et reposants, sans cesser pour autant d'être épiques et émouvants. Là, cette tension inhérente et répétitive nous maintient à rude épreuve tout du long du film. Mais que demande-t-on de plus à un film à grand spectacle, qui plus est lorsqu'il traite de superhéros ?

Cette B.O. est très similaire à de nombreuses autres parues ces dernières années. Classieuse, conventionnelle, sans prise de risque, et à l'exécution formelle. Mais bon, c'est quand même du bon boulot de composition et je ne vois pas grand chose à y redire, d'autant plus que le film n'y perd pas.

Sympa mais sans prétentions ... Amateurs de B.O. avant-gardistes, passez votre chemin.