AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Vieux fan des X-Men devant l’éternel, j’ai d’abord accueilli la sortie d’un nouveau film avec scepticisme. Ce « retour aux sources » cinématographique sentait le traquenard à plein nez, pire qu’un sentier étroit entre deux tours de guet. Et c’est là que le miracle s’est produit. Ambiance pop années soixante, découverte progressive des personnages, un grand, très grand Magnéto, des Soviétiques : X-Men Le Commencement a tout pour plaire… sauf sa B.O. !

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayer. Allier orchestre et guitares saturées aurait pu être une bonne idée, mais pour un autre film. Pour un film d’action qui essaye de faire (un peu) dans la finesse, cette B.O. subtile comme une émission de Jean-Marc Morandini fait grossièrement tache.

A ce stade-là, on parle plus de gros sabots, mais de bottes de cosmonautes avec semelles de plomb et coutures d’argent. C’est la troisième B.O. que j’écoute cette année, et c’est la troisième qui m’inflige la même mélasse de cordes et de percussions frénétiques, d’envolées clichesques et de ruptures téléphonées. Ajoutez quelques grosses guitares par-dessus, des effets électro superflus, et vous obtiendrez une B.O. énergique mais complètement insipide. La gamme des sentiments est assez restreinte : il y a « énervé » et « calme », voire « très énervé », parce que c’est un film d’action, hein, quand même.

Cela dit, si on fait l’effort d’oublier qu’on a déjà entendu ça mille fois, certains thèmes se révèlent assez accrocheurs. « Frankenstein’s Monster », comme montée en puissance, c’est pas mal. Sur « Mobilise for Russia », il y a un début de rythme martial assez intéressant. « X-Training » aussi se démarque un peu : c’est le seul morceau où les guitares et l’électro apportent vraiment quelque chose. Le thème de « Magneto » est assez impressionnant, mais son côté « annonce du gros méchant » jure avec la psychologie du personnage telle qu’elle est développée dans le film.

Le reste, c’est du remplissage, du badigeonnage musical pour grosse production, avec une accumulation studieuse de tous les poncifs hollywoodiens. Cette B.O. est tellement ratée qu’en l’écoutant, je me suis mis à douter d’avoir vu un bon film (alors que bon, en tant que fan excessif, j’étais sorti de la salle plutôt enthousiaste). Il aurait suffi de s’inspirer de l’ambiance années soixante du film avec quelques compositions rock/pop pour faire une B.O. originale et adéquate, mais non, l’appel du gros pataquès orchestral devait être trop pressant, il faut bien faire comme tout le monde. Comme quoi la standardisation, c’est vraiment la mort de l’art.