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- Style : L7
- Membre : Courtney Love , Melissa Auf Der Maur

HOLE - Nobody's Daughter (2010)
Par DARK PANDA le 25 Juillet 2011          Consultée 3277 fois

« Ne jamais tourner le dos à un drogué ». Johnny Depp avait raison de balancer cette sentence dans Las Vegas Parano. Lorsqu’il ne meurt pas d’overdose, le drogué s’accroche, rugit, se bat jusqu’au bout. Notamment dans l’univers musical.
Un exemple : Hole. Alias Courtney Love. La veuve (noire) de Kurt Cobain. La dégénérée (désespérée) du Grunge. Voilà ce qui attend l'auditeur ébahi en cette fin d'année 2010, sur les orgiaques étalages de la grande distribution musicale. Un nouvel album du groupe, rendu mythique dans le passé par la puissance acerbe de son rock et l'idylle droguée de son héroïne avec La Star Du nirvana.
L'arrivée de la galette apparaît en soi comme malsaine. Ou comme un miracle. Hole n'avait plus rien sorti depuis douze longues années. Dans ce laps de temps, égal chez l’enfant à l’âge de découverte de High School Musical (et donc de la destruction dans son esprit de toute notion musicale), Courtney Love a eu le temps d'explorer les rares méandres de trip qu'elle ne connaissait pas encore, avant de changer son fusil d’épaule et de devenir définitivement "clean". Selon ses dires.
Après un premier et sûrement dernier album solo sorti en 2004, la chanteuse a donc réussi à reformer Hole. Enfin, façon de parler. Elle l’a fait toute seule, comme une grande. Pas de Melissa auf der Maur à la basse, ni d'Eric Erlandson à la guitare, encore moins de Patty Schemel à la batterie. Rien que des jeunots, sans oublier de l'aide pour la composition : entre autres Billy Corgan, meneur des Smashing Pumpkins et ex-meilleur ami de Courtney Love (ils se sont bien engueulés sur la sortie de Nobody's daughter, allant même en justice), et Linda Perry (productrice de Pink, Aguilera... ou encore Gwen Stefani). Autant dire qu’il ne reste de Hole... que Courtney Love.
De quoi appréhender voire détester ce disque, avant même sa sortie. Forcément, le résultat est bien plus intéressant que tout ce que l'on pouvait espérer. Parce que Courtney Love y scelle son testament d’artiste, dans une rage désespérée aussi vaine que touchante.

Musicalement, l’album se révèle très hétérogène. On passe d’un riff à la rare intensité sur « How Dirty Girls Get Clean » aux médiocres et répétitifs errements d’une guitare sèche, sur la douloureuse « Never Go Hungry ». Rageur ou désespérant. De manière générale, les compositions s’avèrent classiques voire pauvres, sans pour autant être rébarbatives. La courte « Skinny Little Bitch », par exemple, envoie certes du pâté avec ses cordes incandescentes et ses sonorités brut de décoffrage, mais ne réinvente absolument rien.
Si Nobody’s Daughter ne possède aucun poil d’originalité, il déploie au moins une certaine efficacité. Des morceaux de férocité pure comme « Loser Dust » ou « Samantha », au refrain léché et à l’orchestration presque flamboyante. Des ballades aussi, nombreuses et souvent entraînantes : l’air satiné de « Someone Else’s Bed », la symphonie envoûtée de « For Once In Your Life », le crescendo distordu de « Letter Of God ». Mais rien à voir avec du Pearl jam ou du Hole version 1996. La fureur des instruments s’entrevoit, la créativité des compositions s’est définitivement évaporée.

Finalement, ce qui prend à la gorge dans ce magma de rock plus ou moins inconsistant, c’est le chant de Courtney Love. Sa colère est bien présente, mais passe sans cesse du blanc au noir, de la sincérité extravertie à une sensation terrible de fatigue abyssale.
Sur le premier et éponyme titre du disque, la chanteuse grunge souffre et se débat pour esquisser trois paroles consécutives, sur les notes hymniques d’une guitare électrique. Même chose pour « Honey », sûrement la plus belle ballade de l’album : Courtney Love agonise de lyrisme dans ses couplets et parcourt le refrain d’une furie criarde âpre et laborieuse, comme arrivée au bout d’elle-même. Fragilité empruntée ou géniale expression de la douleur, l’opinion que l’on prête à ces offrandes vocales dépend de la manière dont on les appréhende. Le résultat vacille entre tragédie et formidable exercice de style. Et la question se pose : joue-t-elle (moins bien qu'avant) l'écorchée vive ou n'est-elle réellement plus que l'ombre d'elle même ?

Deux fois sur Nobody’s Daughter, le doute ne plane pas. Lorsque le leader de Hole accompagne un chant polyphonique, à l’image de « Pacific Coast Highway », son organe fait magistralement illusion. Au contraire, lorsque celui-ci est laissé seul en pleine lumière, simplement accompagné des frêles accords d’une guitare comme sur « Never Go Hungry », le soufflé tombe et ne se relève pas.
Mais toute cette débauche d’énergie vaut le coup, qu’elle soit corrompue ou authentique. Car dans les deux cas, cet album marque la fin. La fin de Hole, pour qui c'est sûrement le dernier effort. Un effort au résultat artistique rigide, mais au chant vénéneux. Courtney Love s'échine, saigne et crache sur chaque mot qui explose de sa gorge. Volontaire ou involontaire, la souffrance qui s'en dégage existe bel et bien.

Voilà pourquoi Nobody's Daughter se doit d'être écouté. Malgré ses airs empruntés, la rage de Courtney Love fait toujours frissonner. Bien qu'esseulé, son chant reste dépositaire d'un combat forcené. Personne n'aurait du douter qu'elle le mènerait jusqu'au bout. Quitte à tout perdre. Sur Nobody's Daughter, la chanteuse a pêché par arrogance : elle s'est réappropriée le nom de son défunt groupe, sans réussir à lui apporter la dignité musicale qu'il était en droit d'attendre. Mais elle lui a offert sa dernière agonie vocale, dont le symbole désespéré colle parfaitement à son histoire.
Avec douze ans de retard et autant d'égarements, Courtney Love enfonce sa dernière lame rouillée dans le ventre mou de l'industrie musicale. Ce qui me fait repenser à Johnny Depp, qui disait en intégralité : "Ne jamais tourner le dos à un drogué. Surtout quand il vous agite un couteau de chasse aiguisé comme un rasoir sous le nez."

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- Courtney Love (chant, guitare, composition)
- Micko Larkin (guitare, composition)
- Shawn Dailey (basse)
- Stuart Fisher (batterie)


1. Nobody's Daughter
2. Skinny Little Bitch
3. Honey
4. Pacific Coast Highway
5. Samantha
6. Someone Else's Bed
7. For Once In Your Life
8. Letter To God
9. Loser Dust
10. How Dirty Girls Get Clean
11. Never Go Hungry



             



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