Recherche avancée       Liste groupes



      
ALTERNATIF  |  STUDIO

Commentaires (2)
Parallhit
L' auteur
Acheter Cet Album
 


ALBUMS STUDIO

1996 2 Placebo
1998 3 Without You I'M Nothing
2000 Black Market Music
2003 2 Sleeping With Ghosts
2006 1 Meds
2010 1 Battle For The Sun
2013 Loud Like Love
2022 Never Let Me Go

SINGLES

2021 Beautiful James

COMPILATIONS

2007 Covers
 

- Membre : The Boo Radleys
 

 Placebo City (2729)

PLACEBO - Battle For The Sun (2010)
Par DARK PANDA le 22 Novembre 2010          Consultée 6465 fois

C'est marrant comme PLACEBO ne change jamais. Dans le sens où quoiqu'il fasse, il est toujours aussi bon. Pourtant à chaque nouvel album, une peur sourde taraude les fans que nous sommes : sera-t-il à la hauteur ? La première écoute est généralement mitigée. On y sent de belles mélodies, des tubes potentiels, des pistes fades voir inutiles aussi. Et puis en s'accrochant à la galette, elle se dévoile lentement, dissipant nos doutes honteux et laissant s'échapper toute la magie, intacte, de PLACEBO : ses guitares assourdissantes et virtuoses, son chant étincelant et ses compositions à la fois profondes et efficaces.
De fait, quand je me suis mis à écrire cette chronique pour la première fois - après une ou deux écoutes seulement de Battle For The Sun -, j'ai littéralement incendié le groupe. Manque d'originalité, voix lassante, innovations dispensables (l'aspect symphonique)... Et puis, comme j'écoutais et réécoutais le disque en même temps que j'écrivais, je me suis soudain rendu compte que je n'étais plus du tout d'accord avec moi-même. Après un douloureux mais judicieux "Ctrl A - Suppr", ma feuille virtuelle est donc redevenue blanche et j'ai débuté ce que vous êtes en train de lire, la version définitive d'une pensée enfin mûrie.
Cet exemple me permet de montrer une chose très importante : PLACEBO est un amoureux de la musique et le prouve à travers le rapport incroyablement beau qu'il entretient avec elle. Ses créations ne se découvrent véritablement qu'après un certain temps et avec humilité, celle qui verra l'auditeur préférer approfondir un air à priori insatisfaisant plutôt que de s'en détourner. Et quoi de plus merveilleux pour le mélomane que de constater qu'après analyse, finalement, la musique séduit et emporte au travers d'une justesse géniale ! Tout l'art de PLACEBO réside dans cette volonté farouche de ne jamais céder à la réussite commerciale, en proposant des compositions toujours aussi variées et travaillées.

On retrouve cette fibre dans le nouveau cru du combo anglais, qui s'avère original à bien des égards. Déjà, il a été réalisé sans Steve Hewitt, LE batteur de PLACEBO, présent dans le groupe depuis ses débuts - bien qu'officieusement pour les deux premières années - mais soudainement parti en octobre 2007, après l'enregistrement et la tournée de Meds, suite à des "divergences personnelles et musicales". Un incident qui a semble-t-il sérieusement touché Brian Molko et Stefan Olsdal, les deux seuls membres restants, puisque leur nouveau batteur Steve Forrest n'a été officialisé qu'en août 2008, soit près d'un an plus tard. La ressemblance entre les deux percussionnistes ne s'arrête d'ailleurs pas à leur prénom, puisqu'ils possèdent aussi la même virtuosité derrière les fûts (je sais, je manie les transitions avec panache): l'explosivité de Battle For The Sun, grandement due aux martèlements francs et doués du jeune instrumentiste de 24 ans, s'en ressent constamment (à l'image de la batterie aride et véloce de la pièce initiale, "Kitty Litter").
Le second point d'originalité est la direction musicale prise sur Battle For The Sun. N'ayez crainte, le groupe britannique n'a pas lâché son rock acerbe et mélodique, il l'a simplement étoffé d'apports symphoniques, épars mais pertinents (des violons scintillants sur "Julien" et d'émouvants cuivres sur "The Never Ending Why", pour ne citer qu'eux).
PLACEBO se renouvèle donc après l'austère Meds, comme il aime souvent à le faire, et c'est tant mieux : le titre de l'album annonçait quelque chose d'épique et c'est gagné, grâce à cette incursion d'instruments classiques notamment, qui donne un souffle souvent flamboyant aux titres (l'éponyme "Battle For The Sun" et son final grandiloquent, par exemple).

Durant l'apprivoisement de l'album, on se rend rapidement compte qu'il possède tout ce que l'on est en droit d'attendre de PLACEBO. A commencer par des tubes immédiats, ceux qui sautent aux oreilles dès la première écoute à grands coups de guitares torturées et de mélodies infaillibles (n'y voyez pas de contradiction avec ce que je disais en introduction, PLACEBO sait aussi faire des titres aux vertus instantanées): "For What It's Worth" et son rock chant/riffs reconnaissable entre tous, "The Never Ending Why" avec son rythme assourdissant (guitares distordues, batterie sur-vitaminée, trompettes héroïques) et son refrain entêtant, ou encore "Battle For The Sun", l'œuvre éponyme, dont le chant aux syllabes répétées est l'une des grandes trouvailles de la galette.
Au bout de quelques écoutes supplémentaires, d'autres morceaux plus complexes dévoilent leurs charmes ensorcelés. "Julien" par exemple, un crescendo incroyable de 4 minutes et 43 secondes : débuté sur une ligne légère, presque techno, il monte d'un cran avec l'apparition des guitares et le chant devenu criard de Brian Molko avant de finir en exutoire symphonique, parcouru d'étourdissants violons et de riffs toujours plus acérés. Même chose pour "Breathe Underwater", qui met longtemps à découvrir toutes ses qualités ; le titre est pourtant issu du plus pur style "placeboien", emporté par des torrents de riffs mélodiques et un chant qui se sert des quelques changements de rythme de la musique pour prendre toujours plus d'ampleur.
Dernier palier vers l'extase, les écoutes qui suivent soumettent à l'auditeur les pièces les plus difficiles d'accès de Battle For The Sun, aussi les plus somptueuses. Le rythme y est souvent plus apaisé, à l'image de "Come Undone" : quelques notes de piano, le chant hypnotique de Brian Molko et surtout un fantastique hymne guitaristique, jailli au bout de deux minutes, en font l'un des airs les plus pénétrants du disque... à côté de celui de "Speak In Tongues", peut-être le Saint-Graal de l'album, sillonné par les envolées fragiles et lyriques de Brian Molko et qui emmêle à merveille les passages onctueux (gouttes de piano, chant extatique) et épiques (riffs effrénés, chœurs solaires) sans jamais perdre la justesse de son thème.
"King Of Medicine", ballade rock qui clôt l'album, est du même acabit, si ce n'est qu'elle va encore plus loin: le piano y construit une ligne encore plus aboutie et émotive, Brian Molko un chant encore plus tourmenté. Les premières larmes apparaissent avec l'entrée finale des trompettes, qui achèvent d'empreindre dans l'esprit l'incroyable force de cette mélopée.

Mais on pleure bien avant cette dernière pièce d'orfèvrerie, que ce soit en suivant l'extraordinaire amplitude vocale de Brian Molko sur "Devil In The Details" ou encore les lignes de la guitare soliste dans "Breathe Underwater" et "Come Undone", qui impriment sur la musique comme un hurlement lancinant, d'une prodigieuse sensibilité. On s'enflamme aussi, sur le début canon de "Kitty Litter", la batterie percutante de "happy You're Gone" ou encore le final explosif de "Ashtrey Heart".
Bref, la musique de PLACEBO semble être, comme d'habitude, d'une richesse exponentielle. Tant et si bien que l'on ne peut décemment pas s'en lasser. Le groupe nous avait habitués à un tel niveau de recherche musicale et prouve avec Battle For The Sun que, malgré la réussite commerciale qui le suit depuis Sleeping With Ghosts, il n'a rien perdu de son style si particulier, qui transforme le son des guitares en sentiments exacerbés et le chant en incantation ensorcelée.
Tentons cependant de rester objectif : certains trouveront peut-être le refrain de "Ashtrey Heart" trop poussif, les airs de "Bright Lights" et de "Happy You're Gone" trop naïfs, et j'admets moi-même que de rares morceaux - ces trois-là justement - sont moins bons que tout le reste. Un 4/5 un peu sévère, donc, parce que l'album aurait pu être à l'image de ses trois derniers titres ("Breathe Underwater", "Come Undone" et "King Of Medicine"), c'est à dire une parfaite alchimie où, pour dénaturer Charles Baudelaire, tout n'est que luxe, rage et volupté.

A lire aussi en ALTERNATIF :


PLACEBO
Placebo (1996)
Le meilleur album de placebo ?

(+ 2 kros-express)



PLACEBO
Black Market Music (2000)
Le meilleur album de PLACEBO ?


Marquez et partagez







 
   DARK PANDA

 
   SUNTORY TIME

 
   (2 chroniques)



- Brian Molko (chant, guitare, basse, piano, harmonica, saxophone)
- Stefan Olsdal (basse, guitare, piano)
- Steve Forrest (batterie)
- William Lloyd (basse, guitare, clavier)
- Fiona Brice (violon, clavier)


1. Kitty Litter
2. Ashtray Heart
3. Battle For The Sun
4. For What It's Worth
5. Devil In The Details
6. Bright Lights
7. Speak In Tongues
8. The Never-ending Why
9. Julien
10. Happy You Are Gone
11. Breathe Underwater
12. Come Undone
13. Kings Of Medicine



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod