« Pneu », c’est en soi un mot qui prête à sourire. Comme chausette ou encore saucisson. Carotte est pas mal aussi. Je vais à un concert ce soir. Ah ouais c’est qui ? …Pneu. Ah ah ah.
D’ailleurs les Pneu, ce sont des marrants. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à la tracklist pour se régaler des quelques calembours pas piqués des hannetons. Même dans sa musique, Pneu arrive à injecter de l’humour (les dernières notes de l’album).

Il y a aussi cette prodigieuse énergie qui jaillit, par saccades, dès l’entame de « Autosafe Unicorn ». Comme quoi on peut jouer du math rock sans donner la migraine à l’auditeur. Ici, pas de branlette à la Don Caballero, il n’y a aucun temps mort ni aucun riff inutile. Deux infos pour le prix d’une là, car oui, chez Pneu, on entend du riff et pas que du mou du genou (« Grill Your Eyes », « Choux Crâne »). Cela étant, les deux tourangeaux ont probablement injecté un peu plus de respirations sur leur second album, en témoigne l’introduction tout en effet de « Batatanana », qui évolue rapidement en véritable cyclone. On appréciera aussi l’aéré « Waggy’s Cup ». De quoi souffler un peu entre les multiples mandales éparses.

Caractéristique assez savoureuse, Pneu se la joue carrément zouk dans moult breaks ! Leur ancienne page myspace au désign atroce indiquait d’ailleurs que le groupe jouait du zouk tropical, ce que l’internaute presque pas dupe balayait d’un sourire, un de plus. Et puis, à l’écoute, autant stupéfait que satisfait, finalement, on se fait la remarque que oui, mine de rien, Pneu est parfois sacrément tropical (l’interlude (?) « Tropicon ») ! Ce qui frappe aussi l’auditeur de Highway To Health, c’est vraiment le très très gros son de l’album par rapport au valeureux premier effort du duo, Pince Monseigneur, toujours édité chez l’héraultais Head Records. Fini la sècheresse des percussions, le son est devenu beaucoup plus rond, plus gras avec un côté presque stoner ! Le break bluesy de « Highway To Health » ne me contredira pas.

Ce deuxième long format a été enregistré aux Etats-Unis par Kurt Ballou, le guitariste de Converge, une pointure du punk/hardcore. Autre pointure, Eugene S.Robinson, frontman chtarbé d’Oxbow, autre grand groupe de l’indé., déclame sur « Knife Fight » des lignes dignes d’un groupe de gangsta rap. Pas le sommet de l’album ceci dit. Notre mère la France peut être fière d’avoir enfanté un rejeton math rock à la dimension internationale !

Délirant, cathartique, impressionnant. Une voie d’entrée royale vers le math rock.