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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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2011 Oserais-Je

Aurélie CABREL - Oserais-je (2011)
Par MARCO STIVELL le 30 Novembre 2011          Consultée 2979 fois

Après deux ans de préparation, voici que la première oeuvre de miss Aurélie CABREL paraît dans les bacs en cette fin 2011. Dans les diverses interviews, la première fille du grand chanteur d'Astaffort révèle son expérience qu'elle dit enrichissante et répond à quelques questions d'élargissement par des sentiments profondément humanistes et écologistes. Ce dernier détail ne saurait nous surprendre quand on sait que la jeune femme revendique une âme résolument rurale. Plus en rapport avec son entourage musical, elle anticipe la vague de critiques (à laquelle nous ne participerons pas) qu'elle subira par rapport à la volonté de mettre en avant son hérédité. Ses rapports avec son père ont toujours été excellents et des critiques, Aurélie en a connu bien avant de se mettre à la chanson.

Le plus étonnant à l'écoute de son disque, et qui frappe d'emblée, c'est le choix d'une réalisation musicale assez éloignée de ce que la jeune femme défend. Oserais-je (dont le titre ramène bien entendu à la prise de risques que l'on sait) a été confié dès l'étape de la composition à l'artiste Esthen qui s'occupe donc aussi des arrangements, de la production. Tout au long du disque, ou presque, on navigue entre de grosses guitares, une rythmique de plomb et des bidouillages électroniques qui, pour une âme rurale, sonnent complètement urbains. Qu'Aurélie CABREL fasse du hip-hop, cela aurait été nettement plus surprenant bien sûr, mais par exemple elle n'a nullement choisi de marcher sur les traces de son père pour ce qui est de défendre une musique folk dont les guitares sonnent aussi sèches que les champs de céréales à la belle saison. C'est tout à son honneur, cela dit, conserver le nom mais ne pas répéter les recettes du père. Mais on s'aperçoit vite que le succès artistique de Francis ne s'est pas installé ici autant qu'on l'aurait cru, voire voulu.

Le fait est que d'abord Aurélie ne fait pas preuve d'une identité vocale marquante, c'est le moins qu'on puisse dire. Loin de moi l'idée de dire qu'elle n'a pas de voix, mais si c'était effectivement le cas, elle ne s'en sert pas un seul instant. Tout le long du disque, elle se contente de susurrer les mots, sans déclencher le moindre frisson chez l'auditeur, et insufflant même à la musique une certaine lancinance, sachant que l'ornementation n'est pas non plus particulièrement brillante. Le coup de la voix sans grande saveur que rattrapent des arrangements musicaux consistants (grâce à un collaborateur doué pour ça), cela pouvait fonctionner chez Mélanie Laurent (dont le disque est sorti plus tôt dans l'année) mais hélas, pas ici.

La plupart du temps, nous avons affaire à une forme de pop-rock très 'dans l'air du temps', à base de guitares grasses et d'effets électro, ces deux dernières entités prenant le dessus selon la chanson qu'on écoute. Les synthés tendent à densifier un peu le propos, tandis que les guitares restent linéaires, sans folie, y compris lors des moments instrumentaux (généralement en fin de chanson) où elles auraient pu se le permettre. Cela donne un peu l'impression d'écouter une musique qui aimerait s'autoriser des roues libres mais n'y parvient pas. C'est dommage car il ne reste qu'un goût de linéarité et de lancinance (dû au "chant") constants. Je ne parle pas de l'indigence des choeurs avec des 'ouh ouh' et des 'palapapalala' qui font plus sourire (mais pas de compassion) qu'autre chose. Les deux ou trois escapades folk espérées ne se rencontrent que dans "J'ai cherché" qui rappelle un peu R.E.M., ou le pont/rupture de "Un rien" qui figure parmi les très rares idées notables du disque du point de vue musical. Seul le piano se détache réellement, offrant une ou deux descentes exquises dans la dernière chanson, ou une partition mignonne sur "Monde en sucre" où il occupe tout le spectre sonore.

Quant aux textes, ce n'est pas tant qu'ils manquent eux-mêmes de consistance, mais leur impact se trouve amoindri par le 'chant', quand il n'est pas carrément de l'ordre inverse : je pense en particulier à l'ouverture de "De l'homme à l'animal" où le Avant tout, que ce soit clair entre nous prononcé ainsi provoque le haussement de sourcil. Dans la première partie du disque, Aurélie CABREL emploie souvent des images pour caractériser ses sentiments lors des couplets, tandis qu'au moment des refrains elle revient à quelque chose de plus 'basique' (Viens mon amour dans mes bras, un rien me brise, Toi qui t'endors dans mes bras, que feras-tu de tes dix doigts ?). La tristesse suggérée amène une certaine candeur, y compris dans les messages les plus 'rebelles' ("Oserais-Je ?") sans jamais parvenir à émouvoir.

Pour le disque entier, il faudra d'ailleurs repasser à ce sujet. Une première réalisation de ce type censée mettre en avant une identité textuelle et musicale ne parvient qu'à sonner maladroite et impersonnelle, pour rester dans les tranches polies des qualificatifs traduisant une déception de taille. Non pas que j'attendais grand-chose de ce disque, tout juste espérais-je donner ses lettres de noblesse à la fille comme au père.

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   MARCO STIVELL

 
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1. Un Rien
2. J'ai Cherché
3. Dix Doigts Demain
4. Oserais-je
5. Abracadabra
6. Âme Soeur
7. De L'homme à L'animal
8. Tourne Encore
9. Je Te Tatoue
10. Monde En Sucre
11. Où ?
12. La Vie Devant Nous



             



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