Le trio country-pop LADY ANTEBELLUM récidive en cette année 2011 avec un troisième album propice à occuper pendant quelques temps la plus haute place des charts américains. Il faut dire que ce genre est devenu depuis 2005 une mine à succès contenant un nombre incalculable de chanteuses (pêle-mêle Taylor SWIFT, ou bien Michelle Branch et Jessica Harp au sein ou en dehors des Wreckers) tenant à faire valoir chacune plus ou moins leur préférence pour la pop grand public ou la country traditionnelle. Pas étonnant que ce genre plaise facilement aux jeunes Américain(e)s qui ont encore une certaine reconnaissance envers leurs racines musicales, ou qui trouvent qu'elle sonne mieux ainsi, qu'à la manière de 'ces bouseux de Texans' !

Il est vrai que si on est allergique à cette country typiquement rurale et dont le son n'a que peu évolué entre les débuts du XXème et du XXIème siècle, il reste cette fusion on peut dire miraculeuse avec la pop qui, à défaut d'inventer réellement quelque chose, se révèle toujours au moins agréable et efficace. En témoignent les treize chansons de ce nouveau LADY ANTEBELLUM.

Le groupe a l'avantage d'avoir cette dualité homme-femme, qui prend le parti de mettre naturellement en avant le duo, ne réservant que quelques couplets aux prestations solo de Charles Kelley et Hillary Scott. Lui, c'est le jeune premier à la voix légèrement marquée par tous ses incessants va-et-vient entre Abilene et San Diego. Elle, c'est la princesse de Phoenix qui choisit de ne pas l'accompagner et qui entretient le foyer jusqu'à son retour. Quoiqu'il en soit, leurs deux voix fonctionnent parfaitement pour ce type de musique, ce qui n'est déjà pas si mal quand on sait combien celle-ci se veut charmeuse.

Sur treize chansons, on ne retient que des tubes potentiels ou presque. Du sautillant "We Owned the Night" aux ballades langoureuses dans le style de "As You Turn Away" en passant par un "Love I've Found in You" plus volontiers proche de la tradition country, l'homme et la femme, bien secondés par leur six-cordiste et mandoliniste Dave Haywood, nous font voyager au gré des quatre vents sur les espaces immenses du grand Ouest. Pas besoin de se forcer à constater que cela fonctionne : quand on aime le style, on entre vite dans l'ambiance et on se laisse porter par ces mélodies tour à tour entraînantes et léchées, l'alchimie de ces deux voix portées par une guitare incisive, un violon virevoltant, une pedal-steel plaintive ou des cordes dramatiques. On ne peut toutefois pas prendre le contrepied de certaines critiques mitigées disant que la musique du groupe, tellement ancrée dans ce qui se fait de bien dans le genre, manque un peu de personnalité. Chez les Wreckers aussi on entendait ces guitares, cet orgue ronronnant qui tendent à donner un peu de caractère.

Et du coup, c'est au milieu de cette efficacité permanente qu'une chanson comme "Cold as Stone" apparait comme providentielle. Ballade folk pourtant classique dans sa réalisation, elle sonne encore plus belle que le reste, plus 'vraie', encore transcendée par cette coda inattendue où des whistles irlandais se promènent sur des cordes à la MORRICONE. Pas si prévisible que cela, et d'autant plus savoureux !

Il résulte de tout cela un album fort sympathique, homogène dans le style comme dans la qualité, qui nous laisse toutefois avec l'interrogation de rigueur : le groupe va t-il encore longtemps se reposer sur ses lauriers ?