Aussi paradoxal que cela puisse paraître, A Perfect Circle était un groupe connu avant même qu’il ne sorte son premier disque. Pourquoi ? Et bien la réponse est toute simple: A Perfect Circle réunit Maynard James Keenan le grand, l’immense, le géniallissime chanteur de Tool ; le chauve guitariste et centre nerveux du groupe Billy Howerdel qui a bossé avec Nine Inch Nails, Tool, ou encore David Bowie (rien que ça !) ; le surdoué et beau gosse (Quoi je suis une groupie? Tsssss) batteur Josh Freese, (si je devais vous écrire une liste de ses collaborations ça prendrait toute une page mais citons tout de même Evanescence, Suicidal Tendencies, Guns N’ Roses, Chris Cornell…) ; Troy Van Leeuwen (ex-Failure, Queens of the stone age) et Paz Lenchantin. Alors, évidemment, avec un tel casting, A Perfect Circle était dans la ligne de mire des médias, et avait la quasi-obligation de ne pas faire de la soupe.

La recette de ce Mers de Noms ? Une louche généreuse de mélodies imparables, arrosée de guitares puissantes et élégantes, le tout saupoudré par la voix sublime de notre maître Maynardo. Ce qui prime ici, c’est l’efficacité : les morceaux sont francs et directs et ne font pas de concessions. Comment ne pas succomber au charme de « The Hollow » qui nous offre un déluge de guitares le tout desservi par une mélodie des plus accrocheuses ? Le disque enchaîne avec tout autant de tubes tels que le fabuleux « Judith », (à lui seul ce titre justifie l’achat du disque), un morceau percutant et puissant avec un Maynard au meilleur de sa forme. Et la ballade « 3 Libras », tendre et mélancolique à souhait, ainsi qu'« Orestes », un peu en deçà mais d’une tristesse contagieuse (je sors toujours bien déprimée de ce morceau, à éviter les dimanches de mois de Novembre bien grisallioux).
Mais alors ce disque il est parfait ?…Et bien non, c’est d’ailleurs bien connue, la perfection ça n’existe pas. Le groupe à notamment la fâcheuse tendance à faire des albums en dent de scie. Le manque d’homogénéité est presque une tradition chez eux. Et Mers de Noms ne déroge pas à la règle (il est moins hétérogène qu’eMOTIVe mais plus que Thirteenth step). On passe de l’excellent (« Judith », « Thinking of You »…), au bon comme avec « Magdalena » et sa jolie progression avec son ptit solo au milieu pas désagréable, et puis il y a du mauvais. L’anecdotique « Over » semble avoir pour seule utilité de rallonger la durée du disque et « Rose » est une pale copie de "Magdalena". Le potentiel de composition de Billy Howerdel n’est pas toujours bien exploité et il semble avoir manqué d’inspiration sur certains titres.

Certaines marches à franchir ont été ratées, ce qui est dommage compte tenu du potentiel artistique et émotionnel du groupe. Cependant, il s’agit d’un groupe jeune, qui a du talent à revendre, et il le prouve à plusieurs reprises sur ce disque. Mers de Noms bénéficie déjà d’un son et d’une personnalité bien ancrée, et ce premier essai reste dans l’ensemble plutôt concluant. Un disque en somme fait de haut et de bas, mais les meilleurs titres sont suffisamment (voir très) convaincants pour emporter la mise.

A écouter en priorité: The hollow, Judith, 3 Libras