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1981 Red

BLACK UHURU - Red (1981)
Par KLEMAN le 24 Février 2012          Consultée 2892 fois

Nous sommes en 1981 en Angleterre, trois ans après la sortie de « Handsworth Revolution » de Steel Pulse, l'autre grand groupe reggae anglais du moment (avec Black Uhuru bien sûr). On entend à cette époque les prémices instrumentaux de roots très épuré et des gros duos basse-batterie qui, couplés aux expérimentations électroniques qui avaient déjà lieu de l'autre côté de l'Atlantique (je parle de Lee Scratch Perry), donneront les bases musicales de milliers de groupes pour au moins les 30 années suivantes, j'ai nommé le DUB. Bon, comme chaque histoire d'un style musical, certains me rétorqueront foule d'arguments qui laisseraient penser que ça date d'avant, ou que c'est pas encore du dub, les deuxièmes auraient quand même vachement tort.


En jetant un petit coup d’œil au line-up de cet album, ça pique les yeux : Black Uhuru vient d'accueillir deux ans plus tôt Sandra Pupa Jones... c'est elle qui donnera le grain Black Uhuru sur les chœurs avec Duckie Simpson. On y retrouve aussi le légendaire duo basse-batterie Sly Dunbar / Robbie Shakespeare (« Sly and Robbie »), et Michaël Rose au chant. Les autres zikos resteront un peu moins dans les annales, mais on notera (déjà en 81 !) des collaborations avec Don Carlos (un des fondateurs de Black Uhuru au début des 70's), Dennis Brown (« Rentman » et « Wood For My Fire » on été enregistrées sur son label), et même Stevie Wonder. Bref, que du beau monde.

C'est pourtant en 1981 que le groupe se révèle et sort son album magique intitulé « Red ». Moi, je l'ai découvert dans le bus à 14 ans. Les tout premiers baladeurs mp3 sortaient, le miens contenait trois albums (on pouvait pas en mettre plus) : « Burnin' » des Wailers, « Jericho » qui venait tout juste de sortir d'Israël Vibration, et « Red » des Black Uhuru. D'ailleurs, deux des trois sont parus chez « Island Record », je vous laisse trouver lesquels.

Je n'ai toujours pas vraiment commencé cette chronique et je ne sais pas trop par quel bout prendre cet opus tellement les « Sponji Reggae » et autres « Youth of Eglington » sont pour moi des tracks aussi mythiques que peuvent l'être des « Knokin' on the heaven's door », « Starway to heaven » ou « Hey Joe ».pour d'autres (peut être pas au point de « Natural Mystic » ou « Burning and Looting » quand même, mais pas loin).

L'album démarre sur un riddim batterie plutôt ska pourtant, avec cette caisse claire en 2 et en 4, mais qui sonne tellement roots avec les cocottes guitare funky derrière et des chœurs terriblement reggae et tellement particuliers au groupe. Et puis arrive le gros roots, celui qui tâche, avec le xylophone qui te fait cette mélodie qui reste 15 jours dans la tête, les slides de Robbie Shakespeare à la basse, le lien avec la batterie de Sly Dunbar, et cette voix de Michael Rose qui te clame des « Sponjie Reggae » à t'en faire péter le crâne. Ça pousse au cul cette voix éraillée, ce refrain qui revient, sans cesse, et quand c'est pas le refrain c'est le xylohone. C'est sur ce point que je vois l'aspect dub, sur les arrangements.

Ce son de « Sponjie Reggae », c'est le son de « Red », sur « Sistren » (le troisième titre de l'album) on se retrouve exactement dans la même ambiance, en mode un peu plus dub parce qu'un peu plus instrumental comme morceau.

« Journey », le morceau suivant, se dégage un peu avec cette envie de sortir de quelque chose qui peut être jugé de très linéaire, et impose cette saccade à la batterie sur la deuxième partie de la phrase. On retrouve le talent de Sly Dunbar sur « Puff she Puff » ou « Rockstone », dans lesquels le batteur impose des rythmiques réellement originales tout en gardant la vibe roots. Mes compatriotes rockeurs vont se foutre de ma gueule si je dis que c'est osé comme variations mais … c'est quand même osé comme variations. Plus sérieusement, Sly Dunbar et Steve Nisbett (de « Steel Pulse ») sont selon moi les batteurs ayant le plus osé de choses sur du reggae typical roots, et souvent avec succès, contrairement à beaucoup d'autres batteurs de reggae se reposant sur des rythmiques pré-établies par des décennies de roots-reggae music, et trop souvent influencés par le rock et la pop (styles qui ne brillent pas par leur performances purement rythmiques à la batterie, merde j'viens de me mettre 90% des amateurs de musique à dos) à mon goût.

« Utterance » : parce qu'une musique sans accords majeurs c'est une piste sans danseurs. On arrive à « Puff She Puff », légendaire, toujours la même recette qu'au début de l'album, et enfin « Carbine », pour un album d'une énergie folle, d'une fraîcheur rare et d'une qualité sans pareille. C'est du 5/5, bravo !

Une seule critique : pourquoi seulement 8 pistes ? Parce qu'elle font presque toutes plus de 5 minutes ? Mais, pourquoi seulement 5 minutes alors ? … ah oui, « Sponjie reggae » est sortie en version longue … 10'30, ça va faire plaisir à Bibi ça !





ps. Les deux albums parus chez « Island », c'est « Burnin' » et « Red » bien sûr ;)

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- Michael Rose (chant)
- Derrick 'duckie' Simpson (choeurs)
- Puma Jones (choeurs)
- Sly Dunbar (batterie)
- Robbie Shakespeare (basse)
- Ranchie Mclean (guitare rythmique)
- Mikey Chung (guitare rythmique)
- Radcliff 'dougie' Bryan (guitare solo)
- Barry Reynolds (guitare solo)
- Robert Lynn (claviers)
- Keith Sterling (claviers)
- Uziah 'sticky' Thompson (percussions)


1. Youth Of Eglington
2. Sponji Reggae
3. Sistren
4. Journey
5. Utterance
6. Puff She Puff
7. Rockstone
8. Carbine



             



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