SIX ORGANS OF ADMITTANCE c’est vraiment n’importe quoi. Ils ne sont pas six ils sont… un. Ben Chasny se cache en effet derrière ce patronyme assez étrange. Asleep On The Floodplain est son dix-septième album en à peine 13 ans !

Plus qu’un album, il s’agit d’un recueil de titres épars, enregistrés entre 2007 et 2010 par Ben, à la maison. Un album comme au bon vieux temps donc, où Chasny enregistrait ses albums tout seul, sur un enregistreur 4 pistes tout pourri. Il est amusant de noter que l’artiste a veillé à préciser dans les notes de l’insert quels sont les morceaux qui relèvent de solo de guitare acoustique pur, et quels sont ceux qui ont requis l’emploi d’overdubs. Modestie qui honore Chasny. A moins que, et c’est peu probable, ce ne soit prétentieux ?
- Ouais je sais, ce solo il est terrible et je l’ai sorti en un seule prise. Je suis un killer.
- Non mais là j’ai utilisé des overdubs donc j’ai pas de mérite les loulous. Je ne suis qu’une merde.

Le solo d’introduction, overdubé pour le coup, constitue une bonne entrée en matière. Tout ce qu’il y a de plus simple, la mélodie fonctionne, sans envoyer non plus jusqu’au septième ciel. Elle donne juste envie de rentrer encore un peu plus dans ce recueil. Les instrumentaux naviguent entre mélancolie (« Saint Fisherman », « River Of My Youth ») et quiétude (l’évocateur « A New Name On An Old Cement Bridge »). Soyons honnête, beaucoup relèvent du brouillon. Oh le vilain mot ! Le terme « recherche » eût été autrement moins péjoratif.

Les habitués de SIX ORGANS OF ADMITTANCE le savent, il s’agit de tripper. Chasny nous y aide grâce à l’utilisation de drones électriques, savamment mélangés à la guitare acoustique (« Brilliant Blue Sea Between Us »), grâce à l’utilisation de chœurs (« River Of My Youth », avec la participation d’Elisa Ambrogio des Magik Markers) ou encore de guitares hypnotiques (la longue introduction psyché de « S/Word And Leviathan », inspiré par la théologienne féministe Catherine Keller).

Asleep On The Floodplain n’est cependant pas le plus psychédélique des albums de SOOA. Sa simplicité en fait probablement un des albums les plus pertinents pour qui veut découvrir la discographie du groupe. Le revers de la médaille étant qu’il peut paraître insipide.

Bon appétit quand même.