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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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1973 Boulders
1975 Mustard
 

- Membre : The Move , Electric Light Orchestra, Wizzard

Roy WOOD - Boulders (1973)
Par BAAZBAAZ le 9 Août 2012          Consultée 1931 fois

La sortie de Boulders, en 1973, est un évènement totalement anachronique. C’est en fait le vestige d’un passé lointain et révolu, une période bénie des dieux qui ne vit plus que dans l’esprit d’une poignée de nostalgiques : les années 60. Car tout est allé très vite. Le rock psychédélique a relégué les mods au rang de dinosaures, puis s’est ouverte l’ère du hard rock et du prog. Autant de styles qui règnent sans partage au moment où sort cet album solo de Roy Wood, sur lequel tout n’est que délicatesse pop, chœurs aigus et instrumentations baroques. Que vient faire un tel disque dans ce contexte ? Face aux culs-terreux du boogie, face aux intellos qui ne jurent que par des chansons d’une demi-heure, c’est presque une hérésie.

En fait, Wood n’a pas fait exprès. Boulders, en effet, est un vieux projet resté dans les cartons des années durant. Certaines des chansons présentes ici datent de ses débuts, et ont été composées en même temps que les premiers tubes de THE MOVE. Tout était prêt en 1969, mais l’album s’est alors heurté au veto du terrible Don Arden (manager impitoyable et futur beau-père… d’Ozzy Osbourne). Lorsqu’il sort enfin, un arôme d’innocence perdu flotte donc sur une musique qui contraste fortement avec le glam teigneux et outrancier de WIZZARD, nouveau groupe à succès du petit génie de Birmingham.

Dans le monde bruyant des années 70, c'est une bouffée d’air frais. Wood y pousse à l’extrême son talent éclectique, jouant de la quasi-totalité des instruments, assurant les chœurs, se chargeant seul des arrangements et de la production. Surtout, il reste focalisé sur ce qu’il fait le mieux : des chansons courtes, subtiles et entraînantes, à travers lesquelles il exprime un savoir-faire inouï sans verser dans ses excès habituels. On est loin des morceaux épiques et emphatiques de Looking On, ou du boucan infernal du premier WIZZARD. A la place, on a un assemblage délicieux de pop rayonnante et de rock endiablé.

Les compositions de la première catégorie sont parmi les plus mémorables de sa carrière et font du disque la grande œuvre mélodique que les fans de THE MOVE guettaient depuis longtemps. Ainsi, « Song of Praise » et « Nancy Sing Me A Song » sont de fines toiles sonores patiemment tissées, tout en grâce et en nuances mais évitant l’écueil de la mièvrerie. Et si « Dear Elaine » peut paraître douçâtre ou plaintive, l’univers baroque qui s’y dévoile se révèle finalement fascinant. La chanson fait d’ailleurs un parcours honorable dans les charts anglais, sans rencontrer toutefois – c'est aussi le cas de l’album – l’accueil espéré par Wood.

Mais Boulders sait aussi être rock. C’est ce qu’atteste le formidable « All the Way Over the Hill », pièce maîtresse qui démarre en trombe et entraîne dans son sillage un festival de chœurs doo-wop irrésistibles. De même, le medley final un rien hétéroclite qui clôt le disque est admirable, avec une incursion réussie dans le rockabilly. Tout n’est peut-être pas aussi parfait (« Rock Down Low » est sympathique mais un peu lourdaud), et l’on relève même une faute de goût (le ridicule « When Gran’ma Plays the Banjo ») mais qu’importe : tout cela est jubilatoire.

Le plus étonnant est la sobriété inhabituelle du projet. Avec cet album, Wood lève le pied sur l’excentricité. Hormis quelques rechutes (l’atroce petit bruit mouillé – obtenu en tapotant de l’eau – qui sert de percussion à « Wake Up »), il suspend son goût pour la provocation et l’enlaidissement. Même la pochette, en fait l’une de ses propres peintures inachevée, est agréablement simple. On est loin de WIZZARD, qui le voit se couvrir de peinture, se teindre la barbe et les cheveux et produire le maximum de bruit aux côtés d’une bande de malotrus grimés et déguisés. D’autres disques solos ont suivi, mais seul Boulders incarne cette forme d'apaisement. En ce sens, c’est une parenthèse incongrue qu’il faut apprécier à sa juste valeur.

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   BAAZBAAZ

 
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- Roy Wood (tous les instruments dont chant, guitares, basses)
- John Kurlander (harmonium)


1. Songs Of Praise
2. Wake Up
3. Rock Down Low
4. Nancy Sing Me A Song
5. Dear Elaine
6. All The Way Over The Hill / Irish Loafer
7. Miss Clarke And The Computer
8. When Granma Plays The Banjo
9. Rockin' Shoes/She's Too Good For Me/Locomotive



             



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