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Paul WELLER - Sonik Kicks (2012)
Par BAAZBAAZ le 23 Avril 2012          Consultée 3665 fois

Les songwriters vieillissent mal. Allez savoir pourquoi, mais l’art de l’écriture pop/rock semble terriblement éphémère. Il n’y a qu’à constater la longue et pénible agonie d’un McCartney, d’un Bowie, des Jagger et Richards pour en avoir la confirmation. Et ce déclin a été particulièrement net pour les génies qui sillonnaient Carnaby Street dans les années 60. Ray Davies, malgré quelques bonnes chansons dans les années 70, a épuisé toute son inspiration aux environs de 1969. En même temps que Pete Townshend qui, avec l’insupportable Tommy, amorçait lui aussi son triste déclin. Ceux-là avaient atteint de telles hauteurs que l’assèchement irrémédiable de leur talent constitue encore une sorte de mystère.

Peut-être faut-il tout bêtement la convergence de choses très fugaces pour qu’émerge un grand songwriter : la jeunesse, l’esprit d’une époque, de nouveaux sons… PAUL WELLER, quoi qu’en pensent les critiques rock – qui en ont fait leur chouchou depuis plus de trente ans – n’échappe pas à cette fatalité. Le temps où il proposait une musique aussi neuve et bouillante qu'érudite avec THE JAM est définitivement révolu. Déjà, les expérimentations de THE STYLE COUNCIL dans les années 80 étaient inégales, même si quelques sommets furent encore conquis brillamment. Et sa carrière solo, entamée en 1992 et forte à présent de onze albums, n’échappe pas à la malédiction du compositeur vieillissant : baisses de régime, passages à vide… Nul ne prétendra qu’il n’y a aucune faille dans la discographie du Modfather.

Avec un petit bémol, toutefois : PAUL WELLER a réussi régulièrement à se renouveler et s’est révélé capable, au fil du temps, de rompre avec ses habitudes, de sortir de son petit confort et de réjouir ainsi une Angleterre qui a célébré chacun de ses albums avec enthousiasme. Porté au milieu des années 90 par la déferlante Britpop dont il fut intronisé comme le parrain et le saint patron, il a su se réinventer au cours de la décennie suivante. Dès 2002, il collaborait ainsi sur Illumination (disque un peu mollasson) avec Simon Dine, DJ et producteur, membre du duo electro/soul NOONDAY UNDERGROUND. Depuis, leur association n’a cessé de prendre de l’ampleur, culminant en 2010 avec l’excellent et exigeant Wake Up the Nation.

Avec Sonik Kicks, cette collaboration est portée à un degré supérieur, les compositions de Weller étant associées à des sonorités electro déstabilisantes au premier abord. Déstabilisantes ? C’est peu dire. Dine tisse autour de WELLER une toile musicale dense et opaque, parfois agressive, qui donne à l’ensemble un aspect glacial et désincarné, voire parfois… bourrin. Certains ont évoqué le Krautrock ou le rock gothique. D’autres parlent de l’influence du BOWIE berlinois. Mais l’impression initiale est surtout celle d’une voix déconnectée de la musique, flottant au-dessus d’une mer de sons désagréables et finalement assez convenus là où l’on est en droit d’attendre une certaine richesse instrumentale. Pour le dire autrement, la première écoute laisse un goût amer, et la tentation est grande – face à un artiste ayant si bien servi la cause chaleureuse du punk et de la soul – de crier à la trahison.

Et puis, peu à peu, tout se met en place, et c’est le miracle. Au fil des écoutes, la luxuriance des arrangements devient évidente, de même que la parfaite adéquation entre les mélodies vocales de WELLER – peut-être ses meilleures depuis le début de sa carrière solo – et une musique dont la subtilité et l’inventivité se dévoilent lentement. Et si « Green », martiale et peu mélodique, est une entrée en matière volontairement dérangeante, la suite est une succession de petits rêves sonores, parfois dansants (« Kling I Klang » et son rythme ska un peu putassier mais efficace), et parfois plus fins et posés, tel ce « Study In Blue », élégante promenade soul/jazz qui se termine par une séquence instrumentale mémorable où affleure le dub. Rescapé du merdier trip-hop, Dine prouve qu’il a su se délester des excès cotonneux propre au genre pour en conserver la quintessence.

Il y a, sur Sonik Kicks, de vraies grandes chansons à classer sans hésiter parmi les plus belles œuvres de WELLER : « That Dangerous Age », court et dynamique (avec cet exquis « sho-oop »), recrée la magie de son premier disque solo, tandis que « Dragonfly » et « When Your Garden's Overgrown » sont de parfaits brûlots welleriens, à la fois rythmés et atmosphériques. La voix, chaude, maîtrisée, avec son timbre si spécifique – moins chevrotante que sur Wake Up the Nation – est alors en parfaite osmose avec l’opulent tapis electro-rock déroulé par Dine. Et c’est finalement avec le magnifique « Paperchase », envoutant et solennel, que la collaboration entre les deux artistes connait son apogée. Peu importe alors que Noel Gallagher et Graham Coxon soient de la partie. Leur présence anecdotique est éclipsée par l’efficacité des compositions.

Quelques chansons mineures (« By the Waters », plus mièvre, ou le lourdingue « Drifters ») font profil bas mais sont assez intéressantes pour ne pas gâcher la fête. Et tout à coup, on réalise : en quelques année, WELLER vient d’aligner coup sur coup plusieurs très bons albums. Là où de vieilles gloires qui peinaient déjà à le concurrencer à l’époque de THE JAM n’en finissent plus de se ridiculiser, quitte à entraîner tout un orchestre dans leur naufrage (pauvre Sting !), il a gardé le talent et la classe. Mais c’est normal. Sur la pochette, le costard et la coupe de cheveux donnent une réponse à ceux qui cherchent le secret de sa longévité : PAUL WELLER est resté un mod, et un mod a toujours pour lui le talent et la classe.

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- Paul Weller (chant, guitares, piano, farfisa, mellotron)
- Simon Dine (guitares, échantillonneur, violon électronique)
- Steve Cradock (guitares, batterie)
- Noel Gallagher (guitares, basse)
- Graham Coxon (guitares)
- Aziz Ibrahim (guitare acoustique)
- Andy Crofts (guitare, basse, celesta, vibraphone, glockenspiel)
- Andy Lewis (basse, celesta, vibraphone, glockenspiel)
- Marco Nelson (basse)
- Roger Nowell (basse)
- Ben Gordelier (batterie)
- David Nock (batterie)
- Steve Pilgrim (batterie)
- Charles Rees (batterie)


1. Green
2. The Attic
3. Kling I Klang
4. Sleep Of The Serene
5. By The Waters
6. That Dangerous Age
7. Study In Blue
8. Dragonfly
9. When Your Garden's Overgrown
10. Around The Lake
11. Twilight
12. Drifters
13. Paperchase
14. Be Happy Children



             



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