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2012 Interludes After Midnight
 

- Style : Rjd2, Wax Tailor

BLOCKHEAD - Interludes After Midnight (2012)
Par MARTIN le 1er Juin 2012          Consultée 2428 fois

Un grand mal guette tout artiste à la carrière déjà bien entamée. Nommons-le sobrement "le syndrome du retour aux sources". Les symptômes annonciateurs sont en général assez simples à identifier. L'artiste (ou le groupe) a eu des débuts assez fracassants, et s'est rapidement assuré une base de fans solide. À un moment donné, il a changé, il a voulu faire évoluer sa musique parce que de l'eau a coulé sous les ponts depuis ses débuts, et que sa vision de son art n'est plus tout à fait la même. Il s'est retrouvé face à une horde de critiques (et surtout de fans généralement) qui n'ont pas encaissé ce changement. Soit parce qu'il est raté, soit parce qu'il est incompris : les auditeurs ne retrouvent pas dans cette nouvelle direction ce pour quoi ils étaient tombés amoureux alors. Certains artistes survivent à cet affront, persévèrent et réussissent même à emmener peu à peu avec eux critiques et auditeurs.

D'autres subissent le syndrome de plein fouet, et se plient à ce retour aux sources tant demandé. Ils reviennent à quelque chose qu'ils maîtrisent parfaitement. Le souci étant qu'à de rares exceptions près, ces retours n'égalent jamais la source. Sans danger, sans lâcher prise, à trop vouloir garder cette maîtrise, l'artiste finit par ne plus vraiment créer.

Anthony Simon, alias BLOCKHEAD, producteur new-yorkais ayant fait ses premières armes avec le rappeur AESOP ROCK, est de ceux qui ont été touchés par ce fléau (eh oui ! quelle surprise). Un premier album (sortit sur le prestigieux label Ninja Tune) qui fit grand bruit dans le petit monde de l'Abstract Hip Hop, suivit d'un second (presque) autant acclamé. Ces deux albums, délivrant une musique downtempo à l'esthétique plutôt froide, presque mélancolique, furent suivit d'Uncle Tony's Coloring Book qui proposait un ensemble bien plus coloré donc, presque festif pourrions-nous dire. Sans être complètement rejeté, il n'eut pas le même succès d'estime que les autres. L'album n'était certes pas excellent, mais avait le mérite de faire avancer le schmilblick. BLOCKHEAD revint alors 2 ans plus tard avec The Music Scene, qui annonçait clairement la couleur, avec ce sample :

"The music scene has made me down, cause I don't want to be a clown".

Et voilà. Pauvre BLOCKHEAD, tiens. Méchants fans. Et dire que j'en étais, de ceux qui réclamaient ce retour aux sources. Heureusement, le savoir-faire de l'artiste fait plus que sauver l'album, même s'il n'est à mon sens pas du niveau des deux premiers.

Avec ce 5e album, Interludes After Midnight, BLOCKHEAD ne change rien et s'enfonce encore plus confortablement dans ce qu'il sait faire, quitte à être parfois à la limite de se caricaturer. Le son d'Interludes After Midnight consiste en un hip-hop instrumental au rythme plutôt lent, s'abreuvant de nombreux samples (cette fois apparemment tirés des années 80, mais ça ne change à peu près rien au résultat), musique teintée de nostalgie, d'une pincée de mélancolie, le tout intégré à des beats plutôt groovys. Alléchant sur le papier, mais BLOCKHEAD tombe ici largement dans ses travers et l'écoute de l'album s'avère assez insipide, l'artiste ne s'autorisant pas un pet plus haut que l'autre. Tout est ici terriblement linéaire, homogène, jusqu'à l'asphyxie. Tous les titres suivent un schéma toujours plus basique, avec un sample qui se répète en boucle, qui s'efface pour laisser place à un autre sample, qui s'efface pour laisser place à un autre sample avec une régularité pour le moins barbante. Les breaks sont très timides voir absents. Résultat, l'album fait l'effet d'un bloc trop monotone et trop peu aéré. C'est comme si BLOCKHEAD avait minutieusement inspecté sa nouvelle production afin qu'il ne subsiste aucune faute de goût, aucune erreur, ce qui est réussi, et donc plutôt raté pour nos oreilles qui elles, souhaiteraient que l'ensemble soit plus décontracté, plus audacieux, moins propret.

Pour autant, par moment, BLOCKHEAD nous rappelle qu'il est BLOCKHEAD, ce producteur talentueux qui vous assène des beats imparables, et vous vous surprendrez parfois à gigoter frénétiquement sur certains passages, et à être étonné voir touché par l'apparition de sons très bien choisis et amenés. Et puis l'ensemble n'a pas complètement perdu de cette sorte de sympathie si particulière qui caractérise le son de l'artiste depuis ses débuts, et il sera impossible à l'amateur d'abstract hip-hop de détester ce disque, au pire sera-t-il un peu ennuyé.

Mais voilà, nous sommes en 2012, 8 ans après l'excellent Music By Cavelight, et l'ensemble manque aujourd'hui clairement d'originalité et de fraîcheur pour réussir à s'imposer dans votre mange-disque des semaines durant. L'album n'est donc pas foncièrement mauvais, la maîtrise est là, mais on sentirait presque un BLOCKHEAD qui ne croit plus vraiment à ce qu'il fait.

Souhaitons-lui de repartir sur des bases un peu moins empoussiérées la fois prochaine, quitte à décevoir 3 vieux fans, car BLOCKHEAD reste un producteur réellement talentueux qui ne nous a certainement pas tout dit.

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