En 1991, le groupe vient de s’amputer de sa tête pensante, Shane MacGowan, dans un acte d’auto-décapitation qui se voulait salvateur, mais dont il ne parviendra pas vraiment à se relever.
Après cinq albums, dont quatre d’une très grande qualité, le temps était donc propice à la publication d’un best-of.

Et donc pour ceux qui souhaiteraient découvrir le groupe hors des albums que je conseille absolument (Rum Sodomy & the Lash et If I Should Fall From Grace With God, merci pour ces titres d’une concision exemplaire…), ce best-of sera le parfait objet. Je pourrais y aller de l’éternel couplet « oui, mais un best-of, ça ne vaut pas les albums et blablabla et blablabla… », mais il se trouve que ceux des Pogues (celui-là et celui qui suivra l’année suivante) sont tout à fait recommandables. Incomplets certes, comme toujours, mais hautement satisfaisants.

On y retrouve les indispensables : Sally MacLennane, le morceau emblématique du punk-folk débridé, Fairytale of New York, la douce ballade chantée en duo avec Kirsty MacColl, Dirty Old Town, A Pair of Brown Eyes, Rain Street, Fiesta et bien d’autres.
Les Pogues ne sont pas non plus radins, puisqu’ils proposent également quelques inédits, comme The Irish Rover, punk-folk traditionnel, en collaboration avec les Dubliners, la ballade plutôt émouvante A Rainy Night In Soho ou le bicéphale, mi-doux mi-rapide The Body of an American, qui clôt avec réussite l’album.

On pourra pinailler et dire qu’il manque un paquet de titres vraiment intéressants, mais ce n’est que partie remise, puisque l’année suivante sortira un deuxième best-of, judicieusement appelé The Rest of the Best, et qui comblera en partie les lacunes de cette première compilation.
D’un autre côté, on s’aperçoit que ce best-of change un peu la perception que l’on peut avoir des Pogues, donnant une idée assez mature et posée de leur musique. Appelons ça une vue d’ensemble sur leur carrière, sans la mise en exergue de leur évolution. Or les albums qui ont fait leur gloire, les premiers donc, sont éminemment plus vitaminés. Ainsi, si vous préférez les gigues endiablées aux jeux de nuances, sautez par-dessus ce best-of, ne touchez pas vingt mille euros et allez directement à la case Rum Sodomy & the Lash et Red Roses For Me.
Enfin… Tout n’est qu’affaire de goût et ce best-of donne un bon avant-goût de ce que fait le groupe. A déguster, donc.