D’après ce que j’ai pu lire sur le site officiel, ce live serait sorti sans l’accord des personnes concernées (à savoir le groupe), et ces derniers nous demanderaient gentiment de boycotter ce produit. Eh bien, je suis désolé pour eux, mais le mal, fruit de mon ignorance, étant déjà fait, je m’en vais de ce pas en donner mon avis.

Streams of Whiskey est donc le seul live paru à ce jour, hormis les bootlegs de piètre qualité, des Pogues. Il s’agit d’un concert enregistré en Suisse en juillet 1991, peu de temps avant le départ du chanteur Shane Mac Gowan. Et évidemment, il pourrait autant faire office de best of, que de témoignage de l’ampleur festive que prend le groupe en concert.

La set-list puise de manière assez homogène dans la discographie du groupe (5 albums parus à ce moment-là): trois titres de Red Roses For Me (le morceau titre du live, Streams of Whiskey, Boys From the County Hell et l’instrumental Battle of Brisbane), trois titres de Rum Sodomy & the Lash qui interviennent pour finir le concert en beauté (Dirty Old Town, the Sick Bed of Cuchulainn et Sally Mac Lennane), trois titres de If I Should Fall From Grace With God (le morceau du même nom, Thousands Are Sailing et le très festif ambiance latinos Fiesta), et quatre titres de Hell’s Ditch (les excellents Rain Street, Sayonara, Summer in Siam et Sunnyside of the Street). Seul l’album Peace & Love ne comporte qu’un titre, Young Ned of the Hill. On notera également la présence de deux “inédits”, The Body of an American et Yeah Yeah Yeah Yeah (dont on peut retrouver les versions studios respectivement sur les deux Best of : Best Of et Rest of the Best).

On l’aura compris donc, le concert nous donne une idée assez représentative de ce que sait faire le groupe. Des morceaux joyeux qui soulèvent l’assistance, des titres plus posés qui permettent de se remettre. Bref, si vous appréciez déjà ce que fait le groupe, l’alchimie du live devrait bien fonctionner ici.

Le son est convenable malgré quelques problèmes « techniques » ponctuels (fausses notes, synchronisation hasardeuse, micro mal branché…), mais après tout, tout cela colle à l’image « nature » qu’a toujours véhiculé le groupe. Les musiciens assurent malgré tout et la production permet de distinguer, grosso modo, la plupart des instruments. Le public a l’air d’être content d’être là et on se laisse aller au même enthousiasme.

Bref, il s’agit peut-être d’une cuvée de contrebande, mais pour sa qualité acceptable et son caractère unique, il mérite bien qu’on le goûte et qu’on se laisse envahir par l’ivresse de ce whisky populaire...

PS : je parle, dans cette chronique, de ce live comme une sorte de best-of, mais je tiens à mettre en garde, malgré tout, le lecteur qui serait tenté d’entrer dans la discographie des Pogues par ce disque : il vaut mieux qu’il préfère d’abord les albums ou les best-ofs studio, pour se faire une idée, car si le son est convenable ici, à mon sens, il décevra peut-être un non initié (d’où la note de 4/5 et non de 5/5).