La politique du single est détestable. C'est vrai, quoi, pourquoi nous imposer une chanson issue d'un album qui en contient en moyenne une douzaine ? Est-ce l'héritage de ces temps reculés pour certains où avoir un 45 tours était plus facile que l'acquisition d'un 33 tours ? Un moyen facile de se faire de l'argent facilement ? La volonté de montrer à l'homo consommatus le meilleur du disque en 4 minutes ? Perso, je penche pour un mix des deux, sans compter la bêtise des saigneurs de l'industrie du disque. De facto, cette politique peut briser très facilement la crédibilité d'un artiste. Exemple parlant, notre chère Sara BAREILLES dont beaucoup de gens connaissent Love Song mais jugent l'album Little Voice en se basant uniquement sur cet über-tube qui, il faut l'avouer, peut agacer à force. Mais heureusement, la chanteuse-pianiste a réussi à se surpasser, voire donner le meilleur d'elle-même avec son troisième opus, Kaleidoscope Heart.

Aussi bon soit-il, Little Voice contenait quand même quelques temps faibles qui faisaient tiquer. Mais sur Kaleidoscope Heart, voilà que ces défauts sont gommés de bien belle manière, et les aspects positifs sont quant à eux accentués, l'interprétation est géniale, et quant à la production, elle est encore meilleure qu'auparavant. Rien qu'en regardant les chansons choisies comme singles, cette évolution est plus que flagrante : ainsi, "King Of Anything" en est le meilleur représentant, sans une quelconque mièvrerie ou une instrumentation inutile soutenue par des paroles inutiles; le constat est le même pour "Uncharted" et "Gonna Get Over You", qui ont cependant l'avantage d'être plus entraînants et enjoués. Il s'agit quand même de trois magnifiques arbres qui cachent une forêt... encore plus belle et resplendissante !

En effet, sitôt qu'on a écouté ces chansons placées en début d'album, avec l'intro éponyme et "Hold My Heart" (le titre le moins bon, mais qui ne jure pas ici), voilà que débarquent des titres qui sont nettement meilleurs, dire que les hautes sphères de la musique serait un euphémisme. Ce qui est formidable, c'est qu'il est largement possible d'écrire un paragraphe complet pour chaque chanson; pour résumer, seuls quelques défauts tapent l'incruste, comme le refrain de "Machine Gun" par exemple, mais rien de bien sérieux. De plus, il n'y a guère de répétitions ou de morceaux semblables, dans le sens où, bien que baignant dans une même ambiance, la sensation de redite est peu présente.

Mais si Sara BAREILLES arrive à bien commencer un album, que dire lorsqu'il s'agit de le finir ? Je commence même à penser que c'est sa spécialité, car "Bluebird" fait clairement partie de ce que j'ai entendu de plus beau, surtout ce piano qui donne des frissons et une Sara bien mélancolique; s'il y a bien une chanson à retenir de toute sa discographie, c'est bien celle-là, sans aucun doute, une véritable machine de guerre lacrymale, à n'en pas douter, encore plus que "Gravity" sur Little Voice.

Kaleidoscope Heart est donc le meilleur album de Sara BAREILLES à ce jour, qui montre qu'elle n'a eu de cesse de perfectionner son talent qu'elle n'a d'ailleurs pas perdu, ce que l'EP Once Upon Another Time, sorti deux ans plus tard, confirme. Cet album est la plus grande des étoiles, plus encore que Florence+The Machine (et dans une moindre mesure Katy PERRY), sans conteste. Tout ce qui lui manque, en fait, c'est une reconnaissance bien plus ample du public, malheureusement endormi à coups de préjugés et de pourfendeurs du bon goût musical (je ne citerai pas de noms).