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TAJ MAHAL - Taj Mahal (1968)
Par MARCO STIVELL le 1er Octobre 2012          Consultée 4000 fois

Si dans la grande (pour ne pas dire immense) famille du blues, il y a un nom de musicien qui rime avec exotisme, c'est bien TAJ MAHAL. De son vrai nom Henry Saint Clair Fredericks, Jr (il a pour soeur la regrettée chanteuse Carole Fredericks, bien connue par chez nous), il est issu d'un mariage afro-caribéen. Fermier dès le début de l'adolescence, il est fervent défenseur du principe comme quoi chacun devrait faire sa propre nourriture. Une passion qui rivalise avec celle qu'il a pour la musique, avec laquelle il fait aussi sa propre cuisine. Initié très tôt à cette dernière notamment grâce à son père caribéen et encouragé par ses deux parents, Henry étudie le piano classique ainsi que certains instruments à vent comme la clarinette et le trombone, pour finalement recentrer sur les instruments les plus traditionnels du blues et du folk américain. Bien que déjà représentatifs de l'idée d'exotisme mentionnée plus haut, on peut considérer les trois premiers albums de Henry, alias TAJ MAHAL (un hommage à Gandhi et à la mère tolérance) comme des piliers du blues, véritables révélations d'une personnalité flamboyante et inespérée, à l'époque où cette musique est devenue blanche.

Ce premier disque de l'artiste éponyme nous fait remonter à 1964 lorsque TAJ, installé à Santa Monica en Californie, fonde les Rising Sons, groupe qui défie les lois raciales de l'époque puisque majoritairement constitué de blancs -dont Ry Cooder- avec un chanteur noir, ce qui ne le rend pas commercialement viable bien qu'étant signé chez Columbia (un album sortira... trente ans plus tard). Il faut attendre 1968 pour que TAJ MAHAL revienne pour une carrière solo. Il a alors pour musicien de session Ry Cooder, seul autre rescapé des Rising Sons ainsi que Jesse Ed Davis, lead guitariste et pianiste grand ami de Leon Russell. Même si ce n'est pas totalement un groupe, ce trio de tête accompagné par une section rythmique variable figure comme l'un des plus atypiques de l'époque (un noir, un blanc et un descendant des Natives) et devient vite emblématique.

Ce premier disque, du haut de sa petite demi-heure, concentre tout la flamme du blues moderne, celui qui a su se nourrir des guitares électriques et d'une certaine urgence entraînée par les problèmes socio-politiques. Pourtant, il s'agit simplement pour le moment d'une urgence à interpréter puisque la quasi-totalité de l'album est constituée de reprises. TAJ MAHAL choisit soigneusement ses références, et propose des relectures vigoureuses, à commencer par les trois morceaux empruntés à Sleepy John Estes, l'icône du Tennessee. Alors que «Diving Duck Blues» présente un riff de basse terrible (tout comme l'interprétation du «Checkin' Up My Baby» de Sonny Boy Williamson), «Everybody's Got to Change Sometime» se voit enrichi d'une esthétique typiquement sixties. C'est surtout le titre d'ouverture, «Leaving Trunk» qui impressionne. Ouvert par un harmonica très sale, cet hymne sudiste fait converser les instruments entre deux tours de chant, ce dernier voyant l'esprit plaintif originel de Estes transposé à une tonalité plus hargneuse. Un an avant l'arrivée des Robert Plant, Ian Gillan et autres hard-rockeurs, cela a de quoi faire frissonner.

Les autres reprises sont à la fois toutes aussi classieuses et pourtant différentes. Le parrain de la 12 cordes, Blind Willie McTell voit son «Statesboro Blues» délesté de ses influences folk country pour devenir un vrai standard de blues moderne, la présente version étant moins typée rhythm'n'blues que celle des susdits Rising Sons et moins alambiquée que celle qu'en feront les Allman Brothers trois ans plus tard au Fillmore East, mais tout aussi passionnante. Les Rising Sons avaient également repris le «Dust My Broom» de Robert Johnson auquel les guitares viennent donner une couleur encore plus hawaïenne (vous avez dit exotisme ?). Le traditionnel «Celebrated Walkin' Blues», ici long et lent clôture ce disque sur une note hypnotique. Quant à «EZ Rider», seule composition de TAJ MAHAL, elle offre des guitares délicieusement assénées et reste sûrement une influence mélodique pour des chanteurs blancs comme Janis Joplin («Mercedes Benz»).

Taj Mahal, le disque est une référence pour la qualité de ses interprétations, le chant habité comme la présence d'une rythmique forte et d'un trio intelligent de guitaristes, MAHAL et Cooder aux rythmiques subtilement slidées et les soli de Davis, souvent propices à de belles récréations. Frais et abouti, un premier album qui fait date.

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   MARCO STIVELL

 
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   (2 chroniques)



- Taj Mahal (chant, guitares, harmonica, arrangements)
- Ry Cooder (guitares rythmiques)
- Jesse Ed Davis (guitares lead, piano)
- James Thomas (basse)
- Sanford Konikoff (batterie)


1. Leaving Trunk
2. Statesboro Blues
3. Checkin' Up On My Baby
4. Everybody's Got To Change Sometime
5. Ez Rider
6. Dust My Broom
7. Diving Duck Blues
8. The Celebrated Walkin' Blues



             



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