Skin revient, et elle n'est pas contente. 15 secondes après le démarrage de « I Will Break You », elle a déjà balancé l'équivalent de quatre cent mille décibels dans son micro. Ses acolytes ne sont pas en reste, et envoient une sauce épaisse au goût de ciment cranté. La plaisanterie, ils la laissent aux mauviettes qui passent à la radio.

Elle n'est pas contente, mais pour ceux qui ont suivi sa carrière solo quand elle était en congé de SKUNK ANANSIE, ce qui la rend phénoménale c'est l'alliance de cette rage énergique et d'une émotion à fleur de peau. Le tout est de savoir canaliser tout ça, et au bout de quelques titres, l'évidence est que ce cru 2012 semble en tout point excellent ! Le « Sad, sad, saaad - just like your mothers!! » braillé au-dessus des riffs file un coup de fouet du diable, alors qu'on se remettait à peine du premier titre.

La section rythmique est pied au plancher, et chaque morceau est intelligemment produit (respirations, breaks, instruments mis en sourdine avant de revenir...). Comme les mélodies de Skin collent parfaitement à la locomotive qui s'emballe derrière elle (« Satisfied », « Sticky Fingers in Your Honey »), et que des titres plus planants ou pop (« I Hope to Get to Meet Your Hero », « Our Summer Kills the Sun », « Drowning », « Diving Down ») très réussis viennent s'intercaler au bon moment, aucune lassitude ne parvient à s'installer. Sur « I Believed in You » elle est tellement énervée sur son refrain d'enfer, que c'en est contagieux et addictif.

Le point faible de la plupart des albums récents se trouve souvent dans les derniers titres. Pas ici. L'intro prenante de « This Is not a Game », le refrain possédé de « Sticky Fingers in Your Honey » ne font pas dans la dentelle.

Les fans de la première heure, qui ont vibré sur « Braze » ou « Twisted (Everyday Hurts) », retrouveront ici tout ce qui fait l'intérêt de ce groupe. Pour les autres, c'est l'occasion de découvrir la voix magnifique de SKIN, son spectre incroyable qui va de la colère à l'amertume en passant par la sensualité ou la furie, alliée à un jeu de guitare-basse-batterie qui conjugue précision et puissance. Cela vaut le détour.