Saviez-vous que le mensonge, c'est pas bien ?

Il n'est nul besoin de croire en telle religion ou secte, c'est un fait. Déformer la réalité ou la travestir n'est que rarement bien vu et approuvé par les masses, demandez à Kant si vous êtes persuadés du contraire. Cette assertion vaut pour tout le monde, y compris Dominique Perrier. Ce dernier a en effet sorti un nouvel album, jusque là rien d'étonnant. Sauf que l'album en question, censé être un hommage à son ancien groupe, SPACE ART, est en réalité... un nouvel album de SPACE ART.

Bouh le menteur !

En effet, Space Art Tribute a tout de l'ancien duo formé de Dominique Perrier et de Roger Rizzitielli. Ce n'est d'ailleurs pas l'absence de ce dernier, mort en 2010, qui changera la donne. Perrier, accompagné de musiciens au talent plus que certain, se charge d'écrire à nouveau l'histoire de SPACE ART avec un retour vers le passé assez futuriste. Pour faire simple, il fait ici du SPACE ART des années 70-80, avec la modernité technique des années 2000, et c'est tant mieux.
Il paraît en effet bien difficile d'imaginer meilleure suite que Space Art Tribute. Perrier et ses nouveaux acolytes titillent la fibre passéiste des connaisseurs, mais arrivent très bien à s'adapter à leur potentiel nouveau public. La mode du vintage joue également en leur faveur : quelques sonorités électro ont été intégrées, mais pas de dubstep ni de dérivés foireux à l'horizon. Non pas que c'est mauvais, mais cette tendance à vouloir mettre des trucs nouveaux dans du vieux se montre facilement lourde (cf. MUSE).

Space Art Tribute est un bon album, dans le fond comme sur la forme. En trois quarts d'heure, l'électro planante dont Perrier s'est fait une spécialité caresse les oreilles tout en emportant l'auditeur vers un bien bel univers. Certains titres laissent quand même sceptiques. Ainsi, "Cosmic Chicken", bien que gentiment entraînant, ne peut être perçu que comme une blague assez potache, ce qui ne passe que moyennement, surtout sur un album de musique planante. "Eternally Revolving Pt.2" n'est pas non plus extraordinaire, à cause notamment de la voix de feu Jannette Woollacott. Mais dans l'absolu, il n'y a pas de quoi crier au loup.
En dehors de ces erreurs de parcours, il n'y a cependant presque plus rien à jeter. De petites merveilles parsèment Space Art Tribute, à l'image de "Talk to Bunny", explicitement dédié à Rizzitelli – pour rappel, Bunny était son surnom. Comme autre exemple, il convient de citer "Asturias", remake électro d'un classique d'Isaac Albéniz, avec Patrick Rondat en invité flamboyant. Les deux "Another Destination" méritent également d'être écoutées, avec un arrière-goût du passé délicieux et un côté planant pas exceptionnel mais qui sied à merveille ici.

Bien que Space Art Tribute ne soit pas forcément l'album de l'année 2012, il fait néanmoins partie du haut du panier en matière de musique vintage. Dominique Perrier marque un grand coup avec un album frais et réussi sur bien des points, malgré quelques moments faibles. Il y a même de quoi espérer que la machine SPACE ART soit définitivement relancée, même dans un court laps de temps.