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2012 Living With Ghosts

SIGHA - Living With Ghosts (2012)
Par SASKATCHEWAN le 21 Février 2013          Consultée 1988 fois

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées. » Molière, Tartuffe.

…et souvent, les coupables lecteurs ne sont pas loin non plus. James SHAW, alias SIGHA, a bien compris qu’un petit bout de chair astucieusement dévoilé faisait plus qu’une accroche cent fois retravaillée. Tant pis si le lien entre la pochette et l’album est peu évident, sauf à considérer le bombardement de Dresde comme un grand moment de sensualité. L’œuvre de Malevitch ayant été épuisée par les graphistes de labels électro, on peut comprendre l’empressement actuel pour choisir des illustrations plus incarnées.

Living with Ghosts est avant tout un album insaisissable, vaporeux, malgré les charges rythmiques implacables qui le traversent. Après une courte introduction qui se perd dans le labyrinthe rouillé d’une usine à l’abandon (« Mirrors »), SIGHA lâche les chevaux sur « Puritan » et « Scene Couple », deux pilonnages en règle qui ne sont pas sans rappeler les monolithes rythmés d’un certain PLASTIKMAN. La violence des beats va crescendo, dans un récital technologique à faire trembler les murs les plus épais. Derrière la grosse artillerie, on devine quelques plaintes fantomatiques, le va-et-vient des vagues parfois, ou encore le murmure lointain des tams-tams. Ces quelques concessions à la furie des boîtes à rythmes sont vite masquées par les déviances acides de James SHAW, qui n’est pas anglais pour rien.

Les transitions expérimentales placées çà et là ne font guère illusion. La recherche sonore est ici assez limitée : le terrain a déjà été déblayé par PLASTIKMAN donc, mais aussi par Wolfgang VOIGT et toute la scène acid-house britannique. SIGHA se démarque avant tout par la rigueur de ses rythmes, qui atteint des sommets sur « Dressing for Pleasure (Ideal) », véritable massacre à la boîte à rythmes. La pesanteur des beats n’empêche pas quelques sursauts de finesse, incarnés ici par des boucles angoissantes qui viennent tisser une toile cauchemardesque autour de cette démonstration de force perverse. Enigmatique, racoleuse au premier abord, la pochette prend ici tout son sens : Living with Ghosts est un album nu où les corps s’entremêlent, un éloge de la danse déshabillé de ses cautions expérimentales habituelles.

La limite de Living with Ghosts se situe sans doute dans le format choisi, qui s’adapte mal à une techno aussi brute. Le disque, qui dure une bonne heure, se révèle assez difficile à encaisser. Les morceaux aux rythmes moins intransigeants, comme « Ascension », « Translate » ou « Faith and Labour » s’étirent inutilement en longueur et chargent la barque au lieu de l’alléger. La fin de l’album, qui propose des sonorités un peu différentes, plus mécaniques (« She Kills in Ecstasy »), est une vraie bouffée d’air frais. Dommage que James SHAW ait opté pour une conclusion ambient superflue (« Aokigahara »).

Comme beaucoup de jeunes DJ, SIGHA ne résiste pas à l’envie de montrer ses biceps. A raison peut-être, vu sa science consommée du rythme et la maîtrise avec laquelle il a bâti son environnement sonore. Le passage de l’EP au format long reste imparfait, la faute sans doute à l’inévitable aspect assommant du genre, qui s’accommode mal du moindre temps faible. Living with Ghosts est un premier album qui laisse entrevoir de belles promesses, en tout cas.

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   SASKATCHEWAN

 
  N/A



- James 'sigha' Shaw (tout)


1. Mirror
2. Ascension
3. Puritan
4. Scene Couple
5. Translate
6. Suspension
7. Dressing For Pleasure (ideal)
8. Faith And Labour
9. Delicate
10. Dressing For Pleasure (extract)
11. She Kills In Ecstasy
12. Aokigahara



             



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