C’est avec un clin d’oeil à Star Wars que l’on découvre le sixième opus du grand ICE T, le titre provient des dialogues du Retour du Jedi et le VI correspond bien. Les gimmicks de l’artiste sont souvent inattendus, à ce titre, Tracy Marrow est probablement le plus pusillanime des auteurs dans le monde du Hip hop.

C’est le beat rythmé par une goutte d’eau qui ouvre l’album sur « Pimp Anthem », littéralement « l’hymne du Mac » . Un certain manque de finesse certes , mais c’est positionner les considérations immédiatement dans le monde du Gangsta; comment l’imaginer autrement avec Tracy ? Le flow lourd du roi de la west coast s’empare avidement de l’espace disponible avec une maestria toute personnelle. IL y a du chouette rap avec toujours des punchlines de fou comme sur « Where the shits goes down » ou « the fifth » qui sonnent pas mal du tout.
« Bouncin down the stress » souffre néanmoins de son absence, il aime toujours autant parrainer ses poulains…Pour l’occase c’est flagrant, un bon MC fait toute la différence. Le titre éponyme « Return of the real » mené par une basse sépulcrale présente les principaux éléments des méga succès de Ice , lancinance et répétitivité servies par son débit implacable.

Quelques singles ont été tirés de l’album, en premier lieu ce « I must stand » aux relents soul, à l’ambiance qui rappelle comme une goutte d’eau -tiens ?- celle de « That’s how Im livin » sur le précédent « Home invasion ». Une ambiance sympa mais certainement pas aussi exceptionnelle toutefois, et une petite carrière dans les charts US.

Le second single est en revanche une vraie pépite, elle s’intitule « The lane » et narre les aventures d’une avenue - je vous arrête, pas celle de Wisteria, Ice, malgré son statut d’acteur ne jouera pas dans ce genre de show -. Le refrain est superbe et bénéficie d’une vraie force latente qui rappelle un peu celle de « The tower ». Le titre de l’album.

Quelques samples Funky viennent troubler l‘ordonnancement : « How does it feels » sonne vaguement R’n’B , Ice s’y fait presque…smooth ? J’exagère, c’est sympa, juste…déplacé pour un Rappeur de sa trempe, mais tout le monde a bien le droit à une petite récréation, d‘autant que le sample sort de KOOL AND THE GANG. C’est au tour des ISLEY BROS sur « Inside of a gangsta » de subir ce petit traitement rigolo.
Ah il y a un petit hommage au syndicat avec « Syndicate for ever » qui nous replace dans les bonnes considérations. « They want me back in » est inéluctable, un vrai bon titre. Enfin, le piano dissonant de « Forced to do dirt » est une accusation quand au statut des blacks : « nègres forcés de remuer la merde », pas mal !

Ce sixième album est vu comme un des plus faibles par la communauté des fans hard core. Je lui trouve un certain charme, et il est en tout cas le plus rap du lot, pas une once de musique blanche, pas de sample rock, aucune guitare. « The lane » arrache bien la tête et remplit son office. La conclusion de ICE sur « Real » est comme à l’accoutumé fort prenante. Toujours pleine de mots forts , de gros mots ou de mots sympathiques. Dans la bouche du rappeur, cela semble si merveilleusement naturel. Le ton est toujours aussi énorme, le flow reste sa qualité essentielle.