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PHOENIX - Bankrupt! (2013)
Par BAAZBAAZ le 6 Juin 2013          Consultée 3115 fois

C’est un moment fascinant, lorsqu’un groupe en pleine ascension fait un faux pas et laisse entrevoir les premiers signes du déclin. Mais ce moment là est inévitable, sauf pour les artistes qui ont l’audace (ou la naïveté ?) de s’arrêter en pleine gloire, alors même que leur inspiration ou leur impact commercial – ce n’est d’ailleurs pas forcément la même chose – sont au sommet. Pour les autres arrive inévitablement l’album de trop. Celui dont on accouche dans la douleur parce que la créativité vient à manquer, celui qui révèle l'affaiblissement du talent ou simplement la lassitude. Les idées s’épuisent toujours un jour ou l’autre.

Pour PHOENIX, ce jour est arrivé. Et s’il est impossible de savoir s’il s’agit d’un simple accroc dans une carrière presque irréprochable ou de la preuve que le groupe n’a plus grand-chose à dire et que sa date de péremption est passée, la déception est là. Ce n’est pas franchement une surprise tant le disque s’est fait attendre ces dernières années. Mais PHOENIX, on le sait, ne fut jamais très pressé et la gestation du mémorable Wolfgang Amadeus Phoenix fut également assez lente. Sauf que cette fois, de l’aveu même du groupe, l’écriture des nouvelles chansons fut difficile et laborieuse. Et ça se sent : le syndrome de la page blanche imprègne Bankrupt! qui, sans être raté, laisse une impression en demi-teinte.

Un tel jugement ne saurait bien sûr être délivré trop hâtivement. La musique de PHOENIX, en effet, a toujours demandé de la patience, des écoutes répétées et une attention spéciale portée aux détails. Elle n’a jamais été conçue pour les oreilles distraites ni pour être digérée dans l’urgence et son succès (relatif) n’en a été que plus méritant. Ainsi le superbe It's Never Been Like That en 2006 ne révélait-il pas ses trésors au premier abord et imposait une certaine persévérance à qui voulait en percer les secrets. Bankrupt! est tout aussi exigeant, à la différence près que le déclic attendu ne se produit qu'à moitié : même apprivoisé, le disque reste tiède.

L’album est plaisant et fluide mais ne captive pas totalement. Il laisse entendre une production electro-rock rutilante – Philippe Zdar de CASSIUS s’est beaucoup impliqué pour colmater les brèches – recouvrant des compositions qui peinent parfois à éblouir. Un écrin splendide pour un contenu plus incertain. En fait, la mauvaise surprise est instantanée car tout commence par une piètre chanson, sans doute la moins intéressante que PHOENIX ait écrite depuis longtemps : « Entertainment », bizarrement choisie en guise de premier single, est une douche glacée. Décousue, peu excitante, elle est surtout lourdement lestée d’un affreux riff synthétique d’inspiration chinoise qui sonne terriblement mal. On est très loin de l’efficacité qu’a le même ingrédient dans la délicieuse « China Girl » de DAVID BOWIE et IGGY POP.

Cet arôme asiatique, sorte de gimmick récurrent et agaçant tout au long de Bankrupt!, illustre à merveille ce que peut être une fausse bonne idée lancée à la volée en studio et destinée à pimenter des compositions qui n’en demandaient pas tant. Ainsi, « Drakkar Noir » ou « Bourgeois » (deux jolies choses finement ciselées qui font honneur au groupe) s’en seraient volontiers passé. Mais il est vrai que ces chansons, bien qu’agréables et riches, voient PHOENIX se répéter sans parvenir à se réinventer. En deçà de leurs ornements, elles s’avèrent assez convenues et ne marquent pas une rupture notable avec le style éprouvé sur Wolfgang Amadeus Phoenix. Sans compter que les quelques velléités prog (la longuette « Bankrupt ! ») manquent de saveur.

PHOENIX, jusqu’à présent, avait su évoluer au fil des ans par petites touches en conservant une fécondité mélodique sans faille. Avec Bankrupt!, malgré une seconde partie d’album convaincante et variée (« Chloroform » et « Don’t » valent le détour et méritent d’être scrutées de près), son art si caractéristique de la pop sinueuse et romantique – toujours scintillante – semble s’être légèrement estompé. Momentanément ? Il est rare qu’un groupe continue à briller plus de dix ans après ses débuts. Et le fait est que ce disque trop confortable, dépourvu de singles décisifs, est le moins bon depuis l’inégal Alphabetical sans même contenir l’équivalent des grandes chansons qu’étaient « Everything is Everything » ou « Run Run Run ». A ce jour, le pessimisme est de mise.

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- Thomas Mars (chant)
- Laurent Brancowitz (guitare, claviers, percussions)
- Christian Mazzalai (guitare, claviers)
- Deck D'arcy (basse, claviers, piano, percussions)
- Thomas Hedlund (batterie)


1. Entertainment
2. The Real Thing
3. S.o.s. In Bel Air
4. Trying To Be Cool
5. Bankrupt!
6. Drakkar Noir
7. Chloroform
8. Don't
9. Bourgeois
10. Oblique City



             



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