Recherche avancée       Liste groupes



      
DARK-FOLK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Membre : The Third Eye Foundation

Matt ELLIOTT - Failing Songs (2006)
Par MR. AMEFORGÉE le 21 Décembre 2013          Consultée 2005 fois

Sur la pochette des Drinking Songs, le jeune homme aux yeux clos était manifestement assommé par l'alcool. Ici, les deux personnages, aux traits vaguement orientaux (des Tatars?) ont les paupières fermées également, mais le contexte semble tout autre, la belle jeune femme à la chevelure dénouée veillant sur un homme à l'agonie ou du moins malade. Quelle est donc cette fascination pour l'absence de regard ? Sur la face intérieure de la pochette, une gueule cassée en smoking, nez fendu et bouche tordue, nous fixe de ses orbites énucléés. Dérangeant. Dionysos laisse place à Thanatos.

Nous retrouvons ici les ambiances développées par Matt Elliott sur l'album précédent, draperies acoustiques raffinées aux parfums slaves, à ceci près que ces fameux Songs sont enfin des chansons. Une durée de quatre minutes en moyenne, tableaux courts et efficaces qui sont comme autant de fenêtres sur un monde à l'agonie. Et si les orchestrations demeurent l'élément le plus passionnant, ils servent à présent le plus souvent d'écrin à des textes qui s'affirment. Une poésie du désespoir, d'un romantisme torturé, vaguement politique, qui pleure des libertés perdues, le passé enfui, l'engourdissement de la pensée.

Les morceaux s'avèrent plutôt variés, certains languides et d'autres rapides, presque effarouchés. Délicats et désabusés. Non linéaires, bien souvent, alternant les textures finement opulentes et les solos intimistes. L'atmosphère se veut luxueuses et triste, un voyage temporel dans un XIXe siècle déclinant. Les violons se font langoureux ou plaintifs, les accordéons grincheux ou nostalgiques, les trompettes anorexiques ou persiflantes, les guitares épineuses, acoustiques ou doucement électrisées, pesantes ou tressées d'arpèges, et tout ce beau monde valse, tourbillonne, s'enlace, s'entremêle et s'enchevêtre, dans un corps à corps humide et tiède en attendant, dans le velours, le suicide du monde. C'est aussi un album où les chœurs fantomatiques, très réussis, ont la part belle, voix très finement agrégées, moins à la façon d'une parade militaire qu'à la manière d'une masse nuageuse, à la fois compacte et diffuse, comme un coton imbibé de parfum ou d'éther.

Ainsi, on goûtera à ces chœurs soupirants sur « Our Weight in Oil », pas complètement harmonisés à dessein, où chaque voix se laisse percevoir, les singuliers, rauques ou doux, masculins ou féminins, formant tout à coup un pluriel. On appréciera la pesanteur de « Chains » avec ses plaqués de guitare électriques qui avancent en saccades tels des galériens et ces trémolos façon mandoline qui font corde, qui figurent l'enchaînement. Les ronds de jambe chaloupés et séducteurs de « Failing Song » qui montent doucement en crescendo. L'allant des guitares rythmiques de « Broken Bones ». Et la mélancolie divine de « Desamparade », qui se joue d'abord en chinoiseries violoneuses puis en bruine de piano, avant de laisser place à un tourbillon indistinct de bourrasques qui érodent tout.

On pourrait supposer que Matt Elliott n'assume pas encore tout à fait sa voix, la mélangeant à d'autres (qui sont pour la plupart aussi les siennes...), mais cela s'accorde judicieusement au propos, musique de chambre où les mélancolies individuelles s'allient en effets de chœur chuchotant plus ou moins solidaires. « Good Pawn » évoquerait presque l'Espagne et « The Ghost of Maria Callas », ponctué de pépiements d'oiseau s'avère étonnamment paisible.

Les Failing Songs, qui capitalisent l'expérience des Drinking Songs, relèvent de l'album presque parfait. Tristesse raffinée. Ambiances envoûtantes, riches d'images et de senteurs. La musique infuse ses richesses et ses peines à la manière d'un venin qui a des douceurs de thé. Un soleil d'or au crépuscule. Un modèle du genre.

A lire aussi en FOLK par MR. AMEFORGÉE :


Matt ELLIOTT
The Broken Man (2012)
This is how it feels to be alone




MUSK OX
Woodfall (2014)
Odyssée sylvestre


Marquez et partagez





 
   MR. AMEFORGÉE

 
  N/A



- Matt Elliott (presque tout)
- Patricia Arguelles Martinez (violon)
- Chris Cole (percussions)


1. Our Weigt In Oil
2. Chains
3. The Seance
4. The Failing Song
5. Broken Bones
6. Desamparade
7. Lone Gunmen Required
8. Good Pawn
9. Compassion Fatigue
10. The Ghost Of Maria Callas
11. Gone
12. Planting Seeds



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod