À l'époque des débuts du rap français, on peut dire que les noms de groupe étaient plus qu'explicites. Il y avait IAM, qui de toute évidence privilégiait sa façon de penser et une vision objective de la société dans ses textes, NTM au blaze révélateur du contenu lyrique, et enfin ASSASSIN. Là, c'est autre chose. C'est le groupe qui veut tout péter, se révolter, avec des idées d'extrême gauche en ligne directrice, mais aussi et surtout avec l'assurance sur un sujet : l'état nous prend pour des cons. Leur premier album avait été une excellente mise en bouche des qualités lyriques du groupe, et des prestations des rappeurs. Mais ce n'est qu'avec leur second album L'Homicide Volontaire que le groupe va créer des classiques qui seront toujours ancrés, 20 après, dans l'histoire du rap.
ROCKIN' SQUAT est maintenant seul, son collègue SOLO présent sur le premier album a quitté le groupe, il ne reste plus que notre rappeur blanc au flow unique et le dj DOCTOR L si talentueux.

L'Homicide Volontaire est un album inégal. Il renferme des classiques inégalables du rap français, mais se veut un poil long sur la totalité. M'enfin, pas bien grave, étant donné la qualité des textes et instrus proposées. « Shoota Babylone » est un hymne, une référence dans le genre, avec son rythme aux teintes reggae et ses textes intrusifs sur la situation mondiale. Cependant, le plus gros coup de génie sur cet album pour moi est le géant « L'odysée suit son cours », une leçon de vie donnée par ROCKIN' SQUAT aux arrangements cherchés et puissants. Ce rappeur, aux textes conscients et à la finalité révélatrice, constitue l'un des éléments les plus importants du mouvement qu'est le rap français, de la fin des années 80 jusqu'à aujourd'hui, et pour certainement encore un petit bout de temps.

Certains titres se démarquent comme étant d'une efficacité hors cnormes. On trouve « L'état assassine », où SQUAT prouve encore une fois que tout est choisi à l'avance dans le gouvernement, avec comme à son habitude des textes crus qui ont pour but de dénoncer. Petite mention spéciale pour ce morceau dans lequel notre rappeur blanc s'amuse avec sa voix et la pousse dans tous ses retranchements avec originalité.
Pas mal de thèmes sont évoqués dans cet album. Toujours et encore l'écologie, sujet que défend avec activisme ASSASSIN sur quasiment tous les morceaux. Mais aussi la drogue sur « Légal ou Illégal », les conflits mondiaux avec l'excellent « Guerre Nord-Sud », et évoquant globalement l'Afrique face aux pays occidentaux. Les réflexions de SQUAT sont franchement intelligentes, fondées et légitimes (preuve à l'appui avec « L'objet », ou le titre final « Ecrire contre l'oubli »). Le reste des morceaux, loin d'être mauvais, va être une source de textes franchement intéressants mais ne retiennent pas tous l'attention, instrus/paroles crues et rentre-dedans oblige.

Ce deuxième album a une ambiance très lourde tout au long de l'heure et quart d'écoute. C'est voulu, SQUAT dénonce principalement et il va sans dire que ses textes se marieraient peu avec la joyeuse B.O des aventures de Oui-oui. SQUAT est sombre, on trouve très peu de discours positifs au long de cet album, au contraire beaucoup de sujets à charge. Et nul doute que la plupart des auditeurs auront du mal à se faire au genre. Mais quoiqu'il en soit, L'Homicide Volontaire reste un album phare du rap français, bien qu'en dessous de sa prochaine production.

Note réelle : 3,5/5