La frénésie dont fait preuve SALTATIO MORTIS, tout comme ses petits copains de la scène Mittel-Alter Rock allemande, est véritablement saisissante. Voici une bande de joyeux lurons qui œuvrent dans un genre de niche, théoriquement condamné à l'anonymat, mais qui remplissent les salles dans leur pays et parviennent à tenir le rythme d'une nouvelle offrande studio tous les deux ans, là ou d'autres peinent à offrir du matériel neuf deux fois dans la même décennie. Alors qu'à la fin des années 2000 des doutes légitimes se posaient quant à la survie de cette scène hyperactive, l'enthousiasme persistant qui habite les amateurs du genre et les groupes concernés laisse croire à une pérennité enviable.

Reste le délicat problème de la qualité et de la constance musicale. Cela faisait en effet environ 6 ans, soit depuis la sortie de l'excellent Aus Der Asche, que SALTATIO MORTIS ne nous avait pas proposé d'album véritablement bluffant, Wer Wind Saet (2009) et Sturm Auf Paradies (2011) peinant à faire honneur à la discographie fort fournie du groupe allemand. Alors que le groupe ne montre aucun signe de faiblesse ou de ralentissement de son activité (l'année 2013 aura vu la sortie d'un album studio, un live et un DVD, pas moins), son neuvième album Das Schwarze Einmaleins marque le retour à un enthousiasme communicatif qui éclabousse un opus résolument jouissif.

SALTATIO MORTIS renoue en effet avec les ingrédients qui ont fait le succès de ses albums les plus recommandables, tout en y ajoutant une once de savoir-faire acquis au cours des dernières années, qui offre à l'album une saveur toute particulière. Le groupe parvient, bien plus que sur ses deux précédentes sorties, à mêler qualité des riffs et pertinence des mélodies médiévales. Cerise sur le gâteau, le groupe renoue avec une énergie certaine qui lui permet de livrer quelques unes de ses meilleures compositions, rien de moins. "IX", véritable brûlot folk-metal, donne l'impression de retrouver une bande de potes que l'on aurait pas vu depuis des années, quel pied !

L'album dans son ensemble séduit sans réserves. Les nombreuses mélodies immédiates, mises en valeur par des riffs très rock et le chant varié de Alea Der Bescheidene, fonctionnent à merveille : "Früher War Alles Besser", nous chante-t-il sur le titre introductif. C'est faux, SALTATIO MORTIS prouve qu'il est bien ancré dans le présent est reste à même de faire concurrence à son glorieux patrimoine. "Der Küss", avec son intro acoustique et sa mélodie à la bombarde, se transforme en pièce très énergique parfaitement exécuté, tout comme "My Bonnie Mary", seul titre de l'album chanté en anglais qui s'impose rapidement comme une pièce-maîtresse de ce dernier.

Les titres plus calmes et posés ("Sandmann", "Galgenballade") paraissent ainsi un peu superflus, tant l'énergie déployée par le groupe fait plaisir à entendre. Néanmoins, ces titres qui rappellent l'univers plus délicat de Schandmaul, compatriotes de SALTATIO MORTIS, se font porteurs d'une variété bienvenue, et ne font que confirmer un peu plus les immenses qualité d'un album qui replace le groupe au sommet de la scène Mittel-Alter rock teutonne. Une sortie très enthousiasmante !