Deux ans, donc. Les SALTATIO MORTIS ne manqueraient pas un rendez-vous. L'année 2015 les voit faire preuve d'une grande activité, puisqu'outre ce nouvel album paru en août, le groupe a publié en novembre une version acoustique du-dit opus. Après un chapitre Das Schwarze Einmaleins fort convaincant, le groupe allemand aborde ainsi une nouvelle étape de sa carrière avec l'envie évidente de promouvoir ostensiblement ses nouveaux morceaux. Une riche idée, tant cet album se fait une synthèse parfaite de l'identité du groupe, et s'impose comme un des tous meilleurs de leur féconde carrière.

Après une période "sombre", constituée de morceaux essentiellement agressifs et désabusés (jetez donc une oreille sur les albums parus entre 2007 et 2011), les SALTATIO MORTIS ont jugé bon de revenir à un MittelAlter Rock plus festif et léger sur sa précédente réalisation. Poursuivant sur sa lancée, le groupe se fait ainsi très efficace, marquant les esprits d'entrée grâce à l'introductif "Wo Sind Die Clowns ?", très rock'n'roll dans l'esprit, qui semble préfigurer d'un album direct et sans fioritures. Pour autant, le groupe ne se contente pas de proposer des compositions sautillantes, certes immédiates mais souffrant d'un évident manque de profondeur. Au lieu de cela, SALTATIO MORTIS incorpore de nouveau des influences plus sombres et agressives, créant ainsi une alchimie permettant d'apprécier sans réserve chacun des 14 (!) titres qui constituent l'album.

En alternant ainsi entre léger et profond, le groupe nous offre une véritable montagne russe d'émotions. Coincé entre "Das Bänkers Neues Kleider", qui voit la guitare acoustique laisser place à un riff quasi-heavy metal, et "Wir Sind Papst", titre dansant et libérateur, "Maria" mêle tradition et modernité, laissant un large espace d'expression à la cornemuse, dont les mélodies savamment construites sont un véritable plaisir pour les oreilles. Loin devant ses potentiels concurrents (Vogelfrey et Versengold peuvent aller se rhabiller), SALTATIO MORTIS prouve qu'il reste le maître dans son style de prédilection, et parvient à se renouveler tout en restant fidèle à ses racines.

Tellement fidèle qu'il instille même quelques ambiances médiévales et celtisantes, au détour d'un "Trinklied" résolument hard rock (quel riff) ou d'un "Todensegel", plus folk dans l'esprit, qui viennent compléter une déjà très large palette d'ambiances. Sans forcer, ni sortir de son précarré, SALTATIO MORTIS propose un album de bout en bout délectable, qui confirme sans une once d'hésitation la bonne forme retrouvée du groupe qui, après plus de 15 ans de carrière, n'a jamais semblé si vivant et affûté. Le public allemand semble ne pas s'y être trompé, plaçant immédiatement l'album au sommet des charts. Une réussite bien méritée pour un groupe unique et précieux.