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MUSIQUE BAROQUE  |  COMPILATION

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- Style : Georg Friedrich Handel , Carl Philip Emmanuel Bach , Johann Joseph Fux

Georg Philipp TELEMANN - Tafelmusik - Sélections (goebel) (1990)
Par CHIPSTOUILLE le 8 Mai 2014          Consultée 1805 fois

Après en avoir décousu avec tel dragon à pourfendre, telle princesse à libérer ou tel trésor à découvrir, Trazhom aime à festoyer. Ses commanditaires sont en général de haute lignée, et ils aiment à afficher leur puissance. Ce qui se fait à l’occasion de festivités, quelle que soit l’occasion, Trazhom aime à ces occasions se présenter à l’aune de quêtes rondement menées. Hélas, si ses faits d’armes justifient facilement de grandes récompenses, la fortune que brassent tous ces noblaillons a tendance à attirer d’autres ères. Trazhom, homme du peuple, comprend l’attirance des gens pour l’argent. Lui a choisit l’acier et le muscle, deux composantes qui, outre l’aventure, lui apportent les filles, le respect et la gloire. D’autres, moins capables dans l’art de pourfendre les viles créatures, ont choisi d’autres voies. Artisans de tous bords se pressent aux portes des palais pour proposer leurs services à qui, ne sachant plus quoi faire de ses deniers, serait le plus dispendieux.

Trazhom a un grand respect pour les métiers de la boustifaille, principalement les cuisiniers aptes à lui proposer de la viande rôtie de premier choix. De même pour les métiers de l’acier, forgerons, maréchaux ferrants, armuriers sont autant d’amis de longue date. La cour est cependant assaillie d’autres catégories de personnes, les artistes. Sûr, Trazhom aime la peinture, faite du sang de ses victimes, la sculpture sur le crâne de ses ennemis, et littérature des comtes et légendes d’autrefois. Sur la question musicale, Trazhom aime à siffler des chansons composées par un groupe de fervents amis. Des « hymnes de bataille » tels que « Roues de feu », « Signe du marteau » ou encore « Plus fort que l’enfer », autant de chansons épiques avec chœurs guerriers, chantées la main gauche sur le cœur, genou à terre, le poing dressé vers le ciel et les larmes aux yeux. Il faut dire que depuis que le maître Ross a su trouver un sort pour électriser les luths venus d’orient, toute la quincaillerie servie par ailleurs semble bien fade en comparaison. Des hymnes qui, malheureusement, ont toujours été dénigrés par la noblesse.

Au gré des festivités données à la cour, divers ménestrels se sont succédé au fil des ans. Trazhom aimait à faire ripaille auprès des MALICORNE et autres TRI YANN. Si ceux-ci n’avaient pas le muscle lustré, au moins savaient-ils chanter, manier la chalémie et le psaltérion. Depuis les choses ont bien changé. Les modes passent et les mécènes se sont pervertis aux sirènes de leurs parasites. Aujourd’hui on porte la perruque, on se poudre, on porte des justaucorps, on préfère le blanc maculé au bronzage cuivré. Musicalement, la tendance a suivi. Multiplication des instruments, surcouches de courbettes musicales, violonades larmoyantes et effets de style, des choses bien trop complexes pour le barbare qu’est Trazhom. Le pire sans doute, est cette récente manie dans les théâtres, de chanter plus que de jouer les histoires à l’eau de rose, on appelle ça l’opéra. Parait-il même que certains se font castrer pour chanter plus fort et plus aigu, un comble. Mais jusque là, au moins, personne n’obligeait Trazhom à assister à de telles séances de torture.

Depuis 1733 un certain TELEMANN leur a vendu une collection de morceaux instrumentaux pour accompagner les repas. C’est guindé, avec violons, flûtes et cors, mais depuis plus un ménestrel n’est reparu durant les repas. C’est fait pour accompagner, de la musique d’ambiance comme ils disent. On leur a demandé de ne pas trop se mettre en valeur, pour ne pas déranger les convives. Alors les instrumentistes usent de leurs joujoux, en harmonie, sans audace ni passion. Pour une fois, ça n’avait aucune complexité particulière, c’était juste couteux, un vrai gâchis. Trazhom au cours de ses pérégrinations avait pu arpenter des labyrinthes, parfois sur plusieurs étages, où des systèmes d’élévateurs avaient été mis en place. Sur cette curieuse plateforme mécanisée, on avait installé une boîte à musique, pour faire patienter durant les montées et descentes. Le petit être vêtu de rouge, qui avait été enchaîné là pour actionner les mécanismes avait appelé son appareil un « ascenseur ». C’est parfaitement ce genre chose inutile que cette musique de table, Tafelmusik comme ils l’avaient baptisée au royaume de Germanie, évoquait à notre héros, de la « musique d’ascenseur ». Hélas cette mélopée du subconscient avait un autre pouvoir, celui de la léthargie. Inodore, incolore et soporifique au possible, cette farandole avait la dernière fois eu pour effet, que Trazhom avait fini le repas la tête plongeante dans son assiette à dessert. Un souvenir bien amer pour notre héros qui, fut un temps, se réjouissait qu’on lui servît des repas pantagruéliques, sans fioriture ni pseudo-musique.

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