Un firkin, en Angleterre, est un volume de bière qui correspond à 40,9 litres. On peut donc dire, sans trop se tromper, que les Hongrois de FIRKIN ont de la bouteille. Rires. Applaudissement. Merci. Rideau.

Quoi ? Il faut développer ? La pochette de l'album est pourtant suffisamment claire : un trèfle, des éclaboussures... c'est bien à l'écoute d'un gros rock celtique rugueux et énergique que nous invite la bande avec son quatrième album. Fort d'un succès conséquent dans sa Hongrie natale, le sextet se démarque de la mouvance celtique actuelle en ne proposant pas un folk mélodique ou un punk rageur, mais bien un rock enlevé, à tendance hard rock, qui voit flûte, violon et guitare se mêler dans des ambiances à la fois traditionnelles et témoignant d'une modernité surprenante.

Un exemple : le titre "I am who I am", chanté par la violoniste Lili. Sur des lignes de guitare saturées et une rythmique entraînante vient se greffer un violon sautillant qui soutient une ligne mélodique ancrée dans la scène rock contemporaine. Et quel refrain ! Impossible de résister à ce titre, tout comme toute résistance est inutile à l'écoute de "If I could be the pope", brûlot hard rock celtique fédérateur et plus irlandais que l'Irlande. Un chef-d'oeuvre.

De par la prédominance des guitares, certains titres évoquent de manière ostensible Bluehorses, pionnier du hard rock celtique. "The child of fire", avec ses lignes mélodiques et ses paroles épiques, s'en fait l'avatar. Tout cela est très sympathique, bon et bien ficelé, et il est évident que les titres originaux sont à classer dans le haut du panier du style.

Restent les traditionnels, bien trop nombreux et prévisibles. Un groupe de rock celtique qui se respecte peut-il encore aujourd'hui proposer sur son album des relectures de "Foggy Dew", "Molly Malone", "Loch Lomond" et "P stands for Paddy", alors que ces titres, usés à force d'avoir été repris à toutes les sauces, ont été expurgés et vidés de leur âme ? Non, il aurait fallu voir plus loin, creuser un peu plus le patrimoine celtique pour en ressortir des pépites bien moins maltraitées par les groupes contemporains.

Dommage donc que les FIRKIN amoindrissent ainsi l'impact de leur rock celtique en jouant la carte de la facilité. Un regret d'autant plus grand que les compositions originales valent vraiment le détour, et sont parmi ce que le genre a pu proposer de plus inspiré ces dernières années. Un album à deux facettes, qui nécessite un tri pour en extirper toute la substance. En attendant un supplément d'audace pour la prochaine sortie ?