DAFT PUNK n'est pas un groupe téméraire. En 2005, le duo français siort Human After All, un album des plus déroutants et osés. Mais malgré de bons morceaux franchement géniaux (The Brainwasher, Robot Rock), les critiques avaient alors volé dans les plumes du groupe et accusé ce dernier de ne pas avoir fait un nouveau Discovery ou un successeur de Homework. Tant pis pour l'évolution artistique alors, ça attendra le temps qu'il faudra. En attendant, il faut faire chauffer la caisse, et deux ans plus tard, c'est ainsi qu’apparaît Alive 2007.

Comme il fallait s'y attendre avec DAFT PUNK, il y a tromperie sur la marchandise. Un live, dites-vous ? Certes, il s'agit sur le papier d'un compte-rendu d'un concert, enregistré qui plus est à Bercy – la maison quoi. Comme preuves irréfutables, il y a même des vidéos filmées par le public qui le montrent, un gage de véracité s'il en faut. Oui, mais DAFT PUNK qui joue en live, c'est comme la dictature nord-coréenne : à hurler de rire. Pour comprendre pourquoi, je vos renvoie à la chronique du Alive '97, où mon confrère Chipstouille explique comment faire un live de DAFT PUNK.

Parti comme ça, Alive 2007 est donc une arnaque. Et le fait de savoir qu'une quantité non négligeable de morceaux issus de Human After All est utilisée va faire grincer bien des dents. Oui, mais c'est là qu'arrive l'astuce. Alive 2007 ne doit en aucun cas être pris pour un album live, mais plutôt un bon compromis entre remix et compilation. Remix, car sur une piste plusieurs morceaux du répertoire sont mélangés, et compilation car le balayage va jusqu'à Homework – quoiqu'avec seulement trois albums, cela peut faire un peu léger.
Quoiqu'il en soit, s'il faut retenir un seul disque de DAFT PUNK, c'est bien Alive 2007. Peu importe le niveau de la fraude, il faut admettre la haute qualité du produit fini. Une bonne partie des passages chiants et/ou défauts majeurs sont évacués sur l'album. A force de monter et de déstructurer et restructurer leurs morceaux, les membres de Daft Punk finissent par aboutir sur une musique terriblement efficace. En somme, c'est avec Alive 2007 qu'ils montrent vraiment leur talent de DJ pour qui ne s'y intéresse qu'en surface. Mais le plus gros point positif, c'est la lisibilité de la musique. Même si les précédents albums contiennent de larges quantités de bons morceaux, il est très difficile de pouvoir les écouter d'une traite – surtout Homework et Discovery. Mais ici, non. Mieux, dès le premier morceau, "Robot Rock/Oh Yeah", la musique est agencée de façon à ce qu'il paraît impossible ou presque de sauter un morceau.
Quelques tares viennent quand même égratigner Alive 2007. L'emphase sur "Around the World/Harder Better Faster Stronger" est trop putassière pour convaincre, et le morceau final fait en fait office de worst-of. L'autre problème est aussi la durée de vie de l'album. Malgré le caractère culte de certains titres (« Arounde ze weurlde ! »), une fois que l'écoute est finie, l'oubli s'installe, et plus vite que prévu.

Malgré ces défauts, Alive 2007 mérite bien d'être écouté, plus encore que l'injustement décrié Human After All. Pour ceux qui auraient la flemme d'écouter toute la discographie de DAFT PUNK (honte à eux ?), il fait également office de compile des plus intéressantes et rassemblant vraiment le meilleur du duo. Le problème de Alive 2007, c'est qu'il inaugure une véritable traversée du désert artistique.