Il y a quelques années, alors en pérégrination quotidienne sur Youtube (ça n'a pas changé depuis), je suis tombé sur le trio français WE WERE EVERGREEN. Il s'agit d'un groupe jouant alors des chansons assez légères et sympathiques – et chantées en anglais. Entre autres, la chanson Penguins and Moonboots m'avait tapé dans l'oeil (et le clip a beaucoup aidé), et puis hop, on passe à autre chose, trop marrant ce chat sur une tortue, huhu. Et puis récemment, me rappelant de l'existence de WE WERE EVERGREEN, j'apprends que le trio a progressé au point de sortir son premier album studio cette année, nommé Towards. Fort bien donc, un coup d'oeil sur ce dernier ne peut pas faire de mal, surtout quand on voit les débuts de WE WERE EVERGREEN, a priori.

Grâce à des influences plutôt positives (Metronomy, Björk...), WE WERE EVERGREEN propose une pop à la fois originale et moderne, comme si le groupe avait réussi à se compromettre dans le mainstream sans trop perdre sa valeur propre. Encore que ceci ne suffit pas à assurer la création et la présentation de bonnes chansons. Autre élément qui joue en la faveur du trio, la voix : en plus d'être suffisamment bons dans la langue de Sid Vicious, chacun des membres possède un chant remarquablement beau, et les trois unis donnent des harmonies vocales qui profitent aux refrains.

Il ne faut pas se laisser avoir par une première, une seconde écoute. Elles pourraient faire croire que Towards n'est qu'un album pop de plus, avec juste deux grigris appelés singles. Ces derniers sont d'ailleurs assez appréciables : "False Start" possède une base rock catchy (et qui marche !), tandis que "Daughters" joue sur les loops hypnotiques. Mais à seuls, ils sont loin de constituer l'intérêt de tout Towards. Mieux (oui, mieux), ils n'en constituent pas le meilleur. Pour chercher ce dernier, il suffit d'écouter... tout le reste, ou presque ! Michael Liot, Fabienne Débarre et William Serfass n'ont pas fait les choses à moitié, et déploient un feeling pop énorme qui ne peut que réussir ici. Que ce soit les ambiances en arrière-plan ou les rythmiques utilisées, il est incongru de parler d'échec à propos de Towards. Pour peu qu'on goûte à la pop, il n'y a rien à dire. Enfin, presque : les couplets de "Quicksand" sont relativement désagréables, et la durée de vie des singles est bien limitée. Mais se focaliser dessus, c'est faire l'impasse sur "Belong" et sa batterie au rythme bien calculé, "Antlers" et sa cadence reggae qui chaloupe comme il faut, ou encore "Kilmore's End", joli final semi-acoustique qui clôt avec panache l'album – du moins dans sa version standard. Le véritable sommet, cependant, n'est autre que "Dormant". L'ambiance nocturne, le chant de Débarre, la ligne de basse, tout y est. Quel dommage que ce morceau ne dure pas plus longtemps que ses 3 petites minutes.

Il serait terriblement bête de laisser tomber WE WERE EVERGREEN, ou de passer son chemin. Ce groupe a toutes les cartes en main pour devenir un grand de la pop moderne, et a déjà effectué des combinaisons gagnantes sur Towards. Dès lors, il n'y a plus qu'à espérer une reconnaissance croissante avec le temps, et que le trio ne se perde pas en chemin.