The Used est un groupe de rock alternatif originaire de l'Utah, formé en 2001. Après s'être fait viré de chez lui pour refus de se plier aux règles familiales et après une bonne dépression accessoirement accompagnée de prise de quelques substances illicites, Bert McCracken rejoint le groupe déjà formé par Allman, Howard et Steineckert. Le nom du groupe vient tout bêtement des débuts difficiles qu'ont connus les quatre amis, entre drogues, vie à la rue et autres problèmes personnels. Malgré tout, le groupe obtient un contrat avec le label américain Reprise Records qui a notamment travaillé avec des groupes de la même veine comme My Chemical Romance mais également des pointures de genres musicaux éclectiques tels que Serj Tankian, Hendrix, Zappa...

Post-hardcore, emocore ou rock alternatif, c'est comme on veut mais ce qui est sûr, c'est que The Used a connu un certain succès, notamment en Amérique. Les jeunes, en plus d'affirmer que c'était la meilleure musique qu'il leur ait été donné d'écouter, voulaient tous s'habiller pareil : maquillage à foison, cheveux noirs ou teintés de couleurs vives voire flashy avec la mèche devant les yeux, piercing répandus un peu partout, bref une esthétique bien à elle.

Musicalement, se dégage également une esthétique bien propre. En ce qui concerne ce premier album sorti en 2002, on a d'abord le chant de McCracken qui, en plus d'être assez émotif (« Buried Myself Alive ») parvient à moduler chant clair/chant crié presque à volonté comme en témoigne le violent « Maybe Memories ». On sent tout de même qu'elle n'est pas encore tout à fait mûre et qu'elle demande encore à être travaillée. On a par exemple, « Blue and Yellow » qui est un titre plutôt mauvais où il semble chuchoter constamment sans expression aucune (on retiendra à la limite le refrain). Son chant est intéressant et prometteur mais il peut parfois agacer voire fatiguer par ses côtés incontrôlable, brut et fougueux (« Say Days Ago »).

Puis, on a ces guitares qui, quand elles ne sont pas jouées en puissants power chords, adoptent un son clair comme dans l'excellent « Bulimic ». Elles se chargent des intro qui sont plutôt variées même si pas transcendantes. Les riffs sont en règles générale efficaces à défaut d'être originaux. On retiendra celui de « Noise And Kisses » qui est en partie construit sur un motif au son très rond façon Tool. Avec « On My Own », on emprunte aussi l'acoustique le temps d'une ballade étouffée par la présence d'orchestrations surreprésentées. On regrettera l'absence d'improvisation. Après tout, peut-être que le genre ne s'y prête pas vraiment (quoique)...

Un des signes de qualité de ce type de musique c'est la présence d'un batteur de qualité, qui sait s'amuser avec des rythmiques atypiques histoire d'insuffler plus de vie aux morceaux. On peut dire que Branden Steineckert s'en sort assez bien de ce côté là (« Pieces Mended », « Bulimic ») même si une fois de plus on sent que cela demande plus de travail. Jeph Howard est quant à lui assez bien mis en avant (« Say Days Ago ») mais a un jeu assez standard.

« Greener With The Scenery » est peut-être le meilleur titre et le plus profond de cet premier album. Son intro, qui rappelle un peu les compositions de Porcupine Tree, nous séduit par ses arpèges mystérieux et par sa batterie en contre-temps fort appréciable. Après un pont angoissant le morceaux s'achève en beauté : les lignes de chant clair/crié s'unissent accompagnées de puissantes orchestrations pour un feu d'artifice final.

Ce premier album est au diapason de ce que l'on pourrait attendre d'un groupe de rock alternatif. Même si encore au stade adolescent, le groupe semble être sur une bonne voix. L'aspect rustre qui les caractérise ici va s'affiner et s'arrondir avec le temps, avec des compositions plus recherchées qui ne négligerons pas non plus les passages bien énervés. D'ailleurs, c'est avec leur second album « In Love And Death » que les gars d'Orem se feront réellement connaître.