Deux longues années se sont écoulées depuis les derniers succès des hommes au travail... A une époque où la mode dure quelques semaines, c'est long, très long, et malgré les semi-remorques de Businness as Usual et Cargo vendus, les djeuns’ de 1985 ont presque totalement oublié les kangourous rigolos de MEN AT WORK. D'ailleurs, ce n'est pas l'extase au sein du groupe : Colin Hay se sent pousser des ailes de manager général et expédie le bassiste et le batteur voir ailleurs s'il y est... Les sessions d'enregistrement débutent et c'est Strykert le guitariste qui claque la porte... ne reste que le chanteur à la coupe rose fluo et le clavier Ham aux commandes. Du coup, on va partir un peu dans tous les sens, les gars sentant bien que le vent va leur faire défaut pour la suite de leur carrière.

Quatre singles vont être tirés de cet album. On débute par le plus connu « Everything I Need », qui n'aura pas une destinée fabuleuse au sein des Billboards, mais la chanson est agréable, sans en faire des tonnes, le ton est plus pop, mais on reconnaît immédiatement le timbre de voix si particulier de Colin Hay. Le suivant s'intitule « Maria » et tout le monde a oublié son existence, il est pourtant bien sympa, avec l'utilisation d'un sitar et une bonne grosse basse à la « Beds Are Burning », c'est que « we are from down under » et ça s'entend ! Une petite intonation exotique qui parle aux oreilles ! Le titre de la cuvée ! Sur « Hard Luck Story » on replonge quelque peu dans les gimmicks de la new wave des années 80, même si le ton un peu sombre de la composition ne séduira pas les foules le titre est pas mal du tout. Enfin, « Man With Two Hearts » aux relents d’« Overkill », qui finit d'enterrer les velléités carriéristes du groupe, fait un petit flop, comme dans le plongeon de la pochette, très australien et réussi, peu d’éclaboussures, peu de bruit... « Sail to You » est aussi noté comme étant sorti en single et c’est une cata sans saveur ni originalité...

Nous pouvons évoquer les trois titres de la contribution de Ham, sur lesquels le clavier chante. Bien : « Giving up » est indigente ; « Still life » rappellera les Norvégiens d’A-HA tant au niveau des harmonies que de la mélodie, mais ça s’arrête là, le morceau est sympa sans plus. Le sax de « Stay at Home » me fait penser à du LEVEL 42 et mérite plus de considération, même si les sons sont en papier-mâché et que Mark King, finalement, n’est pas à la basse. On en finit avec les synthés joyeux et le ton dance de « Snakes and Ladder » que j’aurais mis personnellement en single numéro un. Voilà la chanson qui aurait pu changer le destin du groupe, seulement ni Colin Hay, ni les patrons de Columbia n’y ont cru et on se retrouve avec un groupe culte sur les bras...

Car la carrière des Aussies va s’arrêter sur cette fausse note : Two Hearts va très mal se vendre et expédier l’hypothétique futur en très longue retraite. Exemple typique de ce que furent les années 80 et la new-wave, beaucoup de superficialité mais une qualité réelle. Les MEN AT WORK laissent cependant une trace indélébile dans l’histoire de la musique populaire en ayant joué les épouvantails pendant deux ans au sommet des charts. « Down Under » reste l’un des grands hymnes symboliques de l’Australie, qu’ils joueront en clôture des JO de Sydney en 2000.