AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Quelques fois, ça arrive ! Voilà une série partie de pas grand-chose, prévue pour la petite chaîne History sur le cable, qui d'un coup se met à faire un flambard digne des chevauchées d'Odin face aux géants des glaces. Ce succès inespéré doit beaucoup aux paysages de la Scandinavie comme aux picaresques exploits des mythologiques guerriers vikings, mais il ne faut pas oublier la musique, partie prenante de cette flamboyante réussite. Trevor MORRIS? jeune compositeur canadien, a fait ses armes dans les équipes de Hans ZIMMER, le nirvana de la musique de films. Il était finalement drôlement bien placé pour créer la B.O de Vikings. Ceci est le tome II de leurs aventures. On assumera aussi la contribution du groupe WARDRUNNA, non crédité mais incontournable.

Premier constat, c'est lourd, ambient et élémental. Cela n'est guère surprenant lorsqu'on visionne les épisodes de la série : on rame sur des drakkars dans des fjords ou en haute mer ; on chasse dans les forêts boréales ; on guerroie sur des plaines gelées. La nature est omniprésente. Aussi le pari est-il de rassembler les sons les plus telluriques qui soient pour donner à la B.O toute sa substance.

L'introductif "War is Coming" est l'exemple typique de cette B.O : beaucoup de sons élémentaires, une respiration chaotique, l'ambient se concentre sur la souffrance et l'attente. On croit ensuite entendre la fracture terrestre sur "King Ragnar". Certes, c'est statique, mais l'ambiance nourrit les images à merveille.

L'épisode de l'attaque de Kattegat est le point central de cette B.O durant laquelle l'action et la souffrance priment. "Batttle For Kattegat" respire donc la mort et le brouillard du fjord. Les instruments traditionnels s'y mettent comme autant de rythmiques dignes du Black metal en mode triton, les violoncelles crachent le feu, les violons matraquent. Les choeurs de WARDRUNNA y sont judicieux et forts belliqueux. La scène donne lieu à des séquences angoissantes et souvent violentes. Violence souvent sourde, à peine contenue par la force tellurique des sons de "Holrik's Forces Attack" que les connaisseurs rapprocheront de BATHORY époque "Hammerheart', à base de rythmiques de cordes et de guitares, et de sons stridents.

Quelques titres sont même plus orchestraux, plus directs. Ainsi, sur "Battle of brothers", on note les inclinaisons évidentes vers des éléments de folk pagan, avec une rythmique en mode metal de belle tenue. Les percussions de "Vikings Attacked" sont censées démontrer la puissance des coups des guerriers et l'imminence de la violence. La guitare s'y entend à merveille, surnageant au milieu des rythmiques d'instrument à cordes. On retient le violon frustre de "Erlendur Shown Sword of Kings". Encore ces chevauchées lourdes sur "Athelwulf is Ambushed".

Cela dit, comme nous sommes dans une B.O, l'ambient règne en maître. Parfois, des nappes de synthés pesantes assez réussies comme celles de "Horik Watches Game" dominent, mais aussi celles de "Vikings Return Home", "Ragnar Reunites With Family", "Ragnar Meets Ingstadt". Tout ceci est fort ambient et 'neutre' comme sur "Porunn Metaphorical Swim". Les séparations donnent toujours cours à des mélodies tristes dans "Ragnar Says Goodbye" où le violon fruste accompagne les synthés dans l'éther. On n'entend les cornes Vikings que sur "Vikings Mourn Their Dead", dommage.

Le hic de ce genre de B.O, c'est qu'elles sont indissociables du produit final, donc du visionnage de la série. Ecouter ainsi 1 heure et quart de zique risque fort de vous plonger dans une transe traumatique et peu recommandable. C'est très bien fichu, excessivement bien travaillé, mais pas réellement autonome. Je conseille donc le visionnage de la série nanti d'un équipement sympa pour vous plonger à donf dans le coeur des Vikings. Ça le fait grave !