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RVB-TRANSFERT - Images De La Scène Indépendante Française 1979-1991 (2006)
Par NOSFERATU le 9 Février 2015          Consultée 2117 fois

Les « eighties » ont vu émerger différents groupes aux identités singulières en France sur les traces de la new wave anglaise et américaine avec des variantes (pop noisy, cold, goth, indus…). Ce DVD datant de 2006 à une période où l’on redécouvre les trésors archéologiques de la musique du Diable, présente par ordre alphabétique ces bandes de créatures généralement funèbres d’une indépendance artistique totale entre 1979 (le suaire du punk) et 1992 (l’explosion du grunge). Il rappelle ainsi une histoire très underground longtemps oubliée... Ce qui ressort nettement dans ces vidéos (qui vont d’œuvres de vidéastes aux clips vidéos en passant par des scènes de concert filmées), c’est le coté indéniablement « arty » caractérisant ces formations intéressées par les avant-gardes du siècle dernier.

CLAIR OBSCUR, un peu caricatural, est ainsi capturé durant un set de 83 dans une école des beaux arts. La vidéo de GEINT NUIT (avec un Mussolini au nez rouge) renvoie aux délires futuristes d’un Marinetti, au constructivisme russe, aux collages post situationnistes ( avec des slogans du genre « Mort à la monotonie ») et aux « cut ups » burroughsiens. Celle de LA NOMENKLATUR (dont le titre est marqué par des stridences industrielles) est zébrée de passages « warholesques ».

Une figure qui faisait le lien à l’époque entre les recherches artistiques et ces combos « noirs de noirs » est d’ailleurs ici incarnée par l’écrivain post situ Ossang avec la présence de son fascinant MKB FRACTION PROVISOIRE jouant un instrumental « killingjokien ». Souvent les films ont une couleur dominante, le bleu pour le groupe NEVA, les membres d’OPERA MULTI STEEL optant, eux, pour le jaune et ceux du SYNDICAT pour le rouge.
Beaucoup jouent sur le délire total. Ainsi, les excellents ACHWGHCE NAY WODEI (Quel nom !) sont ainsi masqués et annonçent les déviances barges de DOUBLE NELSON. Dans le court de BERNARD SCALNER, on rit en voyant une sorte de Picsou sodomiser un Mickey.

Le cinglé COSTES (dont les shows étaient à une époque comparables aux terrifiants chahuts « Pipi caca » d’un GG ALLIN) apparait pourtant plutôt soft sur l’ultra mysogyne « Belle et cruelle ». L’aberration n’est pas loin avec les DEFICIT DES ANNEES ANTERIEURES et leurs poses maoistes de l’apocalypse ! Avec KNI CRIK, on rentre en pleine cérémonie chamanique truffée d’effets comiques. Un étage d’un immeuble dans le clip des très « chromesques » lefdup&lefdup se détache et part dans le ciel ! PTOSE a décidé d’écraser la vermine avec des attitudes rigolotes de men in black et de momies. X RAY POP atteint le ridicule avec son espèce de décor paradisiaque et sa très datée synth pop .

On s’étonnera, par contre, des krafwerkiens NINI RAVIOLETTE avec leur pop très minimaliste, la présence de la chanteuse sussurrant « Suis je normale ?» (Euh… Non désolé !), et des plans obsessionnels sur des touches de piano. Le film des étranges NEW MIXAGE parodie ouvertement ce qu’ils appellent la quincaillerie pseudo rock d’une grande partie des clips des années 80. Mais la palme de la dinguerie revient aux ahurissants clowns de LUCRATE MILK, fer de lance du post punk de cette scène, avec un mèdecin fou, des effets gores et des photos de monstres humains. Derrière leur look austère (mis à part les derniers), tous ces gens avaient paradoxalement de l’humour…

Cependant, on jettera surtout notre dévolu sur les groupuscules industriels : ART AND TECHNIQUE suit les traces de THROBBING GRISTLE. Pourtant, on aperçoit ces métallurgistes dans leur camionnette et en concert (comme un vulgaire groupe de bar!) ce qui accroit le décalage complet entre les images et la musique. Le chanteur d’IN AETERNAM VALE chuchote et hurle sur scène à la manière d’un ALAN VEGA. Derrière, les synthés répétitifs renvoient à l’EBM d’un DAF. La formation la plus extrémiste est certainement MINIMATA (bruitisme à la MERZBOW, visage hurlant de douleur se confondant avec une image bleue agressive). PACIFIC 231 fait dans le dark ambient (avec des plans d’images identiques comme un micro revenant plusieurs fois). Les meilleurs sont les musiciens no wave (oxymore ?) de NOX apparaissant torses nus la plupart, dans une veine tribale axée SWANS/TEST DEPT.

Il y avait ensuite ceux qui s’inspiraient des climats néo psychédéliques au niveau purement musical comme sur un plan plus visuel. C’est le cas avec la noisy pop d’ASYLUM PARTY, dont la vidéo joue entre les contrastes du noir et blanc et de la couleur, des connotations orientalisantes de DAZIBAO, de LITTLE NEMO (sur le chemin des PSYCHEDELIC FURS) oscillant entre rêve et cauchemar, de MARY GOES ROUND très « shoegazze » avec des images de poissons, de fleurs et de soleil (hippie donc !). Cette humeur ressort également avec le « swamp rock » de PASSION FODDER et son dessin animé où diverses choses abstraites et figures fusionnent allègrement.

Enfin il y a les stars de cette mouvance… Le plus ancien groupe, MARQUIS DE SADE rappelle le coté sévère de ce qu’on appelait « les jeunes gens modernes », autant par leurs dégaines de fonctionnaires du IIIème Reich que par leur rigide cold wave. Le clip le plus célèbre est celui de « Priscilla », en noir et blanc avec des vestales en bas résilles qui feraient frémir l’ami Erwin, des excellents JAD WIO, maitres du « glitter goth garage » d’ici. Un véritable hymne en 89…

Les poussifs ROSA CRUX jouent évidemment dans une église leur « pagan goth » qui a terriblement vieilli. Dans ce registre, COLLECTION D’ARNELL ANDREA s’en sort mieux choisissant un live hypnotique. Ancètre de « l’electro clash », le très bon duo KAS PRODUCT joue son hit « Never come back » dans une sorte d’usine désaffectée, à noter les gros plans de MONA SOYOC la chanteuse qui ferait une nouvelle fois transpirer Erwin… La vidéo des TETINES NOIRES montre bien que la France tenait là ses VIRGIN PRUNES… Vraiment des cinglés, les images parlent d’elles mêmes, j’aurai d'ailleurs pu les ranger dans la catégorie citée plus haut. On reste impressionné également par un extrait d’un show dantesque des sombrissimes NORMA LOY à l’Elysée Montmartre en 89 dont le jeu reptilien du chanteur est totalement en adéquation avec un titre qui monte en crescendo.

Manquent malheureusement à l’appel des formations comme GUERRE FROIDE, ORCHESTRE ROUGE, NOIR DESIR ou TREPONEM PAL qui auraient pu y être sans problème. En conclusion, ce DVD montre toute la richesse de cette scène française indépendante, peut être un poil inégale, mais dont l’esthètique, plus de 25 ans après, s’avère être toujours très aventurière, même actuellement…

Destiné donc aux adeptes d’obscurs frissons auditifs et oculaires.

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