Une belle pochette, un poil fantasmagorique. Et de la lumière, des couleurs, tout l'inverse de celle du précédent album, paru il y a déjà quatre ans. Les ELDERS laissent entrer le soleil sur ce nouvel album éclatant et empli d'une vigueur toute printanière. Même si le poil est grisonnant, le groupe américain est toujours bon pied bon œil, et après avoir délaissé quelques peu ses influences celtiques sur ses réalisations récentes, le voici qui revient à ses premières amours par le biais d'un Story Road fort séduisant.

Le violon n'est pas étranger à ce retour en grâce des sonorités celtiques. Celui-ci se fait virtuose, et se pose en artisan principal des compositions guillerettes, sautillantes ou plus calmes qui émaillent l'opus. Constitué uniquement de compositions originales, Story Road se voit agrémenté de trois titres instrumentaux, qui démontrent tout le savoir-faire du groupe en la matière. Le premier d'entre eux, "Road to Ruins", étale ses sonorités acoustiques sur près de 6 minutes, et voit flûte et violon se mêler sur des mélodies entraînantes. La musique des ELDERS virevolte, et provoque une irrépressible envie d'entrer dans la danse. Le violon, encore lui, se fait irrésistible sur les deux autres instrumentaux que sont "Happy feet" et "Hangover hill". Si le groupe est américain, sa musique évoque les paysages burinés d'une Irlande battue par les vents, marquée par les embruns. Un voyage délicieux.

La force des ELDERS réside également dans la capacité du groupe à proposer des titres folk-rock immédiatement appréciables, à l'image de l'introductif "Meeting of the waters", énergique et rythmé. Le groupe aime à raconter des histoires et n'hésite pas à se mettre à nu sur "Even the great ones fall", dédié à l'ancien batteur du groupe Levon Helm, malheureusement décédé. Ce mid-tempo voit violon et mandoline construire une ambiance délicate et rurale, portée par une mélodie imparable. Sur "The miners", le groupe narre le tragique accident minier survenu à Butte, en 1917, et qui coûta la vie à 168 travailleurs. L'ensemble n'est pas transcendant, mais se voit fort bien construit et interprété. Si l'on aura une préférence pour les ballades, gonflées d'âmes et de splendides mélodies ("Lost my heaven", "Fisherman", qui rappelle Great Big Sea), ces pub-songs que sont "Naughty Bridget" ou "Torchy Doyle" constituent également de très bons moments.

Pas véritablement bluffant, ce nouvel album des ELDERS est néanmoins très satisfaisant. S'il s'adresse essentiellement aux amateurs de convaincus du style, Story Road est une belle pierre de plus dans la maison folk celtique qui bénéficie grandement du savoir-faire et du talent du groupe américain. Pour les mordus exigeants.