« Le seigneur Jésus, après nous avoir parlé, s'est assis à la droite de Dieu ».
Marc 16, 15-19

A la droite des Pogues se trouvent les FLOGGING MOLLY. Assis confortablement, sur un fauteuil inamovible, convoité par les Dropkick Murphys. Swagger constitue son Testament. Car tout comme les racines de l'arbre donnent naissance à une myriade de ramifications, cet album est à prendre comme un élément fondateur, participant de près au « celtic-revival » des années 2000. C'est en partie grâce à cette collection de titres punk-celtique qu'une multitude de groupes sur les 5 continents se formèrent et s'évertuent depuis à porter haut l'étendard d'un genre qui, bien que musicalement limité, ne s'est jamais aussi bien porté.

Ce premier témoignage studio des FLOGGING MOLLY se fait pourtant attendre, puisqu'il fait surface après un album live qui restera pendant trois ans l'unique carte de visite du groupe américain. Prendre son temps, pour mieux convaincre. Car cet album rassemble tous les ingrédients nécessaires pour le transformer en bible, en un ouvrage péremptoire qui fait encore aujourd'hui autorité dans le giron du punk « à l'irlandaise ». En dépoussiérant les Pogues, et en ne reniant pas ses approximations (elles participent au charme de l'ensemble), le groupe propose avec Swagger un opus qui marquera de fer rouge l'ensemble de la scène. Et sans se la péter, comme le suggère pourtant le titre de l'album, tiré d'un mot d'argot américain.

Swagger se veut révolutionnaire (à son échelle) puisqu'il mêle respect de la tradition et des ambiances façon « bar enfumé » des pères fondateurs avec une modernité de l'approche musicale et une énergie décoiffante, vous prenant à la gorge pour ne vous relâcher qu'après une heure de musique. Forcément, puisqu'il est doté d'une portée historique, cet album contient son lot de classiques, de morceaux-étalon qui serviront de modèle à un nombre incalculable de suiveurs. Prenez « Selfish man » : Une rythmique endiablée, une guitare électrique virevoltante, et une bataille d'anthologie entre un violon, un accordéon et la voix de Dave King, dont les textes finement ciselés et conscientisés fusent comme une pinte de Guinness sur un comptoir de pub. L'histoire est en marche. La balance entre section électrique et instruments traditionnels n'est pas encore irréprochable, mais l'énergie brute suffit à irradier de plaisir les esgourdes de l'auditeur. Rajoutez un deuxième classique avec « The Worst day since yesterday », dont les accents country-folk furent popularisés par sa présence sur la BO du film « Mr and Mrs Smith ». Ce n'est que le début d'une longue liste : l'enragé « Every dog has its day », « The Ol' Beggars Bush » et sa flûte irlandaise, « Black Friday Rule » et ses 7 minutes de bonheur intense, entre punk rugueux et envolées guitaristiques, « These exiled years » et son ambiance de fin de soirée. Sous couvert de grivoiserie, Dave King parle de politique, de société et de déplacement des populations. Une tête bien faite et bien pleine donc, qui participe grandement à la réussite totale de cet album.

Swagger n'est pas un album de punk celtique, il est le punk celtique des années 2000, l'album qui donnera le ton à toute une mouvance mêlant avec bonheur outils modernes et respect des influences. L'album à se procurer en premier si vous souhaitez découvrir ce style musical.