AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Dans ce monde trop bien réglementé, n'est-il pas agréable de temps en temps de plonger dans un bain superficiel ? Attention, camarades, nous n'évoquons pas ici n'importe quel genre de superficialité. Voyez plutôt le patronyme ici présenté : William SHAKESPEARE, soit le plus grand auteur de langue anglaise ayant jamais foulé le sol de la prude Albion. Il est ici associé au réalisateur écossais Kenneth BRANNAGH pour sa plus grande gloire. Voila une des comédies légères les plus réussies de l'auteur anglais :"Much ado about nothing" que l'on traduira par "Beaucoup de bruit pour rien". Tout n'y est que plaisir, volupté et constante admiration pour l'élégance et le raffinement. Donc vils lourdauds, passez ci devant votre chemin... Ici c'est le règne du romantisme et de l'amour avant tout. Patrick DOYLE, éminent musicien spécialiste de musique baroque et principal collaborateur de Kenneth s'impose ici avec grande classe. N'attendez pas de nous la moindre critique négative sur la pièce du grand Bill, mais les tirades fabuleuses ne seront hélas pas de la partie, puisque nous devons nous concentrer sur la musique... Pity !

Patrick DOYLE, donc, est finalement le personnage central de cette chronique. Pas super connu, vous allez voir qu'il fait pourtant preuve d'un talent certain. C'est une BO qui dépeint des rapports amoureux lors de la fin 16ème siècle. Les nombreuses compositions présentes ici sont le fruit de deux chansons réunies autour d'un thème principal ainsi que de nombreuses variations. Le thème central apparaît majestueusement sur l'"Overture", une mélodie gaie et épique, certes simples mais d'une belle efficacité, et que l'on retient facilement.

Mais ne tardons plus pour attaquer la pièce de choix. IL s'agit de la merveilleuse chanson "Sigh no more". Vous trouverez une version "parlée" par Emma THOMPSON de la plus gracieuse des manières, son accent étant une véritable corne d'abondance de sentiments. Mais la classique de cette pièce est incontestablement celle où l'on retrouve Mr DOYLE himself au chant. Là, c'est douceur, quiétude et charme suranné au programme. Nous conseillons d'ailleurs vivement à tous les guitaristes d'appendre cette mélodie. Vous en tirerez certains avantages en nature non négligeables. Une chanson féminine, qui narre l'état d'esprit tolérant et patient que doit garder toute gentlewoman face aux diverses frasques et inaptitudes de son gentleman. Nous retrouvons diverses variations de ce thème charmant, sur "The gulling of Benedikt", "Contempt farewell" ou encore la conclusion de "Strike up pipers" pour citer les plus réussies.

La seconde grande partie de cette BO concerne la quasi liturgique "Pardon, Goddess of the night", plus tournée vers les sentiments masculins cette fois. On y retrouve Patrick DOYLE au chant après le choeur des hommes. Aussi belle que "Sigh no more", elle lui ressemble sans la plagier le moins du monde, et les deux mélodies se complètent avec beaucoup d’esthétisme. On en trouve à nouveau plusieurs variations, notamment sur les belles "You have killed a sweet lady", puis "Benedikt the married man". Les paroles évoquent le pardon demandé par les jouvenceaux suite aux injustices subies par leur bien aimée... Il nous reste à souligner la gaieté celtique du thème de "The masked ball", ainsi que la jolie mélodie de "Die to live" et nous aurons fait le tour de cette charmante BO.

La musique de grande qualité sur "Much ado about nothing" est ici véritablement indissociable de l'image. Nous conseillons donc vivement sa découverte via le visionnage du superbe film crée pour l'occasion par Kenneth BRANNAGH. Un bien bel instant de douceur, dans l'écrin d'une Italie verte et nourricière.