La légion étrangère est le corps d’élite de l’armée française. Cette unité spécifique qui fonctionne en quasi autarcie est célèbre pour son esprit de corps. Les hommes sans nom sont donc bien placés pour célébrer cet état d'esprit dans les chants qui évoquent sa gloire. "Honneur et patrie" étant leur devise, ceci annonce un programme au parti pris évident ! Suite à la seconde guerre mondiale, de nombreux allemands vont s’engager dans la légion, afin de débuter une seconde vie et pour échapper qui au goulag, qui au jugement sans appel, ceci explique la profusion des chants allemands que nous allons trouver dans cet opus.

Et à tout seigneur tout honneur, je n’attendrai pas pour braver les interdits: l’hymne de la légion est bien aujourd’hui non pas le traditionnel et sympathique "Boudin" qui accompagne les défilés sur les Champs Elysées du 14 Juillet, mais bien "la légion marche". Je vous encourage dès maintenant à son écoute, sans a priori, les paroles narrent les faits d’armes et l’esprit de camaraderie, rien de bien grave; la mélodie est magnifique, les refrains légendaires "Nous sommes les hommes des troupes d‘assaut, soldats de la vieille légion". Et c'est ici que débute la controverse, car à l'origine, ce chant était celui de la division SS Charlemagne - exclusivement composée de français donc - et s’appelait en 43-45 "le chant du diable", les paroles n‘étaient alors pas les même… On en tirera les conclusions qui s’imposent. Cet épisode de l’histoire de France demeure une blessure, et provoque toujours autant de joutes pour les historiens. Il n'empêche qu'il est aujourd'hui le chant du 2eme Régiment Etranger de Parachutiste, soit le fer de lance de l’armée française.

Il y a cependant d’autres classiques "Képi blanc" était auparavant "Panzerlied" - on se souviendra du film La bataille des Ardennes -, une vraie merveille. "J’avais un camarade" glorification des thèmes d’amitié virile pendant le combat, et témoin des disparitions au combat, narre les destins tragiques qui parsèment les guerres et est l’hymne de la camaraderie. Les "heili heilo" sur "Anne-Marie", puis "Scharze rosie" chantée dans la langue de GOETHE complètent à merveille cet instantané de la culture germanique dans l’armée française. Une tradition, rien de plus, qu’il convient de visualiser comme les premières tentatives de rapprochement Franco-Allemandes dès 45.

"Les cailloux", "La lune est claire" ou "Soldats de la légion étrangèr" racontent les faits d’armes et le quotidien dont les légionnaires se sont fait les spécialistes. "Jeune chefs" stigmatise la jeunesse des combattants, qui sont prêts à donner leur vie pour la patrie. La guerre est absurde certes, mais n’oublions pas que l’histoire de France, ponctuée de tant de hauts faits est l’histoire d’une nation guerrière. Une armée sans femme, puisque seule l’héroïque britannique Susan TRAVERS eut droit à un matricule dans lé légion. La guerre est le domaine des hommes; et on ne le comprend nulle part mieux qu’ici, au milieu des hommes sans noms. Ces chants glorifient cet état d’esprit. Il n’en demeure pas moins que les sentiments envers les femmes sont toujours aussi présents, ainsi "Eugénie" est une superbe réussite et "Frédéri" est à nouveau là.

Bien évidemment, ce recueil de chant doit se vivre avant tout comme une contribution à la musique populaire. Il reste cependant indissociable du contexte dans lequel il s’est développé. A ce titre, il est bien sur sujet à controverse.